Scrappers

TERRIL EN FEU: LA SOLUTION DU DÉPARTEMENT (octobre-novembre 1993)

Réunion publique à la salle des Fêtes de Ronchamp le 21 octobre 1993

Le terril de Ronchamp enflamme les passions.« Une réunion publique s'est tenue à Ronchamp. La population et les élus souhaitent une action urgente. « Faudra-t-il employer la manière forte en déversant, à la manière des agriculteurs, quelques camions de crassier en combustion à la préfecture pour se faire entendre ?... » Les gens, tant dans la cité ronchampoise qu'à Champagney en ont assez de respirer les odeurs émanant du terril en combustion depuis plusieurs mois, près de l'ancienne usine Maglum. Ils l'ont fait savoir lors d'une réunion qui a attiré deux-cent-cinquante personnes environ, jeudi soir, à la salle des fêtes de Ronchamp. Assistaient aux débats ; le maire et ses adjoints, Hubert Guerrin, conseiller général, le corps médical, François Devaux, représentant la commission nationale de la protection des eaux, un représentant de Haute-Saône Nature, ainsi que les animateurs de Vosges Saônoises Vivantes, à l'origine de cette réunion... Bien que les travaux d'élargissement du pare-feu soient en cours, son efficacité reste à prouver, estime Mme Szczodrowski. Il existe pourtant des méthodes pour éteindre ce genre d'incendie jugées trop onéreuses par le propriétaire. La population souhaite que le foyer central soit éteint ; il est imprudent d'attendre, d'autant plus qu'il existe des moyens matériels et juridiques pour cela. Pour François Devaux, « la responsabilité de l'État, tout comme celle du propriétaire est indéniable, le premier pour avoir autorisé à l'époque ces décharges toxiques sur le terril ». Le docteur Aubert apporta quelques informations d'ordre médical. Aucun cas pathologique n'a été constaté, mais il convient de rester vigilant. Les prélèvements effectués sont aqueux, reste à connaitre les résultats des analyses à la charge de M. Vialis. Madeleine Szczodrowski sera accompagnée par de nombreuses personnes à Vesoul pour déposer à la préfecture la pétition en cours».(Est Républicain-26/10/1993)

Délégation en préfecture le 26 octobre

«Les quatre-vingt personnes qui ont attendu deux heures devant la préfecture de Haute-Saône étaient déçues hier soir. Déçues et transies. En effet la délégation d'habitants de Ronchamp, d'élus et de représentants d'associations est ressortie peu avant 20 h d'une réunion avec le préfet sans avoir obtenu le déclenchement d'un plan ORSEC. Ce collectif n'entrevoyait en effet que cette solution pour arrêter l'incendie du terril et les éventuelles émanations de produits toxiques. II y a confirmation aujourd'hui que des produits toxiques ont été déversés durant plusieurs années dans le terril. Le danger que leur combustion représente n'est encore pas évalué. Restait deux points à résoudre dans ce doute. D'une part l'arrêt urgent de la progression du feu dans le terril. D'autre part l'extinction totale de l'incendie. Selon les responsables de Vosges-Saônoises vivantes (VSV), le préfet a annoncé l'intervention rapide des engins de terrassement qui œuvrent actuellement sur le tracé de la future RN 19 à Frotey-les-Lure. Le département de Haute-Saône entre alors en jeu puisqu'il est maître d'œuvre de ces travaux routiers. «Le préfet nous a ensuite promis qu'il s'engagerait à explorer la possibilité d'éteindre le foyer existant », ajoute Madeleine Szczodrowski, la présidente de VSV. L'association animera une nouvelle réunion publique ce soir à 20 h à Ronchamp pour rendre compte de cette entrevue. «Elle aura tout de même servi à sensibiliser l'administration », concluent ses représentants».(Le Pays - G. Blaise).

