LA TURBINE HYDRAULIQUE DE LA FILATURE DE RONCHAMP

Machine hydraulique filature

Bien avant la révolution de 1789, il existait un moulin entrainé par une roue à aubes sur un canal à l'Est de Ronchamp. L'alimentation de ce canal se faisait par une prise d'eau sur le Rahin à près d'un km en amont, derrière les anciens bâtiments de Houillères et de la Maglum de nos jours. Sur le plan de Ronchamp de 1782, ce canal porte le nom de « Canal du Moulin ». L'eau était puisée dans le Rahin et certainement régulée par un système de vanne. L'eau était acheminée par un ruisseau serpentant entre les deux points. On retrouve son tracé sur le cadastre napoléonien de 1833, exécuté d'après les examens sur le terrain par les géomètres. C'est sans doute à cette époque que s'installe une fabrique de quincaillerie où une roue à aubes pouvait entrainer des martinets.

En 1842, Pierre Charles Guillaume Ferguson-Tepper vient sur le site pour installer un tissage mécanique. Une machine à vapeur est utilisée à partir de 1849 pour faire fonctionner les métiers à tisser. Il est probable que c'est à cette époque que le canal est mis en service dans sa version que nous connaissons actuellement. Entre le moulin et le Rahin on a une distance d'environ 1000 mètres pour un dénivelé de 10 mètres environ. Le canal est installé sur un terreplein pour obtenir une chute de 3 à 4 mètres au niveau du moulin. Il part vers l'Est par une grande courbe avant de brutalement bifurquer à gauche en ligne droite vers le Rahin. En1849, le Puits Saint Charles est en pleine activité et les schistes sont étalés en suivant le bord du canal. En 1850 on est en pleine révolution industrielle et il est probable que c'est à cette période que l'on va installer une turbine hydraulique en transformant le bâtiment originel. Elle entrainera un alternateur pour la production d'électricité. Les moteurs électriques vont pouvoir remplacer la machine à vapeur. Cette machine à vapeur fonctionnera jusqu'au début des années 1900 comme le montre une carte postale avec deux cheminées fumantes. Ce n'est que vers 1910 que la fée électricité arrive presque partout à Ronchamp et ailleurs avec la mise en service de la centrale électrique du Chanois.

Dans le local technique sur le canal on installe une turbine hydraulique basse chute à axe vertical (photo 2). En bout d'axe est monté le système d'entrainement de l'alternateur (direct ou par engrenage conique). Toute cette installation a sans doute vu le jour vers 1860, comme le montre une plaque d'identification d'un rhéostat fabriqué par l'entreprise ''Japy Frères et Cie'' de Beaucourt. En 1922 cette entreprise possédait un camion Berliet pour ses livraisons. Le principe de fonctionnement est simple ; l'eau filtrée (bois mort, etc…) arrive du canal dans un gros réceptacle en partie circulaire et par une conduite forcée en acier de 3 à 4 mètres de haut elle entraine la rotation de la turbine avant de s'évacuer dans un canal. Ce canal souterrain débouche 50 mètres plus loin en passant sous les bâtiments, puis longe la rue du Canal et va se jeter plus loin dans le Rahin à proximité du pont. À quelques mètres de la grille de filtrage il existait deux vannes manuelles qui pouvaient être ouvertes en cas de crues. Elles servaient aussi pour évacuer l'eau du canal en cas d'intervention dans la fosse de la turbine. Cette eau s'évacuait par un petit canal de détente qui se jetait dans le Rahin juste avant le pont Strauss actuel. À noter aussi l'existence d'un autre petit canal d'arrivée d'eau référencé sur le cadastre et visible sur les prises de vues aériennes. Il était alimenté par une vanne disposée sur le bord du canal supérieur. L'arrivé de l'électricité sur tout le territoire a nécessité la construction d'un nouveau bâtiment en bout de l'antique local et l'installation de transformateurs électriques pour le fonctionnement de tout le site.

Cet antique petit bâtiment est resté dans son état jusqu'à fin juillet/début aout 2019 où, ''sans tambour ni trompette'', on a tout rasé, rebouché et ferraillé. D'un coté on réhabilite les bâtiments industriels pour garder la trace du passé et de l'autre on efface un bâtiment et sa superbe machine ! Quel paradoxe ! Et pourtant, dans le dossier de presse de septembre 2015, page 10, il est écrit : « Le site bénéficie d'une architecture industrielle qui reflète plusieurs époques. Il s'agit aujourd'hui de se le réapproprier en l'adaptant aux besoins des entreprises, des services et de la population. Certaines parties caractéristiques du patrimoine industriel seront conservées dans le projet : les bâtiments de production en sheds (un symbole qui a servi pour le visuel du festival Défense de Nettoyer en Marche et qui a été la base du logo actuel de la Filature), l'ancien canal, l'ancienne turbine et l'ancien logement patronal (actuel siège de la CCRC). »

Plan cadastral Principe d'une turbine Vue aérienne filature Engrenages et manivelles Vannes L'étage supérieur
Engrenage conique Engrenages Vue sur l'extérieur Fenêtres Bâtiment directorial Rue d'Amont
Local technique Vue coté Est Vanne extérieure Engrenages Vue générale local Grille de filtrage
Vigne vierge Trappe sous-sol Machinerie Conduite forcée Turbine et conduite forcée Manchon de jonction
Vue gauche Système régulation Réceptacle Rhéostat Tuyau trop-plein Vieille porte en bois
Emplacement canal Petit canal parallèle Vanne manuelle Ferraillage Verrue Publicité
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