APERÇU DES OPÉRATIONS MILITAIRES À FRESSE (70270)

Bataillon des Antilles

FRESSE

Le 26 septembre, la 1re Brigade de la 1ère DFL est relevée dans le secteur de la forêt de Granges par le 4e RTM. Elle est transportée à Fresse avec deux Bataillons de la Légion en relève du CC3 de la 1ère DB chassé du col de la Chevestraye. Dès son arrivée à Fresse, le colonel Delange commandant la 1re Brigade, veut reprendre à tout prix ce col qui permettrait de poursuivre l'action sur la Haute Vallée du Rahin. Le dispositif d'attaque de la 1ère DFL est maintenant scindé en deux secteurs discontinus. « Devant l'extension de sa zone d'action, le général Brosset proteste et met en garde le 2e CA sur la situation aventurée de la 1re DFL. Elle doit tenir un front de 26 kilomètres avec des tirailleurs africains épuisés et des unités FFI mal équipées et mal instruites. » (La 1re DFL-Les Français libres au combat-Yves Gras). Les protestations du Général Brosset trouvent un écho favorable auprès de Général Monsabert qui fait manœuvrer la 2e DIM vers le Nord jusqu'à Faymont-Lomont-Belverne. En contre partie Brosset devra tout faire pour établir un front continu entre Clairegoutte et Fresse. Pour ce faire, il doit maintenir la pression dans la forêt du Chérimont et de la Nanue avec la 4e Brigade et attaquer le col de la Chevestraye au Nord avec la 1re Brigade. Depuis la ligne des crêtes menant à ce col, il devra engager ses hommes vers le Sud pour prendre Champagney. Ces opérations devraient permettre de prendre Ronchamp dans la tenaille. Mais dans l'art de la guerre, tout ne se passe pas toujours comme prévu. Nous verrons plus loin que Champagney ne pourra être conquis suite à de grosses difficultés indépendantes de la bonne volonté des troupes.

Fresse s'étend dans une étroite et ancienne vallée glaciaire fermée à l'Est par le col de la Chevestraye qui surplombe la haute vallée du Rahin. Pour l'État-Major, il était nécessaire de prendre le contrôle des crêtes Nord et surtout Sud avant d'engager les blindés et l'infanterie dans la conquête du village. Les chars du 2e RCA sont en attente à Belonchamp. Le 25 septembre, à 6 heure du matin, le 2e BZP part du village de Malbouhans avec comme premier objectif, le sommet du Mont de Vannes qui offre un vue imprenable sur la vallée de l'Ognon. Les Zouaves s'engagent dans une longue marche difficile à travers de rares sentiers et sous une pluie battante. Ils sont à mi-pente quand la tête de la colonne est violement harcelée par des tireurs embusqués et insaisissables dans cette dense forêt. Parfois ce sont des groupes compacts qui contre-attaquent à la mitraillette en poussant des hurlements féroces. Mais petit à petit, les Zouaves gagnent du terrain et repoussent l'ennemi. Le 26, en fin de journée, ils sont à l'ancienne Abbaye du Mont de Vannes et le 27 au Plainet.

Abbaye du Mont de Vannes

Ce même jour, la 3e Cie ''Le Vigan'' (*) opère sur les flancs nord de la vallée : vers la Montagne, les Receys, le Sapoz et la forêt de la Rovers. Voici un extrait de son journal de marche : « Vers les 16 heures, nous grimpons péniblement la pente pour retrouver nos camarades en cours d'installation dans la ferme qu'ils viennent d'occuper à la grenade (le Tillet). Cependant, si le Boche a décroché, il rôde encore dans les environs et, à la tombée du jour, il déclenche une contre-offensive que l'élan de nos hommes stoppe après vingt minutes de combat. Un tir d'arrêt déclenché fort à propos sur la demande du commandant transforme le repli de l'ennemi en déroute (les unités Boches qui nous sont opposées appartiennent au régiment Boden See, comprenant des Wurtembourgeois ). La nuit est à peu près tranquille grâce au tir de harcèlement d'une batterie de 105 qui pilonne les positions allemandes. Il pleut sans arrêt et il fait très froid. Le 27 septembre et le lendemain, les troupes poursuivent leur avance. Le lendemain, par les crêtes, nous atteignons la ferme du Fiadin qui domine la vallée de Fresse. De loin, nous assistons à l'attaque du col de la Chevestraye par les chars de la 1° division blindée. Journée magnifique et calme pour nous. » (Marcel Gozzi-Monographie-Fresse Le plus beau pays-2008).