«Le sous-préfet de Lure, M. Jacques Michaut, fera le point aujourd'hui. On devrait en connaitre un peu plus sur la composition chimique du crassier en feu. Hier soir le collectif ronchampois en croisade contre le terril en feu de l'ex-Maglum à Ronchamp a rencontré le préfet Paul Roncière pour lui faire part de ses doléances et lui remettre une pétition de 1500 signatures enregistrées entre Ronchamp et Champagney. Dans un premier temps les membres de cette délégation ont exposé leurs inquiétudes à propos de leur santé et des conséquences des émanations de gaz provenant du terril en feu. Ensuite ils ont demandé aux pouvoirs publics de tout mettre en œuvre pour que le foyer soit éteint le plus rapidement possible. De son côté la commission de protection des eaux a envoyé un courrier au ministre de l'Environnement, M. Michel Barnier, et au ministre de l'Intérieur, M. Charles Pasqua. La commission demande purement et simplement qu'avant « qu'il ne soit trop tard soit déclenché le plan Orsec, que soit déclenchée une expertise d'urgence pour déterminer la meilleure procédure pour éteindre le sinistre par des spécialistes expérimentés dans le domaine des feux de terrils et de déchets industriels à risques ». Car la crainte de la commission demeure l'extension du sinistre «à une masse de déchets toxiques enfouis dans le terril ». Pour étayer sa thèse la commission s'appuie « sur les troubles respiratoires dans les populations environnantes (charbon chargé de soufre, émanation de déchets industriels enterrés dans le terril) sans pour autant en préciser la teneur ».(Le Pays - G. Blaise)

«Comme il en a l'habitude, en cas de crise, le maire de Champagney, Gérard Poivey, a profité du dernier conseil municipal pour livrer « son émotion ». Et du même coup annoncer la préparation d'une motion de soutien à l'action de son voisin le maire de Ronchamp, M. Jean-Marie Maire. Une première dans le genre. Face « aux énormes problèmes que rencontre M. Maire pour traiter ce sujet », le maire de Champagney estime que la solitude n'est pas le meilleur moyen d'opérer dans une telle situation. Tout d'abord il rappelle que « c'est en mai que le sinistre s'est déclaré » et que « ce n'est qu'aujourd'hui qu'on commence à s'émouvoir ». La pétition aux 1000, 1300 ou 1500 signatures – difficile d'avoir la confirmation écrite – M. Poivey l'aurait « volontiers signée mais, souligne-t-il, personne n'est venu me la proposer ». C'est pourquoi il n'hésite pas à parler d'ostracisme à propos de certains responsables d'associations. Et de conclure qu'il « ne faut pas taire d'ostracisme quand on veut être crédible ». D'où son intention de soutenir le maire de Ronchamp, d'autant qu'il n'a « été avisé de la réunion publique de jeudi que le matin même ». Reste que Champagney est tout aussi concernée que Ronchamp dans la mesure où le nuage sulfuré stagne surtout au-dessus d'Eboulet, quartier de Champagney. La crainte généralisée de la vallée du Rahin est de voir le terril se consumer pendant quarante ans, comme celui de l'ancienne centrale électrique. On devrait en connaitre un peu plus ce soir puisque le sous-préfet de Lure, Jacques Michaut, présentera aux responsables d'associations écologiques, aux élus et aux responsables d'administrations, le résultat des premières analyses chimiques effectuées sur le site du terril». (Le Pays - G. Blaise)

Le 21 juin, le Maire, Jean-Marie Maire envoie un courrier pour mettre en demeure le propriétaire du terril, M. Vialis, d'éteindre ce feu. Début aout, la presse commence à parler, bien timidement, de mauvaises odeurs qui envahissent l'atmosphère ronchampoise : « Depuis plusieurs jours (voire plusieurs semaines), de très mauvaises odeurs se répandent dans l'atmosphère ronchampoise, odeurs provenant de l'ancienne usine Maglum. Plusieurs Ronchampois ont contacté l'association de l'environnement APEVAR (Association de Protection de l'Environnement de la Vallée du Rahin) afin d'intervenir. Les responsables de l'APEVAR ont été sur place vendredi soir, vers 20h 30. Ils ont constaté l'émanation de fumée (ou gaz) provenant du sol et ayant une sale odeur de souffre. Le bas-côté d'un terrain fraichement recouvert laisse apparaitre des arbres brulés, une végétation détruite et une sortie du sol de fumée risquant d'être toxique. Renseignements pris, la municipalité ronchampoise est au courant de ce problème. L'APEVAR a adressé un courrier en préfecture de la Haute-Saône et s'apprête à faire analyser les fumées.»

