Lapins

LES LAPINS, LE VOLCAN, LE CONSEIL MUNICIPAL DE RONCHAMP (novembre 1993)

De quoi meurent les lapins de Ronchamp?

« Une mortalité importante a été remarquée à Ronchamp ces derniers mois dans les élevages de lapins. Le rapport avait immédiatement été établi avec le terril en feu et ses émanations n'en étaient que plus douteuses. Une enquête complète a été demandée au directeur des services vétérinaires de Haute-Saône à ce sujet. Il s'agirait en fait de la maladie hémorragique virale du lapin (VHD) qui avait été signalée pour la première fois au monde en 1988 à Wuxi en Chine et... à Vesoul en Haute-Saône. Cet implacable mal terrasse les lapins en quelques minutes et se propage à vive allure dans un élevage. Cependant sa diffusion géographique est très irrégulière, comme l'affirme le N° 26 du magazine «L'éleveur de lapins». Ce qui explique sans doute qu'un éleveur de Ronchamp n'ait rien remarqué d'anormal parmi ses six cents protégés alors que d'autres élevages fermiers aient été décimés. Á l'heure actuelle, cette maladie a été signalée à Ronchamp Champagney mais aussi dans le Territoire de Belfort. Il existe bien un vaccin pour s'en prémunir mais lès vétérinaires signalent une rupture de stock chez les fabricants ce qui explique l'accroissement de la mortalité. Voilà qui est rassurant pour les Ronchampois. Moins pour les lapins ronchampois. »

La maladie hémorragique virale du lapin. « Il y a une quinzaine de jours, un riverain ronchampois a perdu une dizaine de lapins. Ces lapins n'ont pas été perdus pour tout le monde puisqu'ils ont été le fruit d'un vol. La rumeur a aussitôt envahi la rue : les lapins meurent à cause des fumées du terril ! Le sous-préfet de Lure a aussitôt sollicité les services vétérinaires de Haute-Saône qui ont répercuté le dossier à Lure, Luxeuil (trois cabinets), Fougerolles, Héricourt et Belfort. Á ce jour aucune mortalité, aucune pathologie anormale n'a été enregistrée chez les animaux domestiques en rapport avec l'incendie du terril. Par contre dans cette région et dans le Territoire voisin on a enregistré des cas de mortalité cunilicole. Il s'agit de la maladie hémorragique virale du lapin, signalée pour la première fois en France en juillet 88. » (Article Presse 17/11/1993)

Dix-sept lapins... volatilisés près du terril en feu. « Ces derniers jours, lors de l'affaire en cours du terril en feu à Ronchamp, on apprenait que des lapins, contaminés par les mauvaises odeurs émanant du brasier, périssaient. Or, sur un coin du terril en question se trouve un petit élevage de lapins vivant dans des cages, au grand air. Dans la nuit de samedi à dimanche, les dix-sept mammifères à grandes oreilles s'étaient volatilisés dans la nature, au grand dam du propriétaire. Une rapide enquête permettait aux gendarmes de découvrir le mystère de leur disparition et de se dire que les lapins n'étaient pas morts pour tous. Comme l'accès au terril en feu était interdit depuis vendredi soir, les « visiteurs» contournaient le terril par le bosquet au-dessus du remblai, longeant la propriété et le clapier en question, sur lequel ils ont jeté leur dévolu. Au retour et sans doute à plusieurs reprises, les lapins étaient tout simplement transférés dans des sacs en perspective de savoureux civets, pas contaminés du tout !... L'enquête se poursuit. »Cet article est paru dans l'Est Républicain du 31/10/1993. Le propriétaire des lapins m'avait raconté cette histoire. Ces ''visiteurs'' d'une nuit étaient bien connu au hameau de la Houillère distant d'un km environ où ils habitaient!