(*)Le 6 juin 1944, le commandant Georges Vigan-Braquet, chef de l'ORA (Organisation de Résistance de l'Armée) du Gard, rassemble des mineurs, des réfractaires et des militaires pour former le ''Corps Franc des Ardennes'' peut être pour dissimuler leurs origines. Il sera incorporé à la 1re Armée Française le 25 septembre où les 500 hommes sont répartis en quatre compagnies.

Le 27 septembre, l'Escadron Charnacé du 2e RCA auquel on a adjoint un peloton de mortiers doivent progresser sur l'axe Belonchamp-Fresse-Col de la Chevestraye. Ce groupement progresse difficilement sur une route encombrée d'abattis souvent piégés. Le Volvet, puis Fresse sont atteints sans trop de problèmes. Deux canons de 75 PAK (antichar) sont détruits et une trentaine d'Allemands sont capturés. Le groupement poursuit sa route vers le col de la Chevestraye. Au lieu-dit, ''Les Larmets'', le char ''Roussillon'' (Sherman M4 A4) est perforé par un obus de 75 antichar mais sans trop de casse pour l'équipage qui a deux blessés.

Le 28 septembre, trois groupements d'attaque sont formés ; le groupement centre composé de chars du 2e RCA et de la 3e compagnie Chevillotte du 2e BZP, le détachement SUD avec des compagnies de Zouaves et le détachement Nord composé de chars et de sections de Zouaves. Le groupement Sud monte au Plainet par la route du ''Petit Vénot'' qui a été déminée. Il quitte le Plainet vers 8 heures en direction de l'Est avec la 2e Cie qui ferme la marche. La progression continue normalement jusqu'à 1 km du col de la Chevestraye, en pleine forêt, quand un accrochage dévoile une forte résistance allemande. C'est une lutte à bout portant qui s'engage contre de jeunes et fanatiques SS qui refoulent les premiers éléments de l'échelon de tête de la 2e Cie en poussant des hurlements. À ce moment le S/s Lieutenant Dubruel de la 2e Cie reprend la section en main, fait mettre la baïonnette au canon et fonce sur l'ennemi qui fléchit et prend la fuite. Dans la soirée, le combat très violent reprend pour la possession d'un carrefour à 300 mètres à l'Est du premier. Les mortiers de 81 mm soutiennent les zouaves et causent de lourdes pertes à l'ennemi. Des halftracks semi chenillés de type M9, armés d'une mitrailleuse lourde Browning de 12,7 mm, sont amenés au prix de grosses difficultés. Les Allemands n'insistent pas devant les rafales dévastatrices à courte distance. Le bataillon s'installe pour la nuit dans les positions conquises. Le bivouac est en forme de carré dont chaque coin est gardé par un halftrack M9 et son centre par un M9 de commandement. Le même jour le groupement centre quitte sa base (cote 648) en direction du col. Deux sous-groupements sont constitués :
-sous groupement Nord : commandé par le Capitaine Chevillotte, comprenant deux sections (Gereux et Grandjean) et 3 chars. Il prendra la route du versant Nord de la vallée par Montaujeux – Montvilley - La Chevestraye.
-sous groupement Sud : constitué de la section Pillon et accompagné de 5 chars avec pour objectif le col par la route principale.

La section Pillon, marchant en tête, est gênée par quelques tireurs isolés postés aux lisières des bois au Sud du hameau de la Chevestraye. Elle occupe et dépasse ce hameau avant d'atteindre les premiers lacets du col quand des tirs nourris venant des masses rocailleuses stoppent sa progression. Le groupement du Capitaine Chevillotte, retardé par des abattis minés, arrivent vers les premières maisons au Nord du col. Il a une vue parfaite sur le col. La section Gereux vient prendre position face à l'Est, le long de la route la Chevestraye-Belfahy tandis que les chars pointent leur canon dans la même direction. La résistance allemande est ainsi neutralisée au Nord. Pendant ce temps, le Capitaine Chevillotte avec la section Grandjean traverse le hameau et rejoint la section Pillon à 200 mètres du col. L'assaut est donné à 10 h 30 sans attendre les chars. Quinze minutes plus tard, l'ennemi est délogé et bat en retraite. Des tirs bien ajustés lui causent de lourdes pertes et détruisent du matériel dont un camion-tracteur de canon de 105 mm qui s'enflamme. Le char ''Algérie'' monte sur la route de Belfahy et sera détruit par un panzerfaust. Aussitôt les chars se regroupent au col en même temps que la 3e Cie, restée en arrière sans moyens antichars. Le col est gardé par un canon de 57 et quelques zouaves mais c'était sans compter sur la farouche volonté des Allemands de le reprendre. C'est une position clé pour le contrôle de la haute vallée du Rahin.

