| Le 2 octobre 1944, l'aube se levait sur Ronchamp quand les premières unités de la 1ere DFL firent leur apparition dans les rues jonchées de débris, de morts… Ronchamp était en grande partie libéré et parmi les combats meurtriers livrés par les troupes françaises sur les terrils du Magny d'Anigon et du Chanois, aux fours à coke, au hameau d’Eboulet, face à des allemands qui défendaient ses positions avec acharnement, la conquête et surtout la défense de la colline de Bourlémont allait constituer à elle seule un épisode des plus sanglants de la bataille.
Le samedi 5 octobre, comme par enchantement, la pluie a cessé de tomber quelques minutes avant la cérémonie. Les sections d’anciens combattants de Ronchamp et Champagney se sont retrouvées devant les stèles pour rendre hommages à ces valeureux combattants morts pour notre liberté. Après le chant les Adieux du Bataillon de choc (chant enregistré par la chorale du 1er régiment ce choc), j’ai rappelé les furieux combats qui se sont déroulés sur cette colline. Les forces françaises étaient composées de la 3e Cie du 1er Bataillon de Choc, de 2 Cie du 1er BZP et des dizaines d’hommes du Bataillon du Charollais. Un ancien du Bataillon de Choc, Henri Demont décédé en 2015 à 94 ans, a couché sur le papier ses souvenirs de son passage dans cette unité d’élite dans un ouvrage publié en 2012. Il a combattu à la chapelle où il a été blessé. Voici quelques extraits de son épopée sur la colline.
« … Encore une heure ou deux de voyage en camion et, à la nuit tombante, sous une première averse d'automne, nous débarquons à Pomoy, un petit village de Haute Saône… Dans la soirée du 29 septembre, l'ordre de mouvement arrive. Assis côte à côte sur les marches du parvis de l'église, nous attendons les camions devant nous transporter vers les premières lignes… Gravement, posément, nous embarquons un à un et le convoi s'ébranle bientôt dans la nuit silencieuse et hostile. Le climat de Franche-Comté n'a rien de comparable à celui de Corse, et nos blousons de toile sont devenus bien légers par ces fraiches soirées de début d'automne. Malgré nous, nous frissonnons un peu à rester inactifs, assis sur les banquettes de bois à l'arrière des G.M.C… »
« … Au petit matin la section repart pour tenter une action sur les arrières de l'ennemi occupant toujours Ronchamp situé en contrebas. La patrouille effectuée au cours de la nuit n'a rien détecté d'anormal dans ce secteur... La voie paraît donc libre. Arrivée à pied d'œuvre, la section se déploie en éventail dans les buissons touffus recouvrant cette partie de la pente. Nous sommes presque arrivés aux abords de l'agglomération quand soudain nous nous heurtons à une violente contre-attaque allemande. Un effectif évalué à deux compagnies monte à l'assaut de la chapelle. Étant donné notre infériorité numérique, le capitaine, jugeant immédiatement de la gravité de la situation, donne l'ordre de repli. Cet ordre ne parviendra cependant pas jusqu'à nous ... Mon groupe se trouvant alors en pointe du dispositif de combat, est déjà isolé du reste de la section par la contre-attaque. L'accrochage, assez vif au début, s'est un peu apaisé. Mais les Allemands sont partout autour de nous dans ces taillis. Ne pouvant nous voir, ils nous cernent sans vraiment s'en rendre compte ... Nous ! ... Nous les situons assez aisément car ils s'interpellent sans cesse : J'en entends distinctement un appeler son copain : "Friedrich ! ... Friedrich ! ... Friedrich ! ..." Cela lui donne peut-être du courage ?... Mais pas à nous, (pas à moi en tout cas). Mais toutefois nous restons calmes et vigilants. Je viens de mettre un genou à terre, prêt à faire feu sur l'assaillant dès qu'il se présentera… »
Trois gerbes ont été déposées : la gerbe de Champagney a été déposée par Camille Mangin et Mme le Maire Marie-Claire Faivre, celle de l’Amicale des Anciens Chocs par Raymond Valli (Délégués Régional) et Daniel Pautot de Champagney, celle de Ronchamp par Robert Terreaux et Benoît Cornu, 1er adjoint remplaçant le maire absent excusé. Après les sonneries d’usage et les remerciements aux porte-drapeaux, tout le monde s’est rendu au Square de Ronchamp pour la poursuite de la cérémonie. À noter la très belle participation du Groupe Military Vehicles Collection (GMVC basé à Fougerolles). Le conseil municipal des jeunes (CMJ) de Champagney était présent et c’est le jeune Robin Roux qui a déposé une bougie allumée au-dessus d’une plaque commémorative pour représenter ‘’La flamme du Souvenir’’.
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