La solution du département (28/10/1993)

« Arrêter la progression du feu est possible en dépêchant des engins de terrassement qui travaillent au tracé de la future RN 19 à Lyoffans. Mais l'éteindre est une autre affaire. Les rebondissements sont nombreux et quotidiens dans ce que l'on peut désormais appeler « l'affaire du terril de Ronchamp ». Et si la santé publique, au dire des pouvoirs publics n'est pas en jeu, l'ordre public lui, n'est pas loin d'y être. Les habitants de Ronchamp étaient en effet déterminés, mardi soir, aux portes de la préfecture de Vesoul en réclamant un peu d'air pur. Ils protestent aussi contre « les tergiversations, les lenteurs et les inconséquences de toute nature », selon les termes de Vosges-Saônoises vivantes (VSV), qui ont conduit à cette situation. Sont visés, le propriétaire du site M. Vialis, l'administration ainsi que la municipalité de Ronchamp. En témoigne la lettre ouverte de l'association Vosges-Saônoises vivantes remise au préfet mardi soir : « Depuis cinq mois, rien de sérieux n'a été tenté pour éteindre le foyer qui se propage depuis quelques jours de façon alarmante. Le feu gagne tout le terril et risque de l'embraser pour des années; il peut également atteindre les déchets de polymères, provoquant une catastrophe écologique de grande ampleur ». (Est Républicain-Didier FOHR-28/10/93)

Les premières analyses. « Mardi soir encore, parmi les quatre-vingt personnes présentes à la manifestation de Vesoul, un ancien salarié de la Maglum, l'ancienne usine de traitement de surface implantée près du terril, a décidé de parler. Il aurait évoqué la présence d'un tuyau enfoui qui a déversé durant quatre années « en continu dans le terril les résidus de bains électrolytiques employés dans cette industrie. Et les noms des substances employées ne sont pas de nature à calmer les esprits. Mais certaines questions restent toujours en suspens. Les fumées qui se dégagent du terril sont-elles toxiques ou non ? La couche d'objets en polymère enfouis est-elle atteinte ? Une réponse partielle a été apportée hier en fin de journée par les pouvoirs publics ». (Est Républicain-Didier FOHR-28/10/93)

Arrêter la propagation dès mardi.« Le préfet Paul Roncière a en tout cas proposé une solution pour stopper l'extension de feu. Solution qui lui a été inspirée par la direction de l'aménagement et des transports du département, autrement dit le conseil général. Maitre d'œuvre des travaux de la future RN 19, celui-ci propose en effet de transférer à Ronchamp à compter de mardi prochain les énormes engins articulés qui travaillent au terrassement à Lyoffans. Ainsi une vaste tranchée pare-feu pourrait être réalisée de façon à stopper la propagation de l'incendie à l'ensemble du terril. Cette méthode suppose l'extraction d'une grande quantité de schiste qui pourrait servir de remblais pour les travaux routiers. Encore faut-il que les terrains d'accueil soient compatibles et peu perméables. Les pouvoirs publics ont vraisemblablement donné leur aval. Reste la négociation à intervenir avec le propriétaire du site à qui le terril appartient aussi. Cela dit le plan d'attaque circonscrira le feu mais ne l'éteindra pas. D'où l'insatisfaction des associations et des habitants qui souhaitent ne plus respirer cette fumée sinon dangereuse, au moins très désagréable.(Est Républicain-Didier FOHR-28/10/93)

Terril en feu à Ronchamp : pas de risque immédiat pour la population mais… « Le dossier du terril en feu s'épaissit de jour en jour sur le bureau du sous-préfet de Lure, Jacques Michaut. C'est lui qui a en charge la coordination des services de l'État sur cette affaire. C'est à ce titre qu'il a animé hier jusqu'en début de soirée une troisième réunion avec les administrations concernées, les associations de protection de la nature et les représentants des habitants. Elle avait pour but de présenter les premiers résultats d'analyses effectuées par la DDASS et les services d'incendie et de secours. L'analyse des eaux de ruissellement sur le terril prélevées le 18 octobre a montré que la proportion d'effluents industriels décelée ne dépasse pas la norme (15 mg) mise à part trois substances. Il s'agit du phénol, de l'hydrogène sulfuré et de dérivés d'hydrocarbures. Ces trois produits sont inscrits au tableau des substances vénéneuses. De plus, une proportion anormale d'aluminium a été notée (750 fois supérieure à la norme). « Ces eaux de lessivage provenant des terrils et se déversant dans le Rahin n'ont pas d'effet sur la qualité d'eau potable se déversant à Ronchamp », affirme le sous-préfet. Il ajoute que ces analyses auraient les mêmes résultats sans combustion. Toutefois une présence de zinc décelée dans l'évaporation provoque ce que l'on appelle la « fièvre du fondeur », des nausées ou vomissements durant quelques heures sans séquelles. Le lien avec certains symptômes observés dans la population n'est pas exclu. » (Est Républicain-Didier FOHR-28/10/93)