Le matin du 29 septembre, ensoleillé mais froid, l'ennemi lance une très violente contre-attaque sur le col, appuyée par les redoutables chars Panther. Le CC3 du colonel Caldairou est contraint de se replier ''Aux Larmets'' où un barrage précaire est installé. Deux Sturmgeschütz (canon blindé) approchants de l'école y seront bloqués. L'un par une simple panne d'essence et l'autre par une mine. Le CC3 perd deux chars : le ''Normandie'' atteint par un Sturmgeschütz descendant du col et le ''Champagne'' a la tourelle perforée. Les fantassins allemands investissent le Bois-la-Dame, les bois du Larmet, le pic du Chottet. Au soir de ce 29 septembre l'ennemi se replie sur la ligne des crêtes qui dominent le village : route de Belfahy, col de la Chevestraye, Bois-la-Dame. Ce même jour, la 13e DBLE (Demi Brigade de la Légion Etrangère) arrive à Fresse avec le 1er BLE (Bataillon de la Légion Etrangère) du Commandant Gabriel Brunet de Sairigné et le 2e BLE du Commandant Jean Simon, pour relever le CC3. Á 20 heures, le 1e BLE s'approche jusqu'à mi-pente du col de la Chevestraye et opère dans ce secteur. A peine sont-ils arrivés qu'une violente contre-attaque les repousse vers leur base de départ, à bout de munitions et de lourdes pertes. Le 2e BLE rencontre des Allemands solidement accrochés sur leurs positions. Il doit se borner à tenir la ligne des crêtes, Le Mavoy-Le Plainet-cote 792.

Le 30 septembre, le temps pluvieux rend le terrain impraticable et la situation ne change pas. Les Allemands ne cèdent pas un pouce de terrain. Le 1er octobre, la 4e Compagnie du 1er Bataillon de Choc du Capitaine Audibert est amenée en halftrack au Roc du Plainet (807) pour attaquer la cote 792. La Cie lance son attaque à 15 h 30 et tombe sur une forte résistance composée d'éléments mobiles et de mitrailleuses lourdes, profitant de la forte densité du bois. Après plusieurs heures de combat, la nuit arrivant et ne pouvant arriver à bout de la résistance, la Cie se replie au Plainet par suite du manque de munitions. Le 2e BLE parvient à occuper la cote 701 avec l'appui de 4 TD (tank destroyer), de 6 canons de 57mm et des célèbres canons de 105 mm américains Howitzer avec une portée de 11.000 mètres, sans pour autant entamer leur ligne de défense. En même temps le 1er BLE cherche en vain à atteindre les Bois de le Verrerie au Nord de Champagney. Toutes ces actions ont pour but de faire diminuer la pression allemande sur le secteur de Ronchamp.

Le 2 octobre, une forte compagnie arrive en renfort. Les hommes sont en uniformes et équipements allemands mais coiffés du béret basque. Ce sont des éléments du bataillon ukrainien (BUK) qui ont rejoint un maquis à Noidans-le-Ferroux après avoir massacré leur encadrement allemand. Le 3 octobre, après une nuit calme, la 3e compagnie N.A. du 1er BLE est surprise par une nouvelle attaque, précédée d'une préparation d'artillerie. Elle reflue sur le flan de la 3e Cie. Après 1 heure 30 de combats meurtriers, les fantassins ennemis hésitent et s'arrêtent à l'entrée des bois au Nord de la commune de Champagney. Ce même jour, les Légionnaires et les Ukrainiens vont tenter de prendre la cote 736. L'assaut est donné et l'objectif est atteint en début d'après-midi ; les Ukrainiens perdent 80 hommes. Le 4 octobre, les Allemands lancent une nouvelle contre-attaque non repoussée par les Ukrainiens qui, pris de panique, abandonnent leurs positions. Le Capitaine Langlois, commandant la 1re Cie du 1er BLE rétablit la situation vers 10 heures. La fatigue des légionnaires se fait lourdement sentir et le 8 octobre, le 2e BLE subit un nouvel échec à la cote 701, malgré l'appui de l'artillerie divisionnaire. Brosset fulmine et monte une opération contre la cote 620 (Le Chottet) située à 1 km environ, dans le versant Sud de la cote 792 (le coporot). Elle doit supprimer cette avancée allemande dans le dispositif de la 1ère DFL. Le 22e BMNA arrive du secteur Ronchamp-Eboulet, accompagné du peloton de chars de l'enseigne de vaisseau Bokanowski. La résistance ennemie est faible et la position est rapidement enlevée. Durant toutes ces journées de combats, la Chapelle du Mont de Vanne fait office d'infirmerie. À partir de ce jour, toutes les opérations offensives sont suspendues faute de munitions et d'essence. Les Allemands occupent le col de la Chevestraye et les crêtes proches jusqu'à l'offensive générale du 19 novembre 1944. Le petit hameau de ''Bois la Dame'' à quelques centaines de mètres du col, sera complètement rasé par les bombardements.

