APERÇU DES OPÉRATIONS MILITAIRES DE FRÉDÉRIC-FONTAINE À MAGNY DANIGON

Charnier de Magny Danigon

MAGNY DANIGON – MAGNY-JOBERT – CLAIREGOUTTE – FRÉDÉRIC FONTAINE

Le 25, vers midi, le 4e Escadron du capitaine Dumesnil passe la crête de Palante et occupe les hauteurs de Magny Danigon. La compagnie Puig et le 1er escadron du capitaine Moreau longent les lisières Sud-Est des Bois de la Noie-Jeannin et abordent le village par l'Ouest. En même temps, le peloton du lieutenant Pinoteau fait face à l'Est avec en point de mire, les lisières des bois. Il est vigoureusement pris à partie par les artilleurs allemands et les servants de lance-roquettes antichar. Le char ''Montluc'' est transpercé par une roquette, blessant grièvement les deux pilotes. Le peloton réagit violemment en détruisant 5 lance-roquettes (Panzerfaust ou Panzerschreck) et leurs servants. Au même moment le 1er Escadron du 9e RCA reçoit un ordre : le nettoyage du Bois de la Noie-Jeannin, au sud de la route La Côte-Magny Danigon. Il est renforcé d'une section de Zouaves et bénéficie des tirs à vue d'un peloton du 5e RCA et de l'appui d'une batterie du 68e RA. L'action commencée vers 10 h 30 se termine à 13 heures et l'escadron repart en réserve à Lure.

À 13 h 30, le 1er Escadron du Capitaine Moreau atteint les premières maisons de Magny Danigon mais il perd le char ''Lyonnais'', incendié par une roquette. La partie la plus ardue commence avec le nettoyage du village, maison par maison. L'ennemi, solidement retranché dans ses trous parfaitement protégés, est équipé de lance-roquettes. L'opération se poursuit pendant que l'artillerie bombarde rageusement le secteur du puits Arthur de Buyer et les lisières boisées au Nord. En fin d'après midi, vers 17 heures, l'objectif est atteint avec la libération du village. Au soir de cette rude journée le bilan humain fait état de 9 morts et 24 blessés. Du coté Allemand, les morts et les blessés sont nombreux et une cinquantaine de prisonniers, la plupart très jeunes, sont confiés au Bataillon du Charollais. Le lendemain, 26 septembre, la conquête du village est complétée par le nettoyage du cimetière à l'Est. L'opération continue avec le ratissage des lisières Ouest du village et l'orée des bois de la forêt de la Nanue où sont postés des tireurs embusqués. Le commandant innove en faisant grimper les hommes sur les chars qui progressent en faisant feu avec les hommes aplatis derrière la tourelle. Arrivés sur les positions ennemies, les tirailleurs sautent à terre et attaquent à leur tour. Cette nouvelle méthode de combat enthousiasme les hommes malgré une certaine réticence au départ. La délicate opération de nettoyage du bois de la Nanue est confiée à la Cie de la Clayette. Une section demeure en observation aux lisières Est des bois où débouche la route de La Côte et les autres sections ratissent les bois pendant qu'un peloton d'automitrailleuses du 9e RCA patrouille sur le route de l'Ouest. De courts et violents combats à bout portant sont engagés contre des postes allemands bien camouflés et bien armés. Les morts sont nombreux et les blessés sont évacués en halftrack qui est copieusement arrosé malgré les croix de Genève bien visibles. Ce jour là, les hommes vont découvrir, sur les indications des villageois, le charnier où sont enterrés les 38 maquisards du maquis du Chérimont, sauvagement fusillés.

Les Allemands, expulsés d'Andornay, résistent en occupant Magny-Jobert et en installant un nid de résistance à la cote 327. La cote 327 est le petit mamelon à la sortie nord d'Andornay où de nos jours, un château d'eau est installé. Le colonel Raynal, commandant la 4e brigade de la DFL, a en charge le secteur d'attaque. Le BM21 débarque à Palante sous le feu allemand. Sa mission est de prendre la cote 327 puis de poursuivre son action sur Clairegoutte et Frédéric Fontaine pendant que le BIMP se charge de Magny-Jobert. En début d'après midi, l'attaque démarre par un violent tir d'artillerie. Les tirailleurs de la 2e Cie, en imperméables vert olive, prennent aussitôt la formation en colonne par un. Ils accélèrent le pas dès la fin des tirs et foncent sur la crête enfumée. Le combat rapproché s'engage : rafales de mitraillettes, explosions de grenades, cris, des hommes courent en tout sens. La compagnie perd 6 hommes mais ramène à l'arrière 27 prisonniers. Pendant ce temps la 3e Cie progresse le long de la route en direction de Clairegoutte. Le tireur de bazooka ferme la marche avec son « tuyau de poêle » en bandoulière et quatre obus soigneusement pliés dans un mouchoir. Le soir le BM21 est à l'entrée du village. Le capitaine Fournier, commandant le BM21 et le lieutenant de vaisseau Roger Barberot envoient une patrouille de reconnaissance sur Frédéric Fontaine. Deux sections de la 3e Cie et un peloton de chars légers sont chargés de cette mission. Le 27 au matin le BIMP entre avec précautions dans Magny-Jobert : plus d'Allemands. Ils ont évacué le village pour se réfugier dans les ''Grands Bois'' au nord.

