LA FONDERIE GIRARDOT DE RONCHAMP 1875-2020

La fonderie au bord du Rahin

La fonderie: 1875-2020

Le nom de Girardot est connu dans la région comme faisant partie de la grande famille des fondeurs. Ce nom est associé à plusieurs fonderies implantées en Haute Saône dès le 19e siècle et la révolution industrielle : à Beaumotte, Magny-Vernois, Lure et Ronchamp. Dès 1831, Claude Antoine Joseph Girardot né à Beaumotte et un associé, déposent un brevet pour un fourneau. Un peu plus tard, il déménage son entreprise à Lure (peut-être vers 1850), derrière la gare et fabrique des fourneaux ; à 4 marmites, de cuisine, des poêles à bois et à charbon, etc… Le 15 aout 1866, François Girardot est autorisé à mettre en activité une ''fonderie de cuivre au creuset''. Cette production sera développée par son fils Onésime. En 1875 François Girardot déménage sa fonderie de métaux non ferreux à Ronchamp, entre le Rahin et les corons de la mine. Elle emploie 20 hommes et 5 enfants et produit essentiellement des pièces de robinetterie en laiton et en bronze et une série d'articles en cuivre. Entre temps François a épousé Anastasia Poncet et ont un fils prénommé Onésime né en 1858. La société fonctionnera un certain temps sous le vocable ''Poncet-Girardot''. C'est Onésime qui prend les rennes de la société au décès de son père le 22 octobre 1891. Une machine à vapeur est attestée en 1893. Le 9 octobre 1894 Onésime épouse Marie Eugénie Adèle Bavoux. Le nombre d'employés sera fluctuant : en 1878 l'effectif est de 20 et en 1893 on a 7 hommes et 10 enfants, en 1918 l'effectif passe à 45 employés et même 58 en 1931, une trentaine d'ouvriers sont au travail entre 1970 et 2005.

Onésime entreprend des agrandissements et l'adjonction de nouveaux bâtiments entre 1888 et 1903 ; écurie, forge, atelier de fonderie, remises, etc… Vers 1910 la société change son fusil d'épaule et se tourne vers la production de pièces en fonte de fer. On abandonne l'atelier originel au profit d'un grand atelier surmonté d'une charpente métallique provenant des Établissements Paul Gay d'Héricourt, vendus en 1919. La production est essentiellement tournée vers la florissante industrie textile et le bâtiment (colonnes, plaques, regards). Avant ce changement l'usine occupe environ 45 employés et produit environ 600 tonnes de fonte et plus de 12 tonnes de cuivre pour les poêles et les fourneaux.

Le 22 juin 1924, une page se tourne avec le décès d'Onésime où son fils Louis Constant Octave Joseph, Ingénieur des Arts et Métiers, né le 05/10/1897, prend l'affaire en main dès 1925. Des documents de cette époque montrent la commercialisation d'outils et de pièces de quincaillerie. Il vend des gaufriers à une, deux où trois gaufres, que l'on trouve aujourd'hui dans les brocantes ! Il fabrique également des portes de ramonage, des pieds et des cols de cygne pour les cordonniers, des patins de voitures et même des dames de cantonniers. L'usine est agrandie en vue de nouveaux marchés sous l'impulsion de son patron Louis Girardot. En 1960 la fabrication est étendue en produisant des matrices d'emboutissage pour l'industrie automobile.

En 1968, son fils Jean-Louis reprend l'affaire qui deviendra SOFOGIR (Société de Fonderie Girardot) en 1969 et réalise des agrandissements en 1990 et 1993. Le 20 décembre 1979 Louis décède des suites d'une longue maladie. En 1979, l'entreprise amorce un nouveau virage avec la production de pièces en alliage d'aluminium pour l'industrie aéronautique où les classiques cubilots sont remplacés par des fours électriques ou à gaz. La société continue de produire du matériel en fonte de fer comme cette commande passée en 2004 par le Conseil Municipal de Belfort sous l'égide de son maire, Jean-Pierre Chevènement. L'arrêté N° 04.2822 du 24 novembre 2004 engage la société SOFOGIR à fournir des garde-corps et demi-piliers en fonte type « Ville de Belfort » pour un montant de 55.147 euros.

En 2005, Jean-Louis Girardot vend son affaire à Alain Fourès de Luxeuil-les-Bains qui l'a achetée pour son fils Ludovic. La société aura pour nom SAS SOFOGIR où le père et le fils se partagent les postes de dirigeants. La capacité de production a doublé en 2006 ; elle comprend notamment quatre fours électriques et trois fours à gaz. Au mois d'avril 2011, après la crise économique de 2008, le président Alain Fourès se trouve dans une profonde impasse et lance un cri d'alarme ; la SOFOGIR pourrait disparaitre s'il ne trouve pas de liquidités. À la reprise de la société en 2005, le chiffre d'affaires était de l'ordre de 2 millions d'euros et trois années plus tard ce chiffre avait doublé avec une belle progression des embauches (45 salariés). Des projets étaient à l'étude pour une extension des ateliers et l'achat de deux nouveaux fours à induction avec chargement automatique. Du jour au lendemain le chiffre d'affaire a baissé de 60% entrainant une réduction du nombre des salariés. En avril 2010, Alain Fourès fait le choix de déposer le bilan et le Tribunal de Commerce de Vesoul lui accorde une poursuite de l'activité de 6 mois. A cette époque les principaux donneurs d'ordre sont Faurecia, Alsthom et Saint-Gobain à Pont-à-Mousson qui assurent un carnet de commandes de près de 6 mois. Mais il a besoin de liquidités pour redémarrer ; 100.000 euros ! Ayant pourtant frappé à toutes les portes des banques, il est dans l'impasse. En février 2012 l'entreprise est mise en liquidation avec clôture pour insuffisance d'actifs en octobre 2014.

