Groupe de manifestants

LE TERRIL EN FEU EST UN SUJET TOUJOURS BRULANT (février 1994)

Feu sacré contre le terril

« Trois cents personnes, environ, ont manifesté, hier matin samedi, dans les rues de Ronchamp pour demander l'extinction du terril. La municipalité s'est associée à la manifestation. Le terril brule toujours et l'inquiétude grandit au fil des jours dans la cité ronchampoise. Alors qu'une nouvelle réunion est prévue lundi 21 février, en sous-préfecture de Lure, autour du nouveau sous-préfet, Cyrille Chassagnard, un comité d'action a été formé, jeudi dernier, à Ronchamp. Sur le champ, il a décidé de manifester, hier, dans les rues de la cité en bloquant la nationale 19. Aux cris de « on veut respirer, éteignez le terril » les manifestants, porteurs d'une protection buccale, ont, une nouvelle fois, fait part de leur ras le bol devant l'attentisme des pouvoirs publics et de certains élus locaux.

Ils ont distribué un tract aux automobilistes sur lequel il était écrit : « Manifestation pour l'extinction du terril toxique de Ronchamp : c'est l'incendie d'une décharge industrielle, des fumées toxiques depuis six mois, des maladies largement déclarées parmi la population et reconnues par la DDASS. Une possibilité d'extinction existe, exigeons-la du préfet ». Le message est clair. Sera-t-il compris ? On sait maintenant que la municipalité de Ronchamp a porté plainte contre X pour pollution de l'atmosphère. Hier, des représentants du conseil municipal, parmi lesquels le premier adjoint, Bruno Bolognési, faisaient partie du cortège de manifestants. D'autres élus de villages voisins avaient tenu à se joindre à la manifestation. Si, pour l'heure, aucune pathologie grave n'a été décelée, les médecins généralistes ont détecté l'existence de nausées et de malaises au sein de la population. Sans parler du stress du terril ! Le comité d'action Ronchamp-Champagney exige l'extinction du terril.

Dernièrement des études ont été engagées par la société d'assainissement rationnel de pompage, installée en Côte d'Or, qui a reconstitué un terril miniature dans ses laboratoires pour tester une technique d'extinction sans risque. Cout de l'opération, si c'est possible, entre 10 et 20 MF. Qui payera « le propriétaire, M. Vialis » avancent les associations. Les pollueurs ne sont-ils pas les payeurs ! Hier après-midi, une nouvelle manifestation a eu lieu dans les rues de Ronchamp. La FCPE du collège de Champagney et des écoles primaires et maternelles lance une pétition au sein de la population. » (Le Pays-13/02/1994-Bernard JEANNERET)

Manifestants à Ronchamp Manifestants et protection buccale Des conseillers derrière la banderole

Ronchamp : «pas de risque pour la santé publique»

« Dans un communiqué en trois points, le sous-préfet de Lure, Cyrille Chassagnard s'exprime après la dernière poussée de fièvre des habitants de Ronchamp, samedi. « Depuis l'origine et jusqu'à aujourd'hui, précise-t-il, les rapports de la DDASS (Direction Départementale des Affaires Sanitaires et Sociales) n'ont jamais mis en évidence quelque pathologie particulière que ce soit pouvant être imputée de façon certaine à la combustion du terril. Néanmoins, le réseau de surveillance et d'alerte mis en place par les services de l'État continue à fonctionner; par ailleurs, les représentants du corps médical présents sont invités à communiquer à la DDASS toutes observations utiles ». « Dans l'hypothèse, non réalisée jusqu'ici, où serait constaté un risque pour la santé publique, le représentant de l'État prendrait immédiatement, dans le cadre de ses pouvoirs de police, et en accord avec le ou les maires concernés, les mesures nécessaires pour mettre la population à l'abri du danger ».

