Le terril de Saint Charles

DÉBUT DE L'EXTINCTION DU TERRIL DE RONCHAMP (février-mars 1994)

Les engagements du Préfet

« Conformément aux engagements pris à l'invitation du préfet de la Haute-Saône, une commission d'experts s'est rendue hier à Ronchamp, puis s'est réunie à Lure en vue de faciliter la recherche d'une solution technique aux problèmes posés par la combustion du terril. Participaient notamment à cette réunion des spécialistes des Houillères de Lorraine, de la société Surchiste, de l'Institut national de l'environnement industriel et des risques (INERIS), de la direction de la Sécurité civile du ministère de l'Intérieur. Le sous-préfet de Lure Cyrille Chassagnard a indiqué hier soir « que la commission, après avoir examiné les propositions existantes, a retenu la solution consistant à procéder à l'extinction progressive mais accélérée du terril par évacuation des matériaux ». Selon le sous-préfet, « cette opération a reçu l'approbation du propriétaire du site, qui en supportera le cout. Elle pourra débuter dès ce mardi 8 mars et s'étalera sur plusieurs semaines. Elle sera bien entendu accompagnée en permanence des précautions de sécurité nécessaires ». (E.R.) Voir le compte-rendu rédigé par Yvette Paquette sur la visite du terril en feu par les experts: rapport Y. Paquette

Réunion des experts chargés d'émettre des avis le 7 mars 1994

Á l'invitation de M. le Préfet de la Haute-Saône, un groupe d'experts s'est réuni le 07 Mars 1994 pour examiner les propositions formulées initialement par la SARP (Société d'Assainissement Rationnel et de Pompage) pour procéder à l'extinction du terril en combustion, situé sur la commune de Ronchamp. Á l'occasion de cette séance de travail, il est aussi demandé d'examiner la possibilité de faire exécuter des travaux par la Direction de l'Aménagement et des Transports du Département (D.A.T.D.) pour extraire progressivement les schistes brulés et ceux en combustion, afin de circonscrire rapidement ce feu de terril. Après une visite effectuée sur le site de 11 H 00 à 12 H 00, les experts se sont réunis à la Sous-Préfecture de Lure à 14 H 00 pour entendre les propositions évoquées par la S.A.R.P. ainsi que la technique d'enlèvement envisagée par la D.A.T.D. Les deux solutions se résument comme suit :
PROPOSITION D'EXTINCTION : Présentation par M. MORIZOT et le Professeur BERGER de la Société BIOGAZ SYSTEME DEPOLLUTION VALORISATION (BSDV) agissant à la demande de la S.A.R.P. représentée par M. LEGEARD.
Proposition technique envisagée : - Remodelage de l'ensemble des flancs du terril puis application d'une couche de matériaux imperméables pour interdire l'entrée d'air. - Cartographie du site par moyens infrarouges et réalisation de sondages appropriés. - Extinction par étapes à l'azote, pendant un mois, puis au CO2. - Installation d'un échangeur pour abaisser la température des gaz issus du terril et réinjection dans la masse pour refroidir l'ensemble et plus particulièrement le cœur du foyer.
Délais : 2 mois pour approvisionner le chantier, 1 mois et demi pour mise en place des installations, 15 jours pour atténuer au maximum les effets de la combustion et supprimer pendant un certain temps les fumées par injection d'azote dans le terril, 2 mois et demi pour réaliser une cartographie des secteurs incandescents par procédé infrarouge. Toutes ces opérations étant réalisées en simultanéité, un délai de 3 mois et demi paraît nécessaire avant de couvrir la partie en combustion d'une bâche étanche posée sur des arceaux. A l'issue de la réalisation des travaux, il conviendra pendant une durée limitée à 1 an d'assurer la gestion, la sécuritéet la surveillance du dispositif mis en place.
Sécurité : Protection grillagée tout autour de l'installation et surveillance du site 24 H/24 H.
Coût : 9.900.000 Frs pour la réalisation des travaux, 1.100.000 Frs pour la surveillance des installations après mise en place de l'ensemble du dispositif.
EXPLOITATION ENVISAGÉE PAR LE DÉPARTEMENT : Présentation par M. GUERRIERO, Directeur de l'Aménagement et des Transports du Département.
Proposition technique envisagée:- Réalisation d'une couche de forme (type chemin de remembrement) pour permettre le passage des engins de travaux publics. - Confection d'une plate forme par enlèvement jusqu'au sol des schistes situés à proximité de la partie actuellement en combustion. Cette surface aménagée servira ensuite à déposer les schistes brûlés qui forment une enveloppe autour de la partie en combustion. Cette opération permettra d'accélérer les effets de combustion et d'en limiter les conséquences dans le temps.

