| Tous les ans, début octobre, le samedi le plus proche du 3, nous commémorons l’anniversaire de la libération. Mais surtout, nous rendons hommage à tous ces hommes qui ont combattu jusqu’à la mort pour notre liberté. À 15 heures, au pied des plaques commémoratives, la cérémonie pouvait débuter sous un chaud soleil et suivant un cérémonial parfaitement réglé. Étaient présents : la section des A.C. de Champagney et de Ronchamp, une délégation de Fresse dont son président, le Souvenir Français, la Gendarmerie, les maires de Ronchamp et Champagney, les Sapeur-Pompiers, la vingtaine de porte-drapeaux, les fidèles adhérents et quelques élus. Mais beaucoup ont brillé par leur absence ! Un chant, ‘’Les adieux du bataillon de choc’’, ouvrait la cérémonie qui fut suivi de mon allocution où j’ai rappelé les combats meurtriers pour conserver la maitrise de la colline.
Je ne reviendrai pas sur l’historique des combats que l’on peut retrouver sur ce site. Les combats sur la colline ont été très meurtriers. En septembre 1984 une cérémonie commémorative sur la colline réunissait une cinquantaine d’anciens combattants présents en 1944. Le Baron de l’Escaille, ancien capitaine au 1er BZP, a lu les noms d’environ 80 soldats morts au combat durant quatre jours dont une cinquantaine uniquement sur le plateau. Le nombre des blessés a été très élevé étant donné la grande densité des combattants pendant ces trois jours d’affrontement. La 3e Cie du bataillon de Choc a eu 8 morts et 26 blessés. Du côté allemand le bilan n’est pas connu, mais étant donné la violence des combats et la position des Français, on peut légitimement supposer que plusieurs centaines d’entre eux furent mis hors de combat. Les blessés allemands étaient emmenés au poste de secours du centre de Champagney ou dans les ‘’Grands bureaux’’ des Houillères.
En ce qui concerne la Chapelle, un seul document écrit fait état de son bombardement le 2 octobre par l’artillerie allemande. Elle n’a pas été détruite, seul le clocher est tombé dans l’antique chapelle. Selon l’abbé Bolle-Redat (chapelain de juillet 1958 à mars 2000) : « Un témoin digne de foi a observé, le 2 octobre, 40 tirs précis sur le clocher de la chapelle. Ils venaient d'un char ou d'un canon auto-moteur embossé près du Puits VII » (20-11-74). Cette affirmation suscite quelques réflexions. À cette époque il était impossible d’avoir 40 tirs précis sur un même point. Les obus effectuent des trajectoires différentes parce qu’il est impossible de connaitre avec une précision absolue tous les paramètres de l’état de l’atmosphère : la force du vent et sa direction, la température et l’humidité. Ces paramètres conditionnent les forces aérodynamiques qui agissent sur l'obus. D’autres paramètres interviennent dans la précision : l’usure du tube et son encrassement par les ceintures d’obus, l’échauffement du tube (les gaz brulés sont portés à 2500 °C), la charge de poudre non rigoureusement identique, le réglage de la pièce peut varier d’un tir à l’autre. J’ai terminé mon allocution par une citation du caporal Roger Ludeau, vétéran du bataillon du Pacifique puis du BIMP, qui était à Ronchamp début octobre 1944 :
« Non, je ne suis pas un héros ;
nous avons fait ce qu’il fallait, quand il le fallait et où il le fallait, à un certain tournant de notre histoire. »
Trois gerbes sont déposées au pied des plaques : celle du Bataillon de Choc par Raymond Valli et André Jeudy, celle de Champagney par G. Poivey et Camille Mangin et celle de Ronchamp par J-C Mille et R. Terreaux. La sonnerie ‘’Aux morts’’ et la Marseillaise ont clos la cérémonie.
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