Le propriétaire «seul responsable». « L'annonce selon laquelle existerait une solution technique permettant d'éteindre le terril est prématurée. Á ce jour, aucune proposition précise n'a été remise aux services. Bien évidemment, de telles solutions sont activement recherchées ». Ainsi l'intervention de l'entreprise (SARP) qui aurait mis au point un procédé d'extinction n'est pas encore d'actualité. On aurait pu penser que les choses iraient plus vite à la suite de la réunion publique en sous-préfecture de Lure, le 26 janvier. On annonçait qu'un cahier des charges allait être constitué et transmis rapidement à l'entreprise. Le sous-préfet de Lure ajoute enfin qu'il « ne s'agit pas de minimiser les réelles nuisances résultant de ce feu de terril ». Il ajoute toutefois ; « mais il convient d'éviter les comportements ou déclarations excessifs qui ne font pas avancer la recherche de solutions par les différents partenaires concernés, dont le propriétaire du terril. Juridiquement seul responsable ».(ER-16/02/1994)

VSV contre-attaque après les déclarations du sous préfet

L'association Vosges Saônoises Vivantes contre-attaque après les déclarations du sous préfet de Lure. « L'association Vosges Saônoises Vivantes, qui est la principale animatrice du mouvement de colère contre le terril en feu, attaque bille en tête les pouvoirs publics. « Il ne manque ni d'aplomb, ni d'incohérence, s'enflamme Madeleine Szczodrowski dans un communiqué. Nieraient-ils les informations qu'ils nous ont eux-mêmes données. Le rapport du médecin inspecteur de la Direction départementale de la santé est pourtant clair ». Et de citer : « Dès le mois d'octobre 1993, une enquête montre déjà une pathologie diffuse fonctionnelle et une mauvaise tolérance à la pollution (...) Le préjudice sanitaire est patent, concordant avec les maux prévus (...) une proportion Importante de gens semble touchée à proximité du site ». Le communiqué reprend : « Les analyses de l'APAVE données elles aussi par la DDASS, ne montrent-elles pas, rien que pour le S02 un taux 86 fois supérieur à la norme ? Sans compter la présence de multitude d'autres gaz dont la présence est confirmée par les hôpitaux de Lyon et par nos propres analyses ». Le communiqué reprend « Quant au réseau permanent de surveillance et d'alerte qui devrait effectivement être en place depuis longtemps (...) il n'existe pas. Ne sauraient en tenir lieu les mesures rapides faites par les pompiers à l'aide d'un appareillage inadapté dont la DDASS elle-même doute de la fiabilité. Pourquoi, en outre, l'étude de spectrométrie n'a-t-elle jamais été divulguée ?». L'association tient ensuite à rappeler que « l'État est seul responsable de la santé publique », (...) « Pour notre part, nous réclamons d'urgence l'extinction du terril dès lors que la (Société) SARP a exposé devant nous, en sous-préfecture, la possibilité qui est la sienne de la réaliser ». (ER)

Pas de cessez-le-feu

« Le maire de Ronchamp, le conseiller général du canton de Champagney écrivent respectivement au préfet et au sous-préfet. Avant la réunion de lundi 21 février (14 h 30) prévue en sous-préfecture avec le nouveau représentant du gouvernement, M. Cyrille Chassagnard, le maire de Ronchamp, M. Jean-Marie Maire prend la plume ; le conseiller général du canton, M. Hubert Guerrin, aussi. Le premier évoque l'expérimentation du terril, le second requiert l'État. Mais laissons d'abord la parole au premier magistrat de Ronchamp : « Le terril en combustion sur ma commune était-il engendré depuis plusieurs mois une ambiance plus ou moins dégradée dans la vie des Ronchampois et de ceux des villages voisins sans oublier : il va de soi, l'inquiétude de toutes ces personnes au sujet de leur santé. Au delà d'un certain nombre de tensions qui ont été déclenchées par cette affaire, ce qui est bien compréhensible, la question de son extinction pourrait être vue sous un angle national. En effet, puisqu'une commission d'étude vient justement d'être créée pour résoudre le problème de la combustion des terrils, celui de Ronchamp semble être un bon exemple de travaux pratiques. Ce terril est en effet bien circonscrit et sa taille, pas très importante (pour ce qui brule) pourrait servir d'expérimentation ce qui ensuite serait appliqué pour des masses plus importantes (constituant un souci pour les communes minières). Sous cet angle, des groupes chimiques importants peuvent se pencher sur la question ce qui, là-aussi, doit entrainer des avantages au plan efficacité comme au plan financier. Le tout pouvant être sous la responsabilité du ministre de l'Environnement. Bien sûr, expérimentation ne veut pas dire faire n'importe quoi et les conséquences doivent être parfaitement maitrisées ». La lettre du Maire, Jean-Marie Maire au Préfet au format pdf: courrier Maire de Ronchamp.

