APERÇU DES OPÉRATIONS MILITAIRES À RONCHAMP, AUX FOURS À COKE ET ÉBOULET

Les ateliers du Chanois

RONCHAMP

Au PC de la 4e Brigade de la 1re DFL à Andornay, le colonel Raynal décide de reprendre l'offensive sur Ronchamp le 2 octobre. Il a sous ses ordres le BM21, le BIMP, le BM24 et dispose en plus du 22e BMNA et de l'Escadron Barberot du 1er RFM. Le BM24 est encore à Lyon, occupé à mettre fin aux exactions perpétrées par de prétendus résistants et des éléments incontrôlés. Au fort Lamothe, le bataillon a engagé de jeunes volontaires et de nombreux hommes issus de la Résistance. Il reçoit l'ordre de faire mouvement dans le secteur de Ronchamp. Il part le dimanche 1er octobre à 4 heures et d'une seule traite, rejoint Lure puis le village de la Côte. Á pied, le bataillon gagne le lieu-dit, Grattery, sur une petite colline, où il s'installe pour la nuit de part et d'autre de la route, qui est l'ancienne ''Route Royale''. Aussitôt arrivé, les batteries sont mises en place ; les deux jalons positionnés en direction de l'Est, les hausses de tir réglées et les relais de poudre à fixer dans les ailettes des obus adaptés à la distance. Certains, l'estomac tenaillé par la faim, arrachent des pommes de terre dans un petit champ tout proche. Cuites sous la cendre, ces patates améliore l'ordinaire et remplacent avantageusement les quelques biscuits avalés le long de la route. Quelques obus allemands tombent sur le secteur sans faire de victimes.

Le 3 octobre, c'est le branle bat de combat pour tout le BM24. La 2e Cie du capitaine Parison marche vers les hameaux : Mourière, Le Rhien et La Selle. Des patrouilles établissent le contact avec les Légionnaires du 1er BLE qui s'étaient emparés de la cote 701 sur les crêtes Nord. Au hameau de La Selle, quelques habitants rencontrent une section de légionnaires venant du Plainet. Après une préparation d'artillerie, la 3e Cie du Capitaine Tence fonce sur Ronchamp par les bas-côtés déminés de la RN19. Elle bénéficie de l'appui du 4e Escadron du 8e RCA. Dès les premières maisons atteintes, elle est accrochée par des ilots de résistance au centre du bourg vers l'église et la Poste. Un canon installé derrière l'actuelle mairie est détruit par les feux d'un char. Des sections patrouillent en même temps sur la voie ferrée Paris-Bâle. Quelques jours avant l'arrivée des troupes françaises, les Allemands ont fait sauter l'unique pont sur le Rahin. Un char a essayé de passer mais n'a pu franchir l'obstacle. Tous ont fait demi-tour et ont traversé le Rahin à gué vers la passerelle de la place du marché. En fin de journée, vers 18 heures, le patron de l'Hôtel de la Gare à l'entrée Ouest arrose la libération.

Le BM24 et le 8e RCA occupent le carrefour RN19-Champagney. Un canon antichar posté à ce carrefour, canardant tout ce qui bouge le long de la grande ligne droite, avait été détruit. Un peloton de char est engagé sur la route de Champagney et un autre sur la route de Belfort. Pendant ce temps, l'infanterie du Capitaine Tence avance péniblement dans la rue d'Amont en longeant le talus de la voie ferrée. Une section de mitrailleuses et une de mortiers font partie de l'attaque. Les hommes sont accueillis par un déluge d'obus venant de la cote 406 (la Côte Thiébaut). La rue est jonchée de parpaings, de briques, de morceaux de bois et de vitres brisées. Aussitôt, le lieutenant, commandant la section, ordonne aux hommes de garder une distance respective de 10 pas. Les sections passent sous le pont de chemin de fer qui débouche sur le quartier du Puits VII. Les mortiers sont immédiatement mis en batterie et bombardent la cote 406 où les Allemands sont retranchés. Puis plus rien ne se passe jusqu'à la tombée de la nuit.

