CÉRÉMONIE SUR LA COLLINE DE BOURLÉMONT: 2024
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CÉRÉMONIE DU 5 OCTOBRE 2024 |
Dans la nuit du 28 au 29 septembre1944, deux sections de la 2e Cie du 1er Bataillon de Zouaves Portés (BZP) s’installent par surprise sur la colline de Bourlémont. Cette unité faisait partie du Combat Command N°2 de la 1re DB du Général du Vigier. Ce qui sous-entend que la troupe allemande n’occupait pas en permanence le sommet. Á noter aussi, l’absence totale de pièces d’artillerie sur le mamelon. Durant ce mois de septembre, beaucoup de jeunes ronchampois (les 15-18 ans) montaient sur la colline pour voir les coups de canons de la bataille qui s’engageait du coté de Villersexel jusqu’au jour où les Allemands leurs ont dit de déguerpir. Le 29, tôt le matin, deux soldats de la Wehrmacht arrivent tranquillement à la chapelle, arme à la bretelle. Ils sont immédiatement arrêtés sans résistance. Vers 8 heures un groupe en armes se présente ; il est accueilli par une rafale de F.M. C’est le début d’une bataille qui durer près de 4 jours. Les combats sur la colline ont été très meurtriers. En septembre 1984 une cérémonie sur la colline réunissait une cinquantaine d’anciens combattants présents en 1944. Le Baron de l’Escaille, ancien capitaine au 1er BZP, a lu les noms d’environ 80 soldats morts au combat durant quatre jours dont une cinquantaine uniquement sur le plateau. Le nombre des blessés a été très élevé étant donné la grande densité des combattants. Du côté allemand le bilan n’est pas connu, mais étant donné la violence des combats et la position des Français, on peut légitimement supposer que plusieurs centaines d’entre eux furent mis hors de combat. Les blessés allemands étaient emmenés au poste de secours du centre de Champagney ou dans les ‘’Grands bureaux’’ des Houillères. « Plus de 180 blessés allemands ont défilé, dans ces dernières vingt-quatre heures (