Populations lanternées. « Quant à Hubert Guerrin, il a l'honneur de préciser sa « position quant à l'objet cité en référence. Position que je me dois de rendre publique. Quand brule un terril qui a servi de décharge industrielle, il y a danger pour la santé publique. Quelles que puissent être les interprétations des uns et des autres quant aux résultats des analyses effectuées jusqu''à ce jour, les conséquences sur la santé publique à moyen terme et à long terme ne sont pas mesurables : c'est là une vérité que confirmerait, s'il en était besoin l'existence même du suivi médico-sanitaire mis en place. Ainsi, le danger potentiel et les interrogations sur l'avenir qu'il engendre légitimement sont des éléments amplement suffisants pour que l'on recherche une solution quel qu'en puisse être le cout. Une société, la « SARP », après étude, a offert ses services. Reçus le 26 janvier en sous-préfecture par la commission de suivi, ses représentants ont accepté l'engagement d'obligation de résultat. Décision a été prise lors de cette réunion de constituer un groupe de travail associant la « SARP » et les services de l'État afin d'élaborer un cahier des charges : « Je ne comprendrais pas que le point ne soit pas fait, en présence du représentant de la « SARP » quant à la mise en œuvre de cette décision, lors de la prochaine réunion de la commission du suivi programmée pour le 21 février. Il est de mon devoir de vous informer que les populations ne supporteraient plus longtemps d'être « lanternées » de réunion d'information en réunion - d'information sans que jamais décision ferme ne soit prise. Pour être tout à fait clair, il est patent que les injonctions de Monsieur le Préfet à l'égard du propriétaire sont, ou appliquées par celui-ci avec retard (les analyses), ou restent lettre morte (évacuation des déchets autour de la partie en feu). Aussi, il est indispensable que l'État passe lui-même aux actes charge à lui de se retourner ensuite contre le propriétaire. Je veux croire que Monsieur le Préfet et vous-même, forts de la mobilisation sans cesse accrue des populations touchées, réussirez rapidement désormais à sensibiliser les ministères concernés et Monsieur le Premier ministre lui-même. Je vous prie… » (Le Pays-18/02/1994-G.B.)

Terril de Ronchamp : pas d'intervention de l'État sans « risque sanitaire confirmé »

« Nouvelle réunion publique à la sous-préfecture de Lure. Le représentant de l'État a précisé que l'administration n'avait aucune raison de supporter le cout d'une éventuelle extinction. Qui doit payer l'éventuelle extinction du terril en feu ? La question reste posée. Les services de l'État rejettent d'ores et déjà toute prise en charge des frais avancés par l'entreprise contactée. Et la facture s'élèverait à 12 MF. Cette question a provoqué quelques remous hier devant la sous-préfecture de Lure. Une centaine d'habitants de Ronchamp et Champagney était venue brandir quelques banderoles en même temps que se déroulait une réunion associant les services de l'État, du département, les élus et les représentants des habitants. Les manifestants sont restés très calmes jusqu'à 17 h. Une petite bousculade à suivi la sortie des différents participants. »

L'État maintien sa position. « En effet, les associations avaient reçu de la part de la SARP, l'entreprise susceptible d'éteindre le terril, l'engagement formel qu'elle contacterait la sous-préfecture afin de lui spécifier qu'elle est en mesure de le faire. Elle ne souhaite pas divulguer un procédé élaboré après plusieurs mois de recherche. Or, le sous-préfet n'avait toujours rien reçu jusqu'à la fin de la réunion. Le flou artistique a été dispersé au moment où une délégation d'élus revenait à la charge auprès du sous-préfet pour en savoir plus : un fax émanant du siège de l'entreprise est arrivé à ce moment précis. Celle-ci confirme par écrit comme il lui a été demandé qu'elle est en mesure « d'éliminer les fumées par arrêt complet de la combustion ». Toutefois, Cyrille Chassagnard a maintenu la position très ferme qu'il avait expliquée lors de la réunion : « L'État ne s'estimera concerné que lorsqu'il y aura un risque démontré pour la santé. Auquel cas la première mesure sera l'évacuation de la population. Dans un second temps seulement, sera entrepris un examen pour une solution technique ». L'État ne s'engagera donc pas à financer l'intervention de la société de Côte-d'Or. »