« Pedro était affecté à la même compagnie que moi mais dans une section de mitrailleuses. Ce soir-là nous étions presque côte à côte, il me rejoignit avec sa mitrailleuse sur l'épaule. Nous eûmes la chance de profiter de la gentillesse d'un habitant qui nous donna l'autorisation de coucher dans son grenier. En compensation nous lui offrîmes deux boites de conserve et un paquet de cigarettes. - Où sommes-nous exactement ? demanda Pedro à notre hôte. - Vous êtes au puits N° 7 de la mine de Ronchamp. Avant la guerre on extrayait de la houille dans toute la région, mon père était mineur et moi aussi comme tous les habitants de ce petit quartier. La mine est fermée depuis plusieurs mois et l'extraction du charbon a été arrêtée pour cause de non rentabilité. Il continua : - Les Allemands sont partis ce matin, ils ne sont pas loin, vraisemblablement dans la forêt près du château. » (J'ai aimé deux femmes à la fois-André Cayon-2006) Le 3 octobre, la 1re Cie du BM24, contourne la colline de la Chapelle, puis traverse le hameau de Rhien et déboule au Nord de la vallée du Puits VII. Une sérieuse préparation d'artillerie sur la cote 406 précède l'attaque de la Cie avec la forêt comme couverture. Une lutte au corps à corps s'engage, mais rapidement l'ennemi reflue sur le hameau de la Houillère. La conquête est à peine terminée que la section de mortiers est déjà à mi-pente du flanc Ouest de la butte. Le lendemain le BM24 occupe le hameau et le château du directeur de Houillères.

Insignes Insignes Insignes Allaque du BM24 Attaque BM24 Château de la Houillère
L'Hotel de la gare La côte Thiébaut Attaque du BM24 Quartier du puits N°7 Tunnel ferroviaire Hameau de la Houillère

FOURS À COKE, CENTRALE ÉLECTRIQUE, ÉBOULET

Dès le 25 septembre, un groupement blindé aux ordres du colonel Simon du 8e RCA, voit le jour. Il est composé de l'Escadron de Reconnaissance du 1er RFM, des 1er et 3e Escadrons du 8e RCA et de deux Cies du BIMP. Après 3 jours de repos à Lyon, le 22e BMNA fait mouvement vers le Nord et remplace des unités américaines dans le secteur d'Ornans. Le 24 septembre, le bataillon s'installe à la Guinguette, sur la route de Médière à Belfort. Après quelques jours de repos près de Villersexel, il reprend la route pour les ''Villages de Grands Bois'' au sud de Ronchamp. Depuis le 28 septembre, des opérations de nettoyage se déroulent dans les bois au Nord de ces villages et notamment dans le bois de la Nanue. La pluie froide glace les hommes qui pataugent dans la boue. La 4e Brigade de la DFL avance péniblement dans les bois, face à un ennemi bien camouflé dans le sous-bois. Les Allemands sont terrés dans de solides abris en rondins, les rendant peu vulnérables. Et partout, les abattis, les snipers, les contre-attaques, les destructions minées, les pièges et les mines. Tous les efforts engagés dans les bois sont souvent brisés par les tirs de mortiers dont les obus explosent dans les branches des arbres, semant des éclats meurtriers.

Le groupement Simon est chargé de libérer la route Clairegoutte-Ronchamp, mais il se heurte à des barrages antichars et des abattis minés. Les Allemands ont dynamité le pont de chemin de fer qui enjambe la route. Il reliait le Puits du Magny aux ateliers de la mine dans la plaine du Chanois. Le 30 septembre, malgré toutes les difficultés, la 3e Cie du BM21 se fraye un passage à travers les bois et les taillis et atteint le ''Balcon d'Eboulet'' qui offre une magnifique vue sur la vallée de Ronchamp à Champagney. La riposte allemande est immédiate ; des obus de mortiers tombent sur le secteur faisant un mort et plusieurs blessés. Le Général Brosset, toujours au plus près avec ses hommes, est légèrement blessé à l'épaule et son chef d'État Major, le Commandant Bernard Saint Hillier, est atteint à la tête. Le 1er octobre, en fin de matinée, les 1re et 2e Cies du 22e BMNA s'installent entre le route Clairegoutte-Ronchamp et la sortie Nord du tunnel du Puits Arthur de Buyer. Leurs objectifs sont de tester la résistance allemande dans le secteur des fours à coke et de la centrale électrique. La progression est très rapidement stoppée par une fougueuse résistance. En fin d'après-midi les deux compagnies prennent des dispositions défensives pour la nuit. Les fusiliers-marins sont arrêtés par des abattis solidement défendus sur la route Clairegoutte-Ronchamp dans le secteur de l'étang au Sud du Puits du Magny où un Escadron s'y maintient. Contournant cet obstacle, le 1er RFM s'engage dans les bois et les taillis en direction de la hauteur qui domine le hameau d'Eboulet appelé ''Le Balcon''. Les TD du 8e RCA lui emboitent le pas. La 4e Cie du 22e BMNA et la 1re Cie du BM21 occupe les bois au Sud d'Eboulet, entre la route et la crête du ''Balcon d'Eboulet''.