Terril de Ronchamp: les associations dénoncent une «faute supplémentaire». « Non sans se plaindre de ne pas avoir été informée de la réunion de mardi sur le site de Ronchamp rassemblant tous les intervenants dans l'affaire du terril, l'association « VSV », dénonce aujourd'hui dans une lettre ouverte au préfet une « faute supplémentaire ». Nous avions indiqué sur place aux deux représentants de la DRIRE les secteurs où se trouvaient au sommet du terril les plages de boues de décantation et les lieux précis où avaient été déversés les produits toxiques. Avec la liste de ceux-ci. En insistant pour qu'au cours des travaux à venir, ces lieux soient isolés du reste du terril (...). Peine perdue. La DATD (Direction de l'aménagement et des transports du département) nouvelle venue dans cette affaire, a fait recouvrir ou éparpiller en divers endroits du terril la plus grande part des schistes pollués avec toutes les conséquences qui en résulteront ». La présidente de l'association, Madeleine Szczodrowski évoque aussi le « cloaque formé par le déversement des égouts de tout le quartier de la Houillère » suite à la destruction de la canalisation. Elle s'interroge sur les conséquences à long terme des émanations de gaz en invoquant le « danger public » et demande toujours que le foyer soit éteint. « Nous nous étonnons que dans ce département l'on réduise à si peu les nuisances insupportables que peut subir une population; et que l'on fasse si peu de cas du rôle bénévole mais primordial qu'assument les associations de défense de l'environnement ».(Article Presse 17/11/1993)

Pendant ce temps les pompiers continuent de faire des analyse de l'air. Ces analyses sont toujours faites aux mêmes lieux, et le matin aux mêmes heures. Les résultats sont toujours bien en-dessous des valeurs minimales. Voici les relevés pour les journées du 15 et 17 novembre 1993: rapportpollution02.

Génération ''Vulcanologie''

« L'ancien ministre de l'Environnement, Brice Lalonde, a ausculté le « volcan » de Ronchamp et respiré la fumée qui empoisonne ses habitants. Pour un peu, il se serait pris pour Haroun Tazieff. Encore que ses fines chaussures ne lui permettaient pas de faire un pas de travers sur la glaise et les schistes noirs durcis par le gel sous lesquels reposent des déchets industriels inquiétants. Le leader de Génération Vulcanologie, pardon Génération Écologie, Brice Lalonde, n'a pas respiré que de l'air pur, vendredi et samedi lors de son passage en Haute-Saône. Il a même toussé hier matin lorsque les fumées du terril de la Maglum de Ronchamp lui ont chatouillé les narines. Ces fumées qui pourraient empoisonner l'atmosphère pendant longtemps. Ce qui lui a fait dire en souriant : « Á Ronchamp, vous allez devenir un centre d'étude des maladies du souffle ». Plus sérieusement, M. Lalonde a bien ausculté le terril. « Le soufre, on le voit, là, comme sur les volcans ». Main tendue vers la masse noirâtre, l'ancien ministre de l'Environnement venait d'enrichir la réflexion sur l'état de ce site. « Volcan », puis « four naturel ». Ces mots n'avaient pas encore été utilisés dans la panoplie des descriptifs que l'on a vu fleurir ces derniers temps.

Flanqué de ses amis de GE, Danielle Olivier-Koehret en tête, Brice Lalonde pestait contre « les cadeaux du passé ». Un riverain rectifiait aussitôt : « les secrets du terroir ». Brice Lalonde a rendu hommage aux associations de défense de l'environnement (comme VSV) qui ont le courage de soulever les problèmes. Une petite phrase toute simple ponctuée d'une remarque dont on devine les destinataires : « dommage qu'il faille attendre qu'il y ait un pépin pour que tout d'un coup on s'agite ». Et de s'attarder sur le traitement des déchets en général : « Il y a trop de bricolage ». Pour l'heure, le fondateur de GE avoue qu'il ne connait pas de remède radical pour stopper la combustion du terril. Il a promis cependant de rechercher « l'éventail de solutions qui pourraient exister dans les autres pays ». Brice Lalonde a surement conservé l'attache de quelques spécialistes de la question au ministère. »(Est Républicain-20/11/1993-Gérard MOUGIN)