« Ronchamp n'est pas Seveso »« Il n'en reste pas moins que l'administration reconnait le trouble provoqué par les émanations de fumées : « Les mesures effectuées à ce jour ne permettent pas de conclure à l'existence d'un risque sanitaire (...) Ceci ne signifie pas que la combustion du terril ne crée pas des nuisances évidentes, ce qui justifie le suivi permanent assuré ». Plusieurs équipements de contrôle de l'atmosphère ont en effet été installés à Ronchamp, dont un appareil de mesure de la teneur en S02. « Nous allons essayer de trouver des appareils encore plus performants pour analyser l'atmosphère, précise le sous-préfet. Nous redoublons de vigilance ». Quant à la recrudescence modérée des pathologies respiratoires observées à Ronchamp et Champagney par les médecins et pharmaciens, l'administration préconise une étude épidémiologique poussée pour en connaitre les données. »

Une nouvelle manifestation. « Une proposition de la direction de l'aménagement et des transports du département a été retenue par l'ensemble des personnes présentes. Elle consiste à élargir la tranchée, réalisée autour du brasier afin de l'étendre sur une surface plus importante et en activer la combustion. Il faudra pour cela extraire une certaine quantité de schiste amassé autour de la « taupinière ». Les travaux pourront commencer en fin de semaine. Concernant l'extinction les élus de Ronchamp, Champagney, le conseil général de Champagney, le comité d'action et les associations ont alors annoncé sur le perron de la sous-préfecture qu'ils appelaient la population à manifester ce jeudi 24 devant la préfecture de Vesoul. « La SARP confirme qu'elle est apte à éteindre. Elle doit le faire. Nous demandons audience au préfet puisqu'il s'agit d'un problème de santé publique ». (E.R.-22/02/1994-Didier Fohr)

Appareil d'analyse en continu

« Quoi de neuf sur le terrain ? La surveillance et les mesures d'analyse ont été renforcées ; la DRIRE a mis en place un appareil d'analyse en continu avec canne de prélèvement qui permet de détecter le taux de S02 (dioxyde de souffre) tous les quarts d'heure ; sur les quatre derniers jours : « Les taux relevés sont largement en dessous des normes à directives européennes mais, précise l'ingénieur de la DRIRE, Mme Guey, « cela ne permet pas de tirer des conclusions définitives ». De son côté, tous les lundis matin, le service départemental d'incendie et de secours effectue des mesures de CO2, de SO2 de vapeurs nitreuses, dans les deux communes touchées, et à des hauteurs de sol différentes. « Les mesures effectuées à ce jour, déclare le sous-préfet, ne permettent pas de conclure a l'existence d'un risque sanitaire pour la population justifiant des mesures de sauvegarde : Ronchamp n'est pas Seveso, dit-il encore, sans écarter les nuisances évidentes ». Quant aux observations des médecins et pharmaciens elles concluent « à une recrudescence modérée des pathologies respiratoires dont il n'est pas possible d'affirmer qu'elles soient liées à la saison hivernale ou qu'il n'y ait pas effet d'aggravation du fait de la combustion du terril ». Le médecin scolaire reprendra ses contrôles dans les écoles dès la rentrée. »

Possibilité verbale. « Dans six mois, dans un an ? Personne ne sait quand s'éteindra le terril. Cependant la SARP a fait savoir au sous-préfet qu'elle « détenait un procédé pour faire cesser les émanations de fumée dans un délai relativement bref pour un cout de 12 MF ». Hier soir l'ingénieur de la société faisait parvenir un fax de confirmation sans être beaucoup plus précis. En d'autres termes tout se déroule au conditionnel car « malgré toutes les demandes réitérées de l'administration, cette entreprise n'a, à ce jour, apporté aucune précision par écrit ». Reste une dernière - et paradoxalement première -- solution que la Direction des routes et des transports a présentée hier soir par la bouche de son directeur M. Guerriero. Sur 28 000 m3 de schistes, 8000 m3 ont déjà brulé ; c'est pourquoi la Direction des routes envisage de déménager une partie des schistes non brulés (noirs) pour activer leur combustion en les étalant. Mais pour cela il faut de la place car avec les schistes déjà brulés (froids) ce sont près des deux tiers qui sont évacuables sur les remblais du chantier de la déviation de Lyoffans (15 000 m3). Le chantier va démarrer à la fin de cette semaine du côté de la rampe d'accès où ont été effectués des prélèvements mercredi dernier : sept prélèvements sur neuf n'ont décelé aucune pollution (« pas de chrome, pas de cuivre » affirme la DRIRE) et deux ont fait état « d'une teneur en zinc élevée ». Élus et écologistes ont trouvé un consensus sur cette solution « qui est déjà une avancée ».