Pas de danger « grave et irréversible » « Concernant la qualité de l'air cette fois, une première analyse a été effectuée avec les moyens des sapeurs-pompiers, à 20 cm du terril en feu. « Un certain nombre de produits toxiques ne sont pas présents dans ces gaz (...) On rencontre des traces infimes de trichloréthylène et on a relevé des vapeurs nitreuses». II reste à approfondir les analyses d'air ; l'APAVE de Mulhouse s'en chargera prochainement. Le médecin inspecteur de la santé présent hier soir à Lure a confirmé qu'aucune épidémie grave, ni pathologie n'avait été constatée par les médecins et dans les hôpitaux à proximité si ce n'est des nausées, malaises et vomissements, donc une gêne indéniable, ainsi qu'une sorte de « psychose ». « Actuellement, il ne semble donc pas qu'il y ait de risque sanitaire pour la population de Ronchamp et de Champagney, conclut M. Michaut. Les analyses de la qualité de l'air permettront de préciser ce point essentiel ». Enfin des contacts sont pris pour trouver une méthode d'extinction du terril même si un expert a jugé qu'aucun moyen n'existait. D'autre part des travaux de terrassement importants devraient être réalisés prochainement pour circonscrire l'incendie avec le matériel employé actuellement par la DATD de Haute-Saône pour la construction d'une route. Le sous-préfet a convenu que cette dernière mesure était à appliquer en toute urgence. L'ignorance des produits déversés dans le terril lorsque l'usine Maglum fonctionnait reste en suspens. Comble. Les archives de l'ancienne société ont servi à allumer le feu qui a déclenché toute l'affaire ! (Est Républicain-Didier FOHR-28/10/93)

Une initiative dangereuse pour éteindre l'incendie « Hier matin, l'entrepreneur qui travaille actuellement sur le terril en feu de Ronchamp, pour la réalisation d'une tranchée pare-feu, a commencé, malgré l'interdiction du préfet, à creuser une seconde tranchée pour relier la première au lit d'une rivière toute proche. Le Rabin coule en effet à une centaine de mètres du terril. Or si le site est imprégné de métaux lourds et de substances toxiques, les répercussions de ces travaux auraient été très lourdes pour la nappe phréatique et la rivière. D'autant qu'il n'est pas certain que l'eau vienne à bout du sinistre. Les gendarmes sont ainsi immédiatement intervenus pour faire cesser l'entrepreneur, qui a d'ailleurs cassé une ligne électrique et endommagé une conduite d'assainissement, qui avait déjà ouvert un canal important sur une centaine de mètres. Ces travaux ont mis au jour la fameuse couche enterrée de produits en polymères à une dizaine de mètres du foyer. Ces résidus de parechoc automobile avaient été enfouis à cet endroit lorsque l'usine Maglum était en activité. De surcroit, le godet de la pelleteuse a remonté à la surface plusieurs fûts non identifiés qui prouvent que l'aire du terril en feu a servi de décharge sauvage à la Maglum. On ignore si leur contenu est encore actif ou non, c'est pourquoi les autorités ont pris la sage décision de tout arrêter. Un procès-verbal a été dressé par la gendarmerie et un arrêté préfectoral a été pris pour obliger le propriétaire à remettre les lieux en état.» (Est Républicain-Didier FOHR-28/10/93)

Intervention de l'Institut INERIS

Le 29 octobre 1993 une importante délégation d'une vingtaine de personnes se rend sur le site du terril en feu de Saint Charles. Cette visite est suivie d'une réunion en mairie de Ronchamp et parmi toutes les personnes présentes on trouve du personnel de la Société Ineris dont un spécialiste des terrils, M. Yves Paquette.