Manifestation Manifestation Manifestants

Conseil municipal mouvementé et manifestation mal placée

« Conseil municipal mouvementé, ce mardi soir 23 novembre à Ronchamp. Il a bien sûr été question du terril. Jean-Marie Maire a réaffirmé qu'il n'y avait pas de danger et s'est expliqué sur sa non participation à l'opération « ville morte ». Il a bien fallu en reparler... De toute façon, il n'était pas question, pour le premier magistrat de la cité minière, de passer à côté du sujet : le terril. Les discussions sont allées bon train, chacun ou presque donnant son avis. On ne peut pas dire que le terril a provoqué la zizanie au sein du conseil municipal de mardi soir, mais enfin une perturbation planait dans la salle. Le point de vue de la majeure partie des élus locaux de Ronchamp est que l'affaire du terril est une nouvelle occasion pour essayer, en quelque sorte, de déstabiliser et surtout de critiquer la municipalité. Une chose est sure : ce n'est pas le maire de Ronchamp qui a mis le feu et il ne possède pas, non plus, de baguette magique. « On se trompe de cible » a déclaré très agacé par la situation, Louis Albert. Jean-Marie Maire n'a pas perdu son calme, bien que déclarant : « Je suis plus que fatigué avec cette affaire », et même « J'en ai plus que marre ». Le fait est que, dès le début du problème, on peut même dire que le jour-même, le maire de Ronchamp avait largement rempli sa mission de premier magistrat, en faisant toutes les démarches auprès du propriétaire pour que le sinistre soit immédiatement circonscrit.

Partant de là, les critiques ont une certaine tendance à être mal reçues par le maire, d'autant que personne ne dit ce qu'il aurait fallu faire d'autre. Pour les élus ronchampois « l'affaire tourne encore une fois à la politique ». Il reste que, publiquement, mardi soir, Jean-Marie Maire a expliqué que des analyses sont réalisées régulièrement pour surveiller les émanations et détecter, le cas échéant, les problèmes de toxicité. Force est de constater que jusqu'à présent et fort heureusement d'ailleurs, « il n'y a aucun risque ». Ce n'est pas le maire qui l'affirme, ce sont les résultats d'analyses affichés en mairie régulièrement. Pourtant, à Ronchamp, d'aucuns pensent « que l'on cache quelque chose ». « Si l'on prouve qu'il n'y a pas de risques et que des gens disent le contraire, que peut-on faire ? », a interrogé le maire de Ronchamp, ajoutant : « on dirait que certains voudraient qu'on leur dise qu'il y a du danger, les gaz sont analysés tous les jours et ce n'est pas le cas ». « Je ne vous cache rien », a-t-il encore précisé. Pour le premier adjoint, Bruno Bolognesi, « quatre entreprises spécialisées sont sur le dossier et on ne sait pas comment arrêter ». « Je ne vais tout de même pas aller p... dessus, les spécialistes ne savent pas par quel bout l'empoigner, nous avons vraiment fait le maximum de ce qui pouvait être fait » a affirmé Bruno Bolognesi.»

Qui était derrière la manif ? « Cette affaire d'incendie du terril a tout de même provoqué, mardi soir, quelques remous au sein des élus de la municipalité. C'est Jacques Gaume qui a lancé la discussion, interrogeant le maire ! « C'est étonnant, sur les résultats d'analyses on peut voir des zéros partout dans les cases, c'est à croire que sur le terril, l'air y est meilleur qu'à Chamonix ». Immédiatement, Jean-Marie Maire a rectifié, expliquant : « Attention, les zéros et les inscriptions « néant » veulent dire qu'il n'y a pas de risques ». Mais Jacques Gaume voulait aller au bout de ses interrogations, rappelant son soutien et sa fidélité aux actions du premier magistrat de la cité minière. « J'ai manifesté dans la rue, même si la municipalité a pris la décision de ne pas prendre part à la manifestation », a déclaré, sans détour, le conseiller municipal, qui aurait souhaité une concertation du conseil municipal avant la manifestation. « On est au courant de rien, il fallait se donner les moyens de faire une déclaration commune », a-t-il ajouté, « ma place d'élu, je l'ai ressenti comme cela, était d'être aux côté des gens de Ronchamp ».