En septembre 2016 l'affaire est reprise par Stéphane Fortel sous le nom de Fonderie SOFOGIR. Elle produit de grosses pièces en sous-traitance de fonderies plus importantes ainsi que des pièces pour les collectivités. Elle emploie 6 salariés et possède 2 fours électriques capables de fondre 1,4 tonnes de fonte chacun. En avril 2018 la société est en difficultés : « Sa banque lui refuse un prêt et ne peut bénéficier d'avances remboursables au titre de la création d'emplois…» (E.R. du 11 avril 2018). Le 30 octobre 2017 la société est en cessation de paiements et un jugement prononce l'ouverture d'une procédure de redressement judiciaire. En mars 2019 la liquidation judiciaire est prononcée et en septembre 2020 un jugement prononce la clôture de la procédure de liquidation judiciaire pour insuffisance d'actifs. Une semaine plus tard la société est radiée du registre du Commerce et des Sociétés. En 2020, la SGE (Société Générale des Entreprises) se porte acquéreur du site où la STPI est la principale filiale du groupe. Une entité filiale de la SGE a entrepris la démolition des vieux bâtiments non adaptés à la future activité. Cette activité serait liée à la préparation de matériaux utilisés dans le domaine des travaux publics.

Louis Girardot : ses passions

En 1921 il se crée à Ronchamp un club qui n'a rien d'officiel où on y pratique le tir, la gymnastique, la course à pied et un peu d'athlétisme. On commence à parler d'un tout nouveau sport pratiqué dans les grandes villes des alentours : le football. À cette époque Ronchamp a dans ses rangs quelques hommes dynamiques et fervents amateurs de sport dont Louis Girardot. Le 1er juillet 1923 tous les amateurs de football se réunissent pour établir les statuts : l'Espérance Sportive Ronchampoise (ESR) devient l'Etoile Sportive Ronchampoise. On forme le premier bureau et le président est Louis Brunner qui cèdera rapidement sa place à Louis Girardot. Il sera président pendant 2 décennies ; en 1923 et 1950.

Une autre passion le dévore, l'aviation. En mars 1931 il fait sa formation de pilote à l'aérodrome de Toussus-le-Noble (23 km à l'ouest de Paris) et le 5 juin il est breveté. Entre temps il a commandé un avion qui lui est livré le 22 mai ; un Farman F-234. C'est un avion de tourisme biplace construit à 16 exemplaires aux caractéristiques suivantes ; envergure, 9m14 : longueur, 6m15 : masse à vide, 418 kg : autonomie, 430 km : moteur 7 cylindres en étoile de 95 cv. Il gare son avion immatriculé F-ALHZ dans un hangar de l'aéroclub de Belfort sur l'aérodrome de Chaux et s'inscrit au club où il sera vice-président jusqu'en mai 1940. Début novembre 1934 il vend son avion et en juillet 1935 il achète un autre Farman, le F-402 immatriculé F-AMUC. Il ralentit progressivement son activité de vol : de 63 heures en 1931, il passe à 29 heures en 1939. Après la guerre il reprend sa place à l'aéroclub mais les conditions ne sont plus les mêmes; les structures et les règles sont de plus en plus rigides. Il fait son dernier vol en 1947 sur un Stamp. Le 31 octobre 1933, un avion postal Farman (F-301) baptisé ''Etoile d'Argent'' percute la butte d'Etobon (575 m) faisant 2 morts : le radio et un passager. Sous l'impulsion du maréchal-ferrant, Jules Perret, il est décidé d'érigé une stèle sur le lieu du crash. L'aéroclub de Belfort prend en charge le cout de la plaque en bronze. Elle est réalisée dans les ateliers de Louis Girardot et porte la signature « LG ». L'inauguration de la stèle de déroule le 11 novembre 1934.
La catastrophe d'Etobon est disponible en suivant ce lien: Accident Etobon.

Il abandonne l'aviation pour le sport mécanique avec l'achat d'une voiture de course d'occasion : une Talbot-Lago 26C. C'est une monoplace de type Formule 1 à moteur atmosphérique (6 cylindres en ligne, 4 482 cm3, env. 250 cv et 26 chevaux fiscaux), créée en 1948 par la firme Talbot-Lago. Cette voiture n'était pas autorisée à rouler sur route ouverte. Les relations préfectorales de Louis Girardot lui ont permis d'immatriculer son véhicule qui ne possédait aucun feu ni de marche arrière. Il est probable que cette voiture a couru des grands prix internationaux dans les années 1950 ; 24 H du Mans, Grand prix de France, de Belgique, de Suisse, etc… Le N° de châssis de cette Talbot serait ''110 009'' et aurait été entre les mains de grands pilotes des années 1950 ; celles de Raymond Sommer en 1949, puis passée à Yves Giraud-Cabantous en 1950, puis conduite par Giraud-Cabantous et Pierre Meyrat en 1951 avant de passer entre les mains de Louis Girardot en 1953-1956. Elle a été achetée par Fritz Schlumpf en 1957 et aujourd'hui elle fait partie du parc de la Cité de l'Automobile à Mulhouse qui est la plus belle collection de voitures au monde. (Sources: https://www.abvm.fr (Association Belfortaine de Vol Moteur) – Patrimoine industriel de la Haute Saône, mars 2010)

image01 image02 image03 image04 image05 image06
image07 image08 image09 imga10 image11 image12
image13 image14 image15 image16 image17 image18
image19 image20 image21 image22 image23 image24
image25 image26 image27 image28 image29 image30
image31 image32 image34 image35 image36
RETOUR MENU
Copyright © 2009 Réalisation : Alain Banach Tous droits réservés Plan du site