« J'AURAIS BIEN AIMÉ QU'IL Y AIT AU MOINS QUELQUES PHOTOS DE CE TEMPS LÀ ! »

Le passé

Les samedi 21 et dimanche 22 mai 2011, l'ancienne filature a repris vie l'espace d'un weekend au gré du festival d'art contemporain « Défense de nettoyer en marche ». Une dizaine d'artistes et collectifs de plasticiens investiront l'intérieur et l'extérieur de la friche industrielle avec des projets spécialement imaginés et créés pour les lieux. Un cri du cœur lancé comme un cri de mémoire par cet ancien employé de la filature, une entreprise autrefois florissante où il a passé plus de 40 ans de sa vie, et dans l'enceinte de laquelle, bien que demeurant à proximité, il revenait pour la première fois depuis 1988, année de sa mise en préretraite par mesure économique. Cette «Filature» où nombre de ronchampois ont comme lui effectué toute ou grande partie de leur vie professionnelle, et où nombre d'entre eux (et elles) ont décidé de revenir à l'occasion de ce festival des arts contemporains. L'objectif était bien sûr de montrer ces bâtiments, encore tous il est vrai dans un bon état général, et d'en faire le temps d'un évènement, un lieu de rencontre sur le thème de l'art et de la culture, mais aussi de réflexion sur leur devenir.

Mais pour ces visiteurs, anciens salariés de la filature, c'est la vision « d'un grand vide » comme l'analysait la voix empreinte d'une émotion difficilement retenue, Yvan Rantic ancien contremaitre, après un long temps de silence le regard perdu, bien au-delà des murs de ces ateliers vidés de leur substance. Car elles et eux, ces visiteurs du retour comme l'ont été avec eux bien des ronchampois, étaient en recherche d'un certain passé. Qu'ils n'ont pas trouvé. Parmi eux, peu se sont intéressés aux œuvres de la dizaine d'artistes contemporains, disposées au hasard d'une salle, ilots d'imaginaire, d'abstrait, de modernité, dans ce cadre où pour eux, tout était concret, palpable, matériel.... Vivant ! «Ici c'était le local où arrivait le coton brut... là, la salle des cardeuses, là-bas, c'était l'atelier du battage... en enfilade derrière cette porte, la salle des étirages,... de l'autre côté les continus à filet... Là, on avait installé les dernières machines Russes, qui sortaient le fil par vitesse gravitationnelle... le local laboratoire de contrôle... le bureau de la maîtrise d'atelier... le bâtiment chaudière... le transformateur électrique... Regardez, le système aérotherme n'a même pas été changé !...».

Mais on le sent à ce ton grave dans la voix entrecoupé de silences, l'âme du lieu a disparu. Ce n'est plus «leur» usine, ce qu'ils étaient venu tenter de rechercher, ils ne l'ont pas retrouvé. La tête basse mais pleine de ces images d'un autre temps qu'ils ont partagé ici, le pas un peu moins vif et déterminé qu'il y a 25, 30 ou 40 ans, sans même un regard vers les stands de buvette ou le barbecue abrités sur ce qui était «de leur temps» la zone d'expédition des produits finis, ils s'en sont retournés chez eux. Déçus ? «Non pas vraiment...» Nouveau silence nostalgique «Mais si, un peu pourtant, j'aurais bien aimé qu'il y ait au moins quelques photos de ce temps là I...». Ce temps là, où de la filature sortaient par milliers, cônes, bobines et canettes de fil de coton. C'était autrefois. Un temps que l'on ne reverra plus. La page est tournée, la filature doit maintenant muer. Ce festival aurait-il aidé à le faire ?(Les affiches du 27 mai 2011)

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