M. BARTOSZAK, de la Sté SURSCHISTE, intervient pour préciser que les schistes rouges de terrils en combustion sont couramment exploités et utilisés pour les chantiers de travaux routiers (surtout pour les autoroutes). Il ajoute ensuite que les 30.000 m3 en combustion du terril de Ronchamp ne représentent qu'une infime proportion des 80 millions de tonnes de schistes rouges utilisés pour les travaux de confection de routes. Les experts de l'INERIS et des Houillères de Lorraine sont du même avis. L'exploitation de schiste rouge étant pratiquée couramment dans le bassin minier du Nord-Pas-de-Calais, M. BARTOSZAK indique que pour l'exploitation de volumes importants de schiste en incandescence, le front de taille est refroidi à l'aide d'eau pulvérisée. Le temps nécessaire au déplacement des moyens de pulvérisation permet ensuite aux engins de travaux publics de retirer des schistes refroidis en partie haute (il ne faut jamais travailler en commençant par la base) et de les transporter immédiatement à l'endroit où ils doivent être utilisés. Cette technique a l'avantage de limiter les nuisances générées par les poussières, du fait de leur arrosage avant extinction. Après débat, M. BARTOSZAK invite M. GUERRIERO et les personnes qui le souhaitent, à se rendre compte personnellement, à l'occasion d'une visite, de cette technique couramment employée dans le Nord-Pas-de-Calais.
Coût : Récupération, après négociation avec le propriétaire du terril, de schistes pour un montant estimé équivalent à celui de tous les frais engagés pour la réalisation des travaux à exécuter.
Délais : Ils seront fonction des conditions météorologiques, mais les travaux d'enlèvement des schistes non pollués et isolés de la partie en combustion peuvent commencer immédiatement. L'ensemble des travaux devrait être terminé vers la fin du mois d'Août 1994.
Sécurité : En ce qui concerne la pollution, les experts estiment que les gaz identifiés sur la partie en combustion du terril sont, globalement, de même nature que ceux issus des exploitations de schistes en combustion des régions minières et de moindre quantité. Par ailleurs, les produits identifiés comme les plus polluants, déversés par l'ancienne usine MAGLUM, ne se situent pas dans la partie en combustion du terril. De ce fait, les quantités résiduelles des produits qui pourraient se trouver dans la partie incandescente, ne paraissent pas de nature à augmenter de façon sensible la pollution ambiante constatée sur le secteur.


CONCLUSION : M. DUBEST, Président de séance, rappelle les éléments essentiels des deux techniques envisagées, fait part de la solution qu'il préfère retenir et invite les experts à se prononcer sur ce point. A l'unanimité des membres présents, la solution de l'exploitation du terril par la D.A.T.D. est retenue. La proposition de la Sté BSDV, à la demande de la S.A.R.P., a été rejetée pour les motifs suivants :
-Cette société possède des références certaines en ce qui concerne la récupération et le traitement des gaz générés par les décharges, mais ne possède aucune expérience dans le domaine minier.
-L'extinction par étapes successives n'est pas certaine d'être réalisée complètement (des expériences d'extinction à l'azote dans des cavités isolées de tout contact avec l'air ont échoué).
-Le procédé est long et coûteux et ne présente pas toutes les garanties nécessaires en matière de sécurité (le remodelage du site peut provoquer les mêmes effets que ceux issus d'une exploitation).