« L'Institut national de l'environnement industriel et des risques (Ineris) est un établissement public à caractère industriel et commercial, placé sous la tutelle du ministère chargé de l'environnement. Créé en 1990, l'Ineris est né d'une restructuration du Centre de recherche des charbonnages de France (CERCHAR) et de l'Institut de recherche chimique appliquée (IRCHA). L'institut a pour mission de contribuer à la prévention des risques que les activités économiques font peser sur la santé, la sécurité des personnes et des biens, et sur l'environnement. Il mène des programmes de recherche visant à mieux comprendre les phénomènes susceptibles de conduire aux situations de risques ou d'atteintes à l'environnement et à la santé, et à développer sa capacité d'expertise en matière de prévention. Il développe ses compétences scientifiques et techniques dans les domaines des risques accidentels, des risques chroniques et des risques du sol et du sous-sol. Elles sont mises à la disposition des pouvoirs publics, des entreprises et des collectivités locales afin de les aider à prendre les décisions les plus appropriées à une amélioration de la sécurité environnementale. » (Source: https://www.ineris.fr/fr)

Yves Paquette rédige un compte rendu le 2 novembre qu'il envoie en Préfecture de Vesoul le 9 novembre 1993. Cette visite sur le terril fait suite à une demande du Préfet, Paul Roncière. Dans son rapport, M. Paquette précise que ''L'INERIS a été consulté téléphoniquement par la DRIRE, subdivision de VESOUL le 25 août 1993 et a recommandé d'éviter d'arroser en masse les produits en combustion pour ne pas risquer d'explosion (formation d'hydrogène ou "gaz à l'eau" par décomposition de l'eau). Nous avons indiqué qu'à ce stade, la seule technique permettant d'éteindre un terril en combustion était le défournement et le refroidissement à l'eau des produits incandescents étalés en couches de quelques décimètres. Nous avons précisé que nous étions en mesure de nous rendre sur place pour étudier le problème si l'Administration nous le demandait explicitement. Quelques jours plus tard nous avons été consultés toujours téléphoniquement par Monsieur VIALIS, propriétaire du site, puis par son assureur le 27 septembre 1993, et après avoir abordé les aspects techniques des feux de terrils nous avons précisé que nous pouvions intervenir sur ce dossier soit à titre commercial, comme conseil du propriétaire, soit au titre des prestations pour l'Administration comme conseil des services de l'État. C'est finalement le 26 octobre 1993 que Monsieur le Préfet a sollicité l'intervention immédiate de l'INERIS pour examiner les projets de terrassements envisagés dès la semaine suivante, avec pour but de parfaire les tranchées coupe-feu réalisées par le propriétaire du site''. Il fait un état des lieux très précis avec un plan du cadastre décrivant les 4 zones importantes pour la suite. Son rapport est disponible au format pdf : rapport Y. Paquette octobre 1993.

Début du feu de terril

Accord entre le propriétaire et le Conseil Général (29/10/1993)

« Un accord est intervenu, entre le propriétaire du terrain et le conseil général, pour réaliser, dès aujourd'hui, une tranchée coupe-feu efficace. Á Ronchamp beaucoup attendaient l'accord à intervenir entre les services de la direction de l'aménagement et des transports du département et de M. Vialis, le propriétaire du terril. Le début des travaux pour empêcher la progression du feu dans le schiste dépendait en effet de la signature conjointe d'un protocole d'accord entre les deux parties. Celui-ci a finalement été signé hier matin par M. Vialis sous la pression non seulement des évènements mais aussi des pouvoirs publics.

Un protocole de cinq articles. Le protocole stipule en cinq articles que le département devra intervenir sur le terrain pour limiter la progression du feu en réalisant une tranchée coupe-feu efficace. Elle suppose l'extraction de plusieurs dizaines de milliers de m3 de schiste qui reviendront à la DATD sans contrepartie financière. C'est un matériau de remblais recherché et couteux. De plus le schiste devenu rouge après combustion sera là encore à disposition de la DATD.