À 10 heures, le bataillon passe à l'attaque. Il bénéficie de l'appui des petits chars M3 du 1er RFM et des Tank Destroyer (TD) du 8e RCA. Le capitaine Le Gall à la tête de la 1ère Cie et le peloton de l'enseigne de vaisseau Bokanowski engagent l'offensive. Les tirailleurs sont accueillis par un feu nourri venant d'une mitrailleuse lourde installée dans le clocher. Le char de Bokanowski engage le duel et rapidement lui cloue le bec. L'ennemi embusqué un peu partout se défend avec acharnement. A la grenade et à la mitraillette le nettoyage ne se termine que vers 15 heures. « Quelques rafales de mitraillettes : ce sont les tirailleurs qui tuent les Allemands trop lents à sortir de leurs trous. » (Épopée d'une reconquête-1946) Le bilan est lourd pour la compagnie : 9 tués et de nombreux blessés. Les Allemands perdent 60 hommes et 30 prisonniers. L'objectif suivant est le village de Frédéric-Fontaine. Une section du BM21 tâte le terrain en s'engageant dans la rue principale avec l'appui d'un char. Des coups de feu claquent. Le village est désert ; c'est un signe, l'ennemi est encore présent. Le renfort demandé arrive avec la 2e section et ses mitrailleuses et l'appui de Tanks Destroyers. Deux petits chars M3 en tête, les tirailleurs de la 3e section se faufilent en deux colonnes tout en rasant les murs. Les maisons sont fouillées une à une. Les Allemands, abasourdis par le bombardement, sont extirpés pour rejoindre le groupe de prisonniers. Les habitants commencent à sortir des caves pour acclamer les libérateurs. Certains ont une bouteille de ''goutte'' à la main. La section fait 140 prisonniers et saisit un important matériel de guerre. Le lendemain, 28 septembre, vers 7 heures, l'ennemi furieux d'avoir perdu un village, déclenche un violent tir d'artillerie et de mortiers. Vers 8 heures, l'infanterie commence son attaque avec l'appui de mitrailleuses lourdes et de chars. Elle est stoppée par les tirs de l'artillerie et les deux mitrailleuses lourdes de la 1re Section. Les Allemands pris sous le feu à découvert regagnent leur position initiale tout en continuant quelque temps le bombardement du village et des positions des tirailleurs. Les pertes sont importantes mais le village restera entre les mains des Français.

Les Allemands ont été contraints de se refugier dans les forêts de la Nanue et du Chérimont. Cependant ils vont tout tenter pour reprendre les villages perdus. Le BIMP vient à peine de s'installer dans Magny-Jobert et d'occuper les lisières des Grands Bois, qu'une contre-attaque débouche au sud du village. Elle est violemment repoussée. Une heure plus tard, il arrête une deuxième contre-attaque qui menaçait directement le village de Lyoffans et les arrières des troupes avancées. Le 28, au lever du soleil, une nouvelle contre-attaque est dirigée cette fois contre Frédéric Fontaine. Le BIMP et la 3e Cie du BM21 font feu de tout bord et la repousse au prix d'une trentaine d'hommes mis hors de combat.

Dès le 25 septembre, en vue d'aider le 6e corps d'armée US durement engagé sur la Moselle, le 2e corps français se trouve dans l'obligation d'étendre son front jusqu'à la limite avec le département des Vosges. En outre, il lui est prescrit de relancer ses actions offensives le long des axes Mélisey le Thillot et Mélisey Plancher les Mines avec 1ère D.B., Lure Lyoffans avec la 1ère DFL. La 1re DB attaque le long de la route Lure Belfort, le Combat Command N°2 forme l'aile droite de la division et manœuvre en gros à droite de la route. À sa gauche, dans les premiers contreforts des Vosges se place le CC 3 récemment arrivé. À sa droite, dans la région de Villersexel se place la 1ère DFL dont les hommes devront combattre dans un terrain boisé et très difficile. Le 1er bataillon de zouaves, après avoir relevé des éléments de la 3e division mécanisée dans la région de Gouhenans-Lure, entre réellement dans la bataille le 22 et 23 septembre et sera engagé sur toute la largeur du front du CC 2, la Compagnie de Matour détachée avec les zouaves sous les ordres du Commandant Barbier attaque le long de la route en direction de Ronchamp. Le reste du bataillon manœuvre avec les blindés du 5e RCA pour attaquer cette position du Sud à travers la région vallonnée où se trouve Magny Danigon. « Le 23 septembre, la Compagnie de Matour est à la Verrerie, les Compagnies Saint Igny et de Beaubery, avec le PC du bataillon à Roye. La Compagnie de Charolles est en réserve à Lure et la Compagnie de la Clayette au château de Vy-les-Lure assure la garde du PC du colonel Kientz » (le Maquis de Beaubery et le bataillon du Charollais-Collectif-1947).

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