Le fax de midi. « Á l'issue de la réunion, les manifestants ont lancé l'assaut. Motif: un fax tenu secret. En fait, à l'image de la Dépêche d'Ems, l'affaire a reposé sur un quiproquo. Pendant toute la réunion, le sous-préfet a expliqué qu'il n'avait pas reçu le fax tant espéré de la SARP confirmant la découverte d'un procédé pour éteindre le terril. Curieusement, à 17 h, les écologistes qui avaient participé à la réunion, par la voix de M. Fady, ont affirmé : « Le sous-préfet dit qu'il n'a rien reçu, il ment car ce fax nous l'avons ». Averti, le sous-préfet s'est étonné de ce procédé alors que le fax en question n'est arrivé qu'à 17 h 21. Explication : M. Fady avait eu l'assurance par l'ingénieur de la SARP, M. Legeard, qu'il recevrait le document à midi. C'est pourquoi il a pris sur lui de l'annoncer à ses amis. Étonné également, le premier adjoint de Ronchamp, M. Bolognesi a fait ouvrir la porte avec d'autres élus au sous-préfet. Juste avant, un commerçant de Ronchamp avait tenté de casser la serrure avec un marteau. » (Le Pays-22/02/1994- Gérard Blaise)

Manifestation à Vesoul Banderoles Gaze

Terril : processus d'extinction

Après plus de deux heures de discussion, Jean-Marie Maire, maire de Ronchamp, et Hubert Guerrin, conseiller général, annonçaient aux manifestants que le préfet engageait immédiatement une mise en demeure contre le propriétaire du terril, M. Vialis. Ce dernier doit démontrer dans les quinze jours, qu'il est à la recherche d'une solution d'extinction. Passé ce délai, si rien n'a été fait, l'État se substituera au propriétaire pour trouver cette solution. Le préfet a aussi annoncé que le suivi médical des enfants de Ronchamp et Champagney sera maintenu.

Halte au feu

« Monsieur le Préfet s'il vous plaît. Il ne faut pas nous laisser crever. Qu'on soit de Ronchamp ou de Champagney. Faut nous sauver ». C'est en parodiant les « Petits papiers » chers à Gainsbourg et à Régine qu'une centaine de voisins du terril en feu ont manifesté jeudi soir devant la préfecture de Vesoul. Leur inquiétude, autour du terril qui brule depuis mars dernier, se manifeste à tous points de vue : la santé, le tourisme, la chapelle de le Corbusier, la route fleurie, le parc naturel des Vosges, le cadre de vie... Ce qui amène par exemple la maman d'un petit Alexandre hospitalisé à Belfort à dire : « Les mères n'ont pas fait des enfants pour les laisser crever ». Á l'issue d'un large tour de table, en préfecture, les douze membres de la délégation ont été unanimes pour demander qu'il soit mis rapidement un terme aux nuisances occasionnées par l'incendie du terril de Ronchamp. Parmi les décisions prises, le préfet à confirmé la « poursuite du suivi sanitaire et le maintien du dispositif d'alerte » mis en place sous l'autorité de la Direction départementale des affaires sanitaires et sociales (DDASS). L'enquête menée par la médecine scolaire reprendra dès la rentrée de mars. En outre, un accord de principe a été obtenu pour la mise en œuvre d'une étude épidémiologique qui sera confiée au réseau national de santé publique. »