Avant de présenter les conclusions du Groupe de Travail à M. le SOUS-PREFET de l'Arrondissement de LURE et aux Maires des communes de RONCHAMP et CHAMPAGNEY, M. DUBEST précise qu'il conviendra de respecter les modalités ci-après :
- Obtenir l'accord du propriétaire (négociations à mener entre le Conseil Général et M. VIALIS).
- Réaliser les travaux dans les meilleurs délais.
- Analyser, sous contrôle de la D.R.I.R.E., les schistes afin d'éviter tout transfert de pollution.
- Exploiter la totalité de la partie actuellement en combustion afin d'annuler la gêne actuellement provoquée par les fumées.
- Analyser les eaux résiduelles issues de la pulvérisation des schistes en combustion afin de maîtriser une éventuelle pollution du milieu naturel à proximité du chantier.
- Maintenir le dispositif mis en place pour la surveillance de l'air pendant les travaux.

Les experts : - Mme GUEY représentant la DRIRE - M. BARTOSZAK, de la Société SURSCHISTE, - M. WINZERICH, représentant les Houillères de LORRAINE - M. PAQUETTE, représentant l'INERIS - M. le Cdt BAUTHEAC, D.D.S.I.S. - M. QUINQUIS, D.S.C. Les représentants de la Préfecture : - M. SCHAFER, SIDPC, - M. FOISSEY , Adjoint au SIDPC. (Rapport du 7 mars 1994 par Yves Paquette)

Pollution nulle

« Le terril en ignition de l'ancienne usine Maglum propriété Vialis, est placé constamment sous surveillance. Et si les fumées se répandent parfois de façon spectaculaire d'après les relevés effectués, il ne semble pas qu'il y ait lieu de s'inquiéter. Les dernières mesures ont été effectuées, ce mardi 1er mars, par les services de la Direction départementale des Services d'incendie et de secours de la Haute-Saône. Ils ont été immédiatement communiqués à la mairie de Champagney, sur des notes écrites sur du papier à entête de la préfecture de la Haute-Saône. Au collège Schœlcher : mesure de dioxyde de soufre SO2: concentration nulle (0 part pour mille), par temps couvert, vent nul, température de 9°. Sur le terril: mesure de dioxyde de soufre à 10 cm du sol : résultat, 14 parts pour mille. Á 120 cm du sol, 6 parts pour mille (seuil 5 ppm). Le monoxyde de carbone (communément appelé oxyde de carbone, sans danger jusqu'à 50 ppm ; léger mal de tête à la longue à la concentration de 100 ppm ; mal de tête sévère et troubles à 500 ppm ; perte de connaissance à 1000 ppm ; coma à 2000 ppm). Á Ronchamp, lieudit « La Ruche » : concentration 3 ppm ; vers le bar PMU : concentration 2 ppm ; vers la mairie : concentration 3 ppm ; vers le parc du magasin Champion : 0 ppm. A Champagney, rue du Plain : concentration 2 ppm ; à la Houillère : concentration 12 ppm. Partout signalé : risque néant. »

Aménagement d'une plate-forme pour l'évacuation du terril en feu

« Depuis hier matin (mardi 8 mars), un incessant va-et-vient de camions-bennes transite par la rue de l'Industrie depuis le terril de l'ancien puits Saint-Charles à Lyoffans. Cette navette de poids lourds confirme la décision prise au niveau des experts de mettre un terme à la combustion du terril. Dans un premier temps, une plate-forme est aménagée à côté du Rahin où les schistes noirs sont évacués afin de permettre aux engins d'approcher le crassier fumant et malodorant, toujours isolé par la tranchée, qui sera exploité et évacué en bonne et due forme. Le godet du bulldozer de la STPI enlève le remblai chargé dans les bennes pendant qu'un Caterpillar de la GTM aménage la voie d'accès et de sortie des camions. Viendra ensuite l'exploitation des schistes rouges et inertes et la partie incandescente dont l'extraction sera entreprise en même temps que l'évacuation avec toutes les garanties de sécurité indispensables pour mener à bien cette délicate opération. Au grand soulagement des riverains de ce braséro ardent et fumant ! »