Manifestation mal placée. « Le maire de Ronchamp a donné toutes les explications justifiant sa position sur la question de l'opération « ville morte ». « Je n'ai jamais été prévenu officiellement de cette manifestation, personne n'est venu en mairie pour en parier, c'était tout même la moindre des choses. Par ailleurs, nous savions que l'après-midi même il y avait une réunion à laquelle nous siégions, en sous-préfecture, pour parler des résultats », a expliqué le maire. « Je ne pouvais pas honnêtement me trouver dans la rue en critiquant, alors que je savais que le travail avait été fait et que tout allait être dit, le jour même ». « C'est tout de même fort de lancer une opération ville morte sans même en Informer la mairie », a précisé Jean-Marie Maire. Renseignements pris : « Ce ne serait le fait de Vosges saônoise vivantes ». Alors la question a été posée : « Qui était derrière cette manif ? ». Une information qui, semble-t-il, a éclairé la lanterne de Jacques Gaume, qui aurait tout de même « souhaité avoir ces précisions plus tôt ». « On se bat pour redonner une image dynamique de Ronchamp, une opération ville morte ne va pas dans le bon sens », a encore souhaité affirmer le maire de la cité minière. « On peut lire sur une pancarte à l'entrée de la ville : « Ronchamp ça pue », a précisé à son tour l'adjoint Raymond Massinger, qui a souhaité que cela « soit enlevé, donnant une très mauvaise image anti commerciale ». Pour conclure, Jean-Marie Marie a affirmé que pour lui « la manifestation était mal placée », souhaitant « aussi entendre parler de ce qui va bien et de tout ce qui est fait de positif dans la commune ». (Le Pays-25/11/1993-Jean-Louis GAISSER)

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La réaction de VSV après le conseil municipal

« Á la suite des propos tenus, lors du dernier conseil municipal de Ronchamp, la responsable de l'association « Vosges Saônoises Vivantes » réagit : la manifestation n'était pas mal placée, nous avions contacté le maire de Ronchamp ». « Vosges-Saônoises Vivantes » a tenu à réagir vivement. « Il n'est pas vrai que le maire de Ronchamp n'a pas été contacté. Depuis le mois de septembre nous avons demandé des rendez-vous avec lui. Nous avons essuyé cinq refus, Jean-Marie Maire nous répondait qu'il n'avait rien à nous dire, qu'il avait fait ce qu'il devait faire », affirme-t-elle. Pourtant, la municipalité et la responsable de « Vosges-Saônoises Vivantes » se sont rencontrés, le 10 novembre dernier, après coup, pourrait-on dire. Sur cette rencontre, les versions divergent. Pour le maire de Ronchamp, l'association de défense de l'environnement aurait simplement précisé ne pas être à l'origine de la manifestation. Jean-Marie Maire posait d'ailleurs la question de savoir qui était derrière l'opération « ville morte ».

Du côté de Madeleine Szodrowski on explique un peu différemment. « Tout d'abord nous avons tout de suite été d'accord pour rencontrer le maire. Nous attendions depuis plusieurs mois, cela s'est fait le 10 novembre de 11 h à 13 h 30 en mairie de Ronchamp avec le maire, Bruno Bolognési, Louis Albert, Mme Hingray et M. Michinaud ». « Pendant ces deux heures j'ai bien précisé au maire que l'association Vosges Saônoises Vivantes avait été partie prenante de l'opération « ville morte » comme cela était d'ailleurs indiqué sur toutes les affiches apposées chez les commerçants », affirme encore, la présidente de l'association. Madeleine Szodrowski tient aussi à faire une mise au point : « Contrairement à ce qui aurait pu être dit, la manifestation n'était pas dirigée contre la municipalité, mais destinée à faire entendre aux pouvoirs publics les doléances des gens de Ronchamp ; la municipalité n'était pas du tout la cible ». « Ce que nous souhaitions en fait, c'est que le maire de Ronchamp vienne simplement prendre le micro et déclare qu'il avait bien entendu les doléances et qu'il allait les transmettre, c'est tout ce que la population attendait », précise encore, sans animosité Madeleine Szodrowski, qui souhaite « que soit trouvée une solution pour tenter de mettre fin au feu du terril ». En ce domaine, pour l'instant, le miracle ne semble pas être possible et le danger non prouvé. » (Le Pays-30/11/1993-Jean-Louis GAISSER)

Quant à l'opération « ville morte » la municipalité ne pouvait adhérer à cette image négative de Ronchamp, une opération pour laquelle elle a été avisée que par une distribution de tracts, non signés... La présence de la municipalité au sein du cortège était donc inopportune à une heure du rendez-vous ce jour-là avec le sous-préfet, à propos du terril en feu, dira encore le maire. Quant aux transformateurs au pyralène comme le soulignent des panneaux placés en ville, ils sont tous conformes, avec bacs de rétention, ajouteront les adjoints. Á quelques jours de la dizaine commerciale, ces panneaux offrent une triste image de Ronchamp, aux visiteurs, ils seront enlevés, décida le conseil.

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