Contrôles permanents. « D'autre part, le contrôle des émissions de gaz sera « renforcé ». Les analyses pratiquées par le Service départemental d'incendie et de secours (SDIS) seront poursuivies avec affichage dans les mairies de Ronchamp et Champagney. Un dispositif de suivi des émanations SO2 (dioxyde de soufre) vient d'être mis en place par la Direction régionale de l'industrie, de la recherche et de l'environnement (DRIRE). Les résultats obtenus sur sept jours « montrent qu'aucun seuil de danger n'a été atteint dans ce domaine ». Un accord de principe a été obtenu pour renforcer ce dispositif de contrôle par la mise en œuvre de nouveaux moyens d'analyses permanentes qui seront installés sous l'autorité de la DRIRE.»

Risques graves sur une installation classée. « Aucun risque vital n'a été relevé sur la base de l'ensemble des données recueillies à ce jour », souligne M. Roncière, le préfet, qui évoque volontiers une « psychose de la population ». Cependant, les pouvoirs publics qui attendaient jusqu'à présent l'extinction du feu (depuis un an, un tiers du terril serait consumé) estiment désormais qu'il y a « un risque grave ». D'où le classement du site de Ronchamp, en procédure d'urgence, en installation classée le 8 novembre dernier. D'où aussi la mise en demeure adressée hier à la SCI dirigée par M. Vialis, propriétaire du terril. Pour le préfet, « il apparait que compte tenu des incertitudes quant aux effets à moyen et long terme sur la santé publique des émanations liées à la combustion du terril, il est nécessaire de mettre en œuvre des solutions afin de réduire ou supprimer les nuisances dans les meilleurs délais ». Dans cet esprit, un arrêté préfectoral a été envoyé le 25 février mettant en demeure le propriétaire du terril (seul juridiquement responsable aux termes de la loi du 19 juillet 1976, sur la protection de l'environnement), de « rechercher avec toutes entreprises qualifiées une solution ». Aux termes de l'arrêté, la solution doit viser « soit à assurer la protection du terril en réduisant et maitrisant les émissions de fumées par recouvrement du terril, soit à procéder à l'extinction et (ou) à l'enlèvement des schistes du terril en combustion ». Á cet effet, le propriétaire dispose d'un délai de 15 jours (jusqu'au 15 mars) pour trouver cette solution qui devra être agréée par l'inspecteur des installations classées avec le concours d'un comité d'experts. Dans la mesure où cette disposition ne serait pas suivie d'effets, l'État dispose d'un certain nombre de moyens de droit pour atteindre l'objectif ainsi fixé (pouvoir de substitution aux frais du propriétaire). Le sous-préfet de Lure est chargé d'assurer, comme par le passé, le suivi du dispositif en liaison avec les élus locaux et les associations et la coordination des différents services ayant à intervenir dans cette affaire. »

Sur le terrain : « désaccord et vigilance ». « Nous sommes en total désaccord avec les deux procédés d'extinction proposés par les pouvoirs publics », a indiqué vendredi Madeleine Szczodrowski, la présidente de Vosges saônoises vivantes : « L'un consiste à étendre sur le terril une épaisse couche de terre, qui n'éteindra pas le feu mais le laissera couver. Des fissures apparaitront, qui laisseront à nouveau s'échapper des gaz et des fumées sans compter les risques d'explosion. (Une intervention de ce type a été tentée sans succès dès le début). De surcroît, aucune cheminée n'est prévue, aucun captage ni retraitement de gaz. Le second procédé consisterait à extraire du brasier la partie déjà consumée, ce qui à notre avis est impossible, le brulé et le non brulé étant intimement mélangés. L'effet recherché serait en outre d'activer la combustion, ce qui aggravera la nocivité par l'émission accrue de gaz, de fumées, et surtout de poussières. Nous nous opposerions en outre à ce que les schistes pollués soient, même éteints, évacués en un autre lieu. Enfin, ce procédé, censé réduire le volume de la masse embrasée, n'aboutirait nullement à son extinction ». Quant à un porte-parole du comité d'action Ronchamp-Champagney, il nous a déclaré : « Nous restons vigilants. Nous attendrons toujours l'extinction du terril par les personnes dont c'est la responsabilité ; sous le contrôle des pouvoirs publics ».(E.R.-26/02/199-Didier Fohr)

Manifestants devant les grilles

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