Déjà des réactions... « Ça tousse du côté des membres du comité de suivi. Témoin cette lettre ouverte envoyée hier au préfet de la Haute-Saône à la suite de la réunion de lundi soir en mairie de Champagney. Courrier signé par des représentants du comité d'action et de la FCPE, par la présidente de Vosges saônoises vivantes, par les maires de Ronchamp et de Champagney, par le conseiller général du canton, par le député suppléant, par des médecins. Bref, là décision prise à la suite de la réunion de Lure lundi (nos colonnes d'hier) d'accélérer le processus d'extinction du terril en feu amène de la part de ces signataires un certain nombre de remarques. Selon eux « l'arrêté préfectoral pris le 24 février ne reflète pas la teneur des propos du préfet lors de la rencontre à la même date ». Ils s'étonnent « d'apprendre des maires que l'installation n'est pas classée, ce qui met en cause la viabilité de l'arrêté de mise en demeure à l'encontre du propriétaire, et qu'une décision a été prise ce jour (lundi) sans que le comité de suivi ne soit consulté ». Ils s'interrogent « sur les conséquences de la dite décision : activation des fumées et des poussières, risques de transfert des pollutions ». Ces membres du comité de suivi exigent « que l'enlèvement des schistes en combustion soit soumis au comité de suivi pour consultation, la mise en place d'appareils de mesure fiables pour enregistrer de façon permanente plusieurs gaz dans plusieurs directions, d'être tenus informés en permanence de tous les contrôles ».

Terril : élus et associations veulent une réunion du comité de suivi. « Les pouvoirs publics répondent : le comité de suivi n'est qu'une instance d'information et de de travail. Le conseiller général Hubert Guerrin, le comité d'action et l'association Vosges-Saônoises Vivantes adressent une nouvelle lettre au préfet de Haute-Saône, afin qu'une réunion du comité de suivi soit organisée dans les jours qui viennent, « avant l'exploitation du terril en feu ». Les mêmes, plus les médecins, les maires et le député, suppléant, s'étonnaient la veille, que la décision d'engager les travaux d'extinction ait été prise sans consultation du comité de suivi. Les trois signataires de cette nouvelle lettre se plaignent d'avoir été « contournés ». « Nous ne pensons pas qu'une solution sérieuse peut être trouvée à un problème sérieux en négligeant la démarche démocratique ». Une nouvelle demande de réunion du comité de suivi est donc adressée au préfet en y associant les deux organismes susceptibles d'éteindre le terril, la direction de l'aménagement et des transports du département et la SARP, société bourguignonne. »

« Arrières pensées » « Réponse des pouvoirs publics : « Le comité de suivi est un cercle d'information. C'est une réunion périodique de personnes intéressées par le problème. Elle est uniquement destinée à informer et ce n'est pas un comité de travail ». « II y a un problème technique qui est en passe d'être solutionné, ajoute Cyrille Chassagnard, le sous-préfet de Lure. Des experts nationaux sont venus et ont délibéré après-midi entière. La solution est en cours. Elle devra être rapide et son coût sera supporté par le propriétaire. Le problème est à 5% d'ordre technique. Le reste est noué par des arrières pensées, étrangères à l'intérêt véritable de la population ». D'autre part, le représentant de l'État précise qu'un calendrier précis d'installation du matériel de surveillance de l'atmosphère sera prochainement établi et qu'une étude épidémiologique complète allait être établie par le réseau national de santé publique. » (E.R.-09/03/1994)

Face Nord du terril Début des travaux La partie Sud du terril

Situation ubuesque pour les Verts!