Les experts dépêchés sur les lieux. Une obligation de résultat est donc édictée pour les services du conseil général en ce qui concerne l'arrêt de la propagation du feu. Plusieurs « scrapers » ou gros engins de terrassement articulés seront transférés sur le terrain dans les jours qui viennent. Dès aujourd'hui un bulldozer viendra aménager les rampes d'accès. Une tranchée pare-feu sera alors réalisée jusqu'au sol pour empêcher toute nouvelle propagation. Par contre l'extinction du feu reste pour l'instant sans solution. Une confrontation d'experts devrait être organisée. Un organisme spécialisé dans ce genre de problèmes, Métis, a été sollicité. Une autre société, la SARP, qui avait œuvré au nettoyage de l'usine Maglum lorsque l'affaire des fûts toxiques avait éclaté, disposerait d'une solution. Le préfet de Haute-Saône lui a demandé un devis et des précisions.

Suites judiciaires. Le sous-préfet, Jacques Michaut, a tenu à préciser lors de la troisième réunion avec la population et les associations que déménager le terril en feu était inconcevable. « Il faudrait près de 2.800 remorques pour le faire et faire traverser Ronchamp par ces camions serait bien trop risqué». Le terril brule donc toujours et les passions restent enflammées à Ronchamp. Lors d'une réunion publique mercredi soir, il avait été décidé que la RN 19 et la voie ferrée seraient bloquées si le protocole d'accord n'avait pas été signé hier. Cette affaire prendra aussi vraisemblablement une tournure judiciaire puisque deux plaintes ont été déposées par VSV et la CPE lorsque le feu a été allumé. De plus un procès verbal a été dressé par un agent de la DDAF lorsque M. Vialis a décidé de dévier la rivière sur le terril. Et ce sans autorisation et malgré l'interdiction du préfet. » (Est Républicain-Didier FOHR-29/10/93)

Scraper Bulldozer Bulldozer

Arrivée des bulldozers et des scrapers

Ce vendredi 29, un des piliers de la porte d'entrée au terril a été démoli pour permettre aux engins d'être acheminés par convois exceptionnels sur le terril en feu. Ils arrivent de Frotey les Lure où ils œuvrent à la construction de la déviation Frotey – Lyoffans. L'accès est strictement interdit au public par arrêté municipal. Les éboulements des scories en feu présentent un danger pour les curieux. Autre danger : l'évolution des scrapers. Du poste de pilotage, la visibilité de ces engins, surtout à charge, est très réduite et malheur à ceux qui s'aventureraient sur leurs lieux de déplacements. Ce sont les gendarmes des brigades de Ronchamp, Champagney, Héricourt et Lure qui se relaient 24 h sur 24 pour éviter l'irréparable. Ils ont attaqué la rampe nord-ouest du terril pour pousser les schistes inertes afin d'isoler le second foyer où on peut apercevoir de nouvelles fumerolles. Les engins s'attaqueront ensuite à élargir la tranchée coupe-feu vers l'extérieur. Les schistes gris serviront à remblayer de gros chantiers sans contrepartie financière à M. Vialis. Les travaux reprendront le mardi 2 novembre.

« Les services de l'État (DDASS, Équipement, Protection civile. etc...) ne cesseront pas de se tenir au courant ainsi que l'a demandé le préfet. Une permanence de pompiers est même installée depuis hier à l'issue de la réunion, en mairie de Ronchamp, des administrations susnommées. Elles ont étudié les possibilités d'extinction du foyer ; des experts seront consultés, appartenant à la société Ineris, spécialisée dans les combustions de terril. Elle dépend des Charbonnages de France et enverra très certainement son spécialiste M. Paquette. Une autre société, mulhousienne celle-là, a été sollicitée : elle affirme disposer de solution fiable. C'est pourquoi l'autorité préfectorale l'a priée de fournir des devis ; on parle en effet de couts allant de 200 000 F à 20 MF. Cette société présente aussi un avantage certain : c'est elle qui est intervenue sur le dossier des fûts toxiques de l'ex-Maglum au tout début de l'affaire. Sera-t-elle choisie ? On ne sait pas encore. Une certitude pourtant : le sous-préfet Michaut, chargé de coordonner les trois cellules de suivi (fonctionnaires. mairie de Ronchamp, riverains et associations) ne veut pas que le terril serve de terrain d'expériences. » (Le Pays-Gérard BLAISE- 30-10-1993)

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