Le 2 octobre, en fin de matinée, deux pièces de 105 mm Howitzer se déploient à 800 mètres des fours à coke, à l'extrême Ouest du hameau de Recologne. Le matraquage commence par le tir de 150 obus sur les fours et les alentour immédiat où la 2e Cie du 18e Bataillon Bavarois est retranchée. Pendant ce pilonnage, la 1re Cie du BM24 progresse depuis les lisières Sud de Recologne. Vers 11 h 00, les 1re et 3e Cie du 22e BMNA passent à l'attaque depuis le bois de la Nanue qui surplombe les terrils et les bâtiments de la mine. Les tirailleurs sont cloués au sol sous un feu d'enfer. Ils regagnent leurs positions de départ sans avoir entamé la résistance ennemie. Pour les deux compagnies le bilan est très lourd ; 92 hommes sont mis hors de combat. Les Allemands ont utilisés massivement les mortiers et peut-être leur redoutable mitrailleuse MG42. C'est au cours de cet assaut que le Capitaine-Aumônier François Bigo est froidement abattu avec ses trois infirmiers en voulant porter secours à un tirailleur gisant dans les lignes. Les unités installées au ''Balcon d'Eboulet'' sont en embuscade et les véhicules parfaitement camouflés sous des branches de sapins. De cet observatoire, des guetteurs du RFM fournissent de précieux renseignements à l'artillerie et aux unités engagées dans le fond de la vallée de Ronchamp. Vers midi, une section de fantassins du 22e BMNA vient prendre la relève de ceux qui rejoignent l'autre côté de la crête. Mais le passage des consignes ne ce sont pas déroulées comme prévu et cette section arrose de ses armes automatiques le creux du vallon où des Allemands sont embusqués. Ceux-ci comprennent très vite d'où viennent ces rafales et bombardent de toutes leurs pièces la ligne de crête. Les TD ouvrent le feu sur des chars lourds allemands, qui du bas de la pente en font autant. Un TD met un coup au but dans le flan d'un char Panther qui s'embrase, obligeant son équipage à jaillir de la tourelle. L'ennemi a mis ses batteries de mortiers en action, semant la mort dans les rangs trop serrés des fantassins. Le Commandant Roger Barberot veut brusquer les choses en tentant un coup de poker ; faire débouler les chars des crêtes tout en sachant qu'ils ne pourraient pas remonter. Il expose son plan au Général Brosset qui lui donne son accord. Aussitôt les chars légers de l'Escadron Barberot s'engagent prudemment sur cette pente impossible dans un terrain détrempé. Les chars glissent comme sur un ''toboggan''. Dès le début de cet assaut, les Allemands contre-attaquent en lançant des sections sur les pentes et commencent même à dépasser les fantassins français.

En haut, sur la crête, les blessés essaient de faire mouvement vers les postes de secours en cours d'installation à l'arrière. Le téméraire Roger Barberot, bravant tous les dangers, prend place dans une jeep et ordonne à son chauffeur de dévaler la pente, battue par le feu allemand. La jeep fait des zigzags, dérape dans la boue, saute sur les monticules, bascule à droite, à gauche, mais parvient à conserver sa trajectoire. Enfin elle arrive à proximité de ses chars embossés qui tirent sur tout ce qui bouge. Les chars légers ne disposent pas de puissants canons contre un ennemi supérieur en nombre et semblant encore posséder un armement lourd. Les TD pourraient forcer la décision en intervenant rapidement. À la demande de Roger Barberot, les TD descendent prudemment la pente glissante. Par liaison radio, il les guide au milieu des explosions. Ces colosses de fer grinçants tracent de profonds sillons dans le sol humide. Vers 15 heures 30, la 4e Cie du 22e BMNA attaque les positions allemandes et atteint les premières maisons à l'ouest du hameau d'Eboulet. La 1re Cie du BM21 fait également partie du dispositif. Les Allemands, surpris et écrasés par le renfort inattendu de TD, abandonnent leurs positions et se replient vers l'Est. Les fantassins et les fusiliers-marins qui ont bien suivis les chars, se chargent de nettoyer les derniers nids de résistance. Dans la soirée le 2e Escadron du RFM tente de s'emparer des ateliers de la scierie et de la saboterie (famille Beluche) situés à la pointe Nord de l'Étang Lulin mais il se heurte à une vive résistance.

Le 3 octobre, après une nuit calme, le 2e Escadron du RFM s'apprête à déclencher un tir de mortiers sur les ateliers vers l'étang, quand il apprend par des civils que l'ennemi s'est retiré. Menacés d'encerclement, les Allemands ont profité de la nuit pour se replier sur Champagney par un étroit corridor entre le quartier du Morbier et le ruisseau du Beuveroux. Environ 120 chasseurs bavarois occupaient les ateliers de la mine au Chanois et le bouchon sur la route de Clairegoutte. Quarante d'entre eux ont été mis hors de combats.

Pont de chemin de fer Le balcon d'Eboulet Saint Hillier et Brosset Centrale électrique Fours à coke Entrée tunnel Puits Arthur
Plan d'attaque Mitrailleuse MG42 Canon 105 Howitzer Impacts dans la trémie Tank destroyer Char Stuart M5A1 1er RFM
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