« Le sous-préfet Cyrille Chassagnard explique que la solution utilisée pour éteindre le feu, à Ronchamp, donne de bons résultats. Pour les Verts Nord-Franche-Comté, la situation est ubuesque ! Explications. Dans un communiqué remis à la presse samedi matin (12 mars), le sous-préfet Cyrille Chassagnard s'inquiète des déclarations alarmistes faites actuellement sur le procédé d'extinction, « de la part de personnes ou de groupes mal informés » dit-il. Il poursuit : « La solution d'extinction en cours a été choisie comme la meilleure par un comité d'experts reconnus au plan national. Contrairement aux allégations parfois entendues, cette solution a été utilisée sur d'autres sites et a donné d'excellents résultats ». « Les précautions nécessaires sont et seront prises, aux différents stades, pour prévenir pendant les travaux toute pollution accidentelle de l'air, de la nappe phréatique et des sites sur lesquels sont employés les matériaux. C'est ainsi que sont et seront contrôlés en permanence l'air aux environs du terril, les eaux de ruissellement et les schistes transportés. Les enlèvements de schistes sont opérés sous le contrôle d'inspecteurs des installations classées, qui s'appuient sur des analyses de carottages effectuées en laboratoire. Les résultats de ces analyses seront régulièrement publiés ». « Il importe donc de ne pas accorder foi à des discours tendancieux s'apparentant à la propagation de fausses nouvelles ». Il conclut : « Il convient de rappeler que l'information sur la situation et son évolution a toujours, depuis le début, été diffusée sans délai et sans restriction, que ce soit par affichage, communiqués à la presse, information directe des élus, ou dans le cadre du comité de suivi et de concertation réuni périodiquement en sous-préfecture, et dont la prochaine séance est fixée au 18 mars ».

Les Verts pas d'accord. « Les Verts Nord-Franche, sous la plume de leur porte-parole Daniel Feurtey, et dont les membres sont associés au comité de défense local, parlent aujourd'hui d'une situation grave. Ils dénoncent la solution choisie par la préfecture. « Le choix d'extraire les schistes non brulés pour aller les étendre sur la zone de l'échangeur de Lyoffans est ubuesque car ces schistes sont contaminés par des métaux tels que le zinc et le plomb, ce qui, inexorablement, entrainera une pollution supplémentaire de la nappe phréatique par infiltration et ruissellement des eaux ». « La suite du projet ne fera qu'aggraver la situation : après avoir décapé la zone du terril, le projet d'étaler les schistes en combustion activera le dégagement des fumées toxiques. Or, à l'heure actuelle, la population voisine du terril ressent déjà des gênes respiratoires importantes et constatées par des services médicaux. Avec une fumée réactivée, la zone deviendra simplement irrespirable ». « Une autre solution existe mais elle coûte cher. La santé de la population n'a-t-elle pas de prix ? » « Les Verts NFC en soutien total avec le comité de suivi, étudient sérieusement la proposition alternative proposée par la société experte SAPR. Ils attendent des services publics qu'ils arrêtent immédiatement d'aggraver le problème et qu'ils ouvrent une concertation franche et loyale avec la population ». (Le Pays-13/03/1994-GB) Nouvelle réunion du Comité de suivi le 18 en sous-préfecture à 16h30.

Terril « pas de véritable pollution métallique en zinc »

« La sous-préfecture de Lure a rendu public hier (13 mars) un rapport d'analyse de l'Ineris et du laboratoire d'énergétique et des techniques de maintenance industrielle (LETMI) de Vesoul. L'étude concerne des prélèvements de schistes effectués le 9 février et le 10 mars, sur la masse destinée à être exploitée par la direction de l'aménagement et des transports du département (DATD). Sur 9 points de prélèvement, deux montrent une « légère concentration » en zinc, à 61 et 160 mg/kg. Les normes varient entre les pays. Si les Canadiens considèrent que la limite de non-contamination est de 100 mg/kg, le rapport fait état d'un document français mentionne que le maximum normal de l'élément zinc dans les sols est de 300 mg/kg. « Les concentrations mesurées ne permettent donc pas de parler d'une véritable pollution métallique en zinc », poursuit le rapport d'Ineris. « Des prélèvements complémentaires seront toutefois effectués par la DATD autour des points (de prélèvement à teneur en zinc) pour préciser le volume concerné par cette légère augmentation de teneur en zinc et prendre les mesures nécessaires pour un tri éventuel des matériaux qui pourraient être prélevés, voire une dilution avec des matériaux non pollués, s'il s'avérait y avoir des teneurs supérieures à 200 mg/kg ». Les pouvoirs publics concluent donc que l'usage des matériaux en cours est « parfaitement autorisé » par les analyses concernant les teneurs en zinc. » (E.R.-14/03/1994)