Arrivée des chars Prisonniers allemands Mont de Vannes Insiges Halftrack américain Canon allemand pak 40
Mortier de 81 mm Canon 105 américain Char Algérie Char Normandie Brassard Bataillon ukrénien Sherman touché

Le 1er octobre 1942, devant l'afflux de jeunes gens évadés de la Martinique et de la Guadeloupe pour s'enrôler dans les Forces Françaises Libres, le Bataillon des Antilles a été créé à la Dominique (Antilles anglaises). Il comprenait à l'origine environ 500 volontaires encadrés par quelques gradés français, évadés des Antilles ou recrutés dans divers pays du continent américain. Après quelques mois d'instruction à la Nouvelle-Orléans, cette formation rejoignit en juin 1943 le camp de Fort Dix dans le New Jersey (USA). En août 1943, le Bataillon atteignit le chiffre d'environ 1700 hommes mais sans aucune instruction militaire. Le 13 septembre 1943, l'unité fut rebaptisée Bataillon de marche des Antilles n°1 (BMA1) et structurée sur le type américain. Le BMA1 rejoignit en octobre l'Afrique du Nord, où il devait recevoir des armes et des cadres. Le 18 janvier 1944, il fut intégré à la 1ère DFL et prit le nom de 21e Groupe Antillais de DCA. Après plusieurs mois d'instruction et le remplacement du chef de Bataillon Dreanno par le chef de Bataillon Lanlo, l'unité, équipée de matériel américain, débarqua en Italie en mai 1944. Il assure la protection antiaérienne des itinéraires, des terrains de Piper-Cub et participe aux opérations de transport autour de Trentola, Montefiascone, Bolsena...

Les hommes quittent la rade de Tarente à bord de paquebots le 12 août, deux jours après le matériel, embarqué à Brindisi. Dans la nuit du 16 au 17 août, le Groupe débarqua sur la plage de Cavalaire et se rassembla à la Croix Valmer. Après la remontée de la vallée du Rhône, l'unité participe à la bataille des Vosges. Le Groupe de DCA assura la protection antiaérienne dans la zone de déploiement de l'artillerie malgré le froid, l'humidité et la neige. Ses véhicules étaient prêtés pour acheminer rapidement l'infanterie vers la zone de combat ou de la zone de combat vers une zone de repos. Du 10 octobre au 30 novembre, une compagnie d'infanterie occupe dans les montagnes de Fresse trois points d'appui, à plus de 800 mètres d'altitude, en pleine forêt et dans la neige dans la forêt de la Rovers. Le 21 novembre 1944, enfin, les Antillais participent à l'attaque menée par le BM 4 et le 22e BMNA. Envoyé ensuite sur le front de l'Atlantique, comme l'ensemble de la 1re DFL, le Groupe assure uniquement la protection aérienne du terrain d'aviation de Cognac, entre le 16 et le 27 décembre 1944, sans subir aucune attaque aérienne. Le fanion du Bataillon des Antilles porte le nom de Fresse. Il probablement le seul à porter le nom de ce village. Le 7 septembre 1945, le 21e Groupe antillais de DCA fut cité à l'ordre de la Division par le général Garbay, commandant la 1re DFL.

Stèle 2e RCA Plaque de la stèle Stèle des Larmets Roc du plainet Vestiges Bois la Dame Vestiges Bois la dame
Vestiges combats 1944 Vestiges des combats 1944 Vestiges d'un Mortier Douilles de fusils Trèfles caisson mortier Ecole du Plainet
Chapelle Mont de Vannes Intérieur chapelle Plaque de cheminée Fronton et date Numerotation bancs chapelle Infirmerie maquis de ternuay
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