Conseil municipal et extinction du terril

« L'extinction du terril a été évoquée lors du dernier conseil municipal de Champagney. Le sujet a été abordé en fin de réunion au moment des questions diverses. Le maire de Champagney, Gérard Poivey, s'exprime après la réunion qui s'est tenue en sous-préfecture de Lure le 7 mars dernier. « Une société, la SARP, agissant au nom d'une autre société, a proposé d'enrober le terril dans une couche de glaise, puis de tenter l'extinction par injection d'azote liquide durant 2 à 3 semaines. Coût : 9 millions de francs. Puis bâchage du terril et surveillance durant 12 à 18 mois, coût : 11 MF. Au total : 20 MF. Une solution sans garantie de résultat, sans garantie qu'il n'y aura pas de risque de pollution ». D'autant que, d'après les experts, l'étanchéité par la glaise n'est pas plausible. La glaise séchant en deux ou trois jours va se fissurer, et les fissures créeront un appel d'air qui, au contraire, activera le foyer. Gérard Poivey poursuit : « La solution mise en application depuis cette semaine est une solution qui a déjà été maintes fois utilisée, et qui a fait ses preuves. La seule chose que nous demandons, c'est une surveillance serrée de tous risques de pollution, qui a été mise en place aussitôt (analyse des schistes transportés à Lyoffans, analyse quotidienne de l'atmosphère aux abords du terril ». M. Gousserey pose alors la question : « Pourquoi certaines associations refusent-elles la solution mise en place ? » M. Poivey répond : « Je ne veux point entrer dans certaines considérations ; disons que des associations ne voudraient que leur solution à elles. Pourtant, pour nous, qui sommes responsables, élus, l'important est d'obtenir l'extinction la plus rapide de ce terril, aux moindres risques ». Gérard Poivey a souligné que le rôle des associations a été positif. « C'est grâce à elles que le processus d'extinction a été lancé » dit-il. »

Réunion le 18 mars.« Le sous-préfet est venu à Champagney le mercredi 9 mars. M. Poivey tient à préciser : « Cette réunion du sous-préfet avec le maire du chef-lieu de canton était prévue. On a bien sûr parlé du terril. Mais de là à être accusé de tenter de contourner certaines associations, je trouve cela parfaitement scandaleux. Je reçois qui je veux en mairie, sans avoir à en référer à quiconque ». « Quant à la réunion prévue le vendredi 18 mars, en sous-préfecture, qu'on sache bien que cette réunion a été prévue lors de la rencontre du lundi 7 mars, à l'initiative du maire de Ronchamp et de moi-même. Pour faire le point. J'en assume — et le maire de Ronchamp avec moi — la seule responsabilité. Le maire de Champagney signale aussi « que les experts se sont prononcés, le sous-préfet a décidé. Il a pris ses responsabilités ».(Le Pays-14/03/1994-GB)

Terril : on avance

« Les travaux d'évacuation des schistes morts de la partie sud du terril de Ronchamp ont débuté mardi dernier. Une dizaine de camions se relaient pour porter leur cargaison sur la déviation de Lyoffans ; sur place une pelleteuse de la STPI de Ronchamp charge les bennes, et un bull de la GTM, venu de Frotey, veille à la stabilité des accès au crassier. Bientôt va pouvoir débuter l'excavation proprement dite du terril en ignition. On en saura un peu plus sur la question vendredi prochain, 18 mars, à l'issue de la nouvelle réunion en sous-préfecture. » (Le Pays-15/03/1994-G.B.)

Le terril de Ronchamp attise les débats

« L'auditoire venu assister aux débats consacrés par le conseil municipal à la question du terril de Ronchamp est resté sur sa faim, n'ayant pas été autorisé à intervenir au cours de cette réunion. Le dossier fut évoqué par le maire, juste avant le «huis clos» consacré à la SOMERO. Gérard Poivey s'est donc attardé sur ce terril en feu dont l'association Vosges saônoises vivantes a signalé l'existence et le danger sur la santé que présentaient les émanations toxiques, et qui depuis, a fait couler beaucoup d'encre. Une voie d'approche est en cours d'exécution en direction du brasier toujours en... activité. Son extinction sera tentée par épandage des schistes incandescents et neutralisés par pulvérisation selon une technique éprouvée sur les sites miniers du Nord. Ce procédé a été choisi par les pouvoirs publics ; celui préconisé par la SARP (injection d'azote et couverture d'une chape de terre glaise) n'étant pas garanti à cent pour cent. »

« On ne va pas cracher dans la soupe » « Le même public s'est ensuite rendu à la mairie de Ronchamp où là aussi, le conseil municipal tenait une réunion. Il n'a pas sollicité la parole, au cours des débats. Jean-Marie Maire est venu spontanément rejoindre les personnes dans le couloir pour un aparté concernant le terril. Elles dénoncent la « légèreté de l'opération et l'impact sur la santé de la population ». Nul ne conteste qu'il y a vraiment une pollution. Mais la formule choisie dans l'immédiat par les pouvoirs public pour l'extinction du feu, passe par l'enlèvement des schistes, tout en multipliant la surveillance de l'atmosphère environnante. Jean-Marie Maire est conscient que des problèmes vont surgir et qu'il faudra à ce moment apporter des solutions complémentaires « l'idéal n'existe pas ». « Les Ronchampois et les Champagnerots directement concernés par la pollution ne comprendraient pas que des actions soient menées aujourd'hui, pour faire stopper les travaux d'enlèvement. L'État et le département ont trouvé cette solution pour évacuer les schistes analysés et quel que soit le prix, on ne va pas cracher dans la soupe ! » Il y a volonté d'extinction dans les conditions les meilleures possibles, pour mettre fin aux nuisances, avant la nouvelle saison touristique. » (ER-15/03/1994-DF)

Les camions en action Terril et tractopelle Chargement terril

Terril: renforcement du contrôle de l'air et des schistes

« Depuis hier matin, les engins de chantier s'attaquent prudemment au cœur du problème. Á mesure que la chaleur des matières en combustion du terril se fait sentir en bout des godets et dans les bennes, la température baisse dans les propos. La teneur des derniers communiqués laissait penser l'inverse. Depuis le 7 mars et l'annonce du lancement de la procédure d'extinction, l'État a bétonné ses positions et rendu coup pour coup face aux associations fermement opposées à ce procédé imaginé par la Direction de l'aménagement et des transports du Département. Exit les propositions de la SARP... Le site du terril se transforme à vue d'œil. Les engins de chantier commencent depuis hier matin à s'approcher doucement et prudemment des matières en combustion, après avoir évacué les schistes noirs (8.000 m3 ont déjà quitté le site) en direction de la déviation de Lyoffans-Frotey. »

« Transparence complète » « L'opération ne sera plus menée au même rythme que celui des jours derniers, lorsqu'il s'agissait uniquement d'aménager la plate-forme. Car cette fois, on s'approche des schistes chauds, très chauds, et comme le reconnaissait hier le sous-préfet de Lure Cyrille Chassagnard, « il y a une certaine incertitude quand on va attaquer le cœur du problème ». Le délai ? « On ne s'avance pas à donner une estimation soumise à un certain nombre d'impondérables » répond-il. Hier soir, à l'issue de la réunion du comité de suivi, Cyrille Chassagnard ne cachait pas que l'atmosphère du débat s'était nettement adoucie. Et ce n'est pas le conseiller général Hubert Guerrin rencontré au bas de l'escalier de l'ancienne abbaye qui nous contredira. « Ce fut une très bonne réunion » a résumé le représentant de l'État, en affirmant qu'il y avait une « transparence complète » et qu'il n'était pas question « de mise à l'écart et de rétention d'information ».

Contrôler le monoxyde de carbone. « Le sous-préfet a annoncé les renforcements des contrôles de l'air et des matières. Mesures qui vont d'ailleurs dans le sens de la demande régulièrement formulée par les associations, le comité d'action et les élus. Depuis hier, deux appareils de contrôle continu supplémentaires ont été installés (mesure du CO2, et du NOX l'oxyde d'azote), l'un chez un particulier à 300 m du terril, l'autre à 800 m dans une propriété communale. Pour mesurer le taux de phénol et de formol en suspension dans l'air, des particuliers seront munis d'un badge. Reprenant les conclusions de la commission locale de santé publique, la DDASS demande de surveiller attentivement les hydrocarbures polycycliques aromatisés. Ce contrôle des micropoussières sera mis en place assure le sous-préfet. Les associations souhaitent pour leur part que l'on mette en œuvre un appareil (il coute 100.000 F) de mesure du CO, le monoxyde de carbone très toxique. Cyrille Chassagnard a promis que la demande sera étudiée. Des prélèvements quotidiens sont effectués quotidiennement dans les chargements. « Rien d'inquiétant, quelques traces de zinc » relève une fois encore le sous-préfet. Les résultats de ces prélèvements seront affichés sur le site, à Ronchamp, Champagney, Lyoffans et Frotey-les-Lure. Prochaine réunion du comité de suivi dans dix ou quinze jours, sur le site du terril. »

Nouvelle plainte de la CPEPESC. « Hier soir, la Commission de protection des eaux nous a transmis un communiqué sous le titre « Après les élus, l'administration se met aussi à enterrer les déchets toxiques ». La CPEPESC annonce qu'elle a porté plainte auprès du doyen des juges d'instruction et s'est constituée partie civile. « Il faudrait en finir une fois pour toute de croire qu'en enterrant des déchets polluants on élimine les risques de pollution occasionnés par ces déchets » écrit l'association. (ER-19/03/1994-DF)

Sous haute surveillance

« L'enlèvement des schistes du terril en feu a commencé et les appareils de mesure des gaz sont en place. Nous en avons trouvé un. Il est évident que remuer des tonnes de terril qui ont subi l'épreuve de la combustion, voire qui sont en ignition, cela ne va pas sans provoquer des fumées supplémentaires, une activation du feu qui couvait en profondeur : cela risque de faire monter le niveau de pollution, qui était, aux derniers résultats « ponctuels », quasiment nul. Pour ce faire, la DRIRE a installé, à demeure, dans des points précis des deux localités de Champagney et de Ronchamp, des appareils automatiques de détection des vapeurs nitreuses et des vapeurs sulfureuses ; appareils qui travaillent au millionième (millième de ppm) et qui sont tellement sensibles que leur thermomètre détecte à un mètre la chaleur dégagée par une personne. Il en est un que nous avons pu photographier en compagnie du maire de Champagney installé à quelques centaines de mètres du terril, à Champagney, au Plain, dans une propriété privée pour éviter d'éventuelles déprédations » d'après M. Poivey. Ces appareils fonctionnent en permanence, 24 heures sur 24 et sont dans un site protégé étant donné leur valeur propre. Les premiers résultats, ceux de la première journée de travail directement sur le terril n'ont pas été publiés hier soir ; à cela une raison bien simple : il faut vérifier l'étalonnage. En effet, les appareils de mesure arrivent sur place avec un étalonnage de référence ; il faut donc l'adapter au lieu et aux circonstances. Par ailleurs, aujourd'hui seront installés des capteurs de poussières ; il en aura 7 à Ronchamp et 5 à Champagney. » (Le Pays-23/03/1994- FP)

Les camions en action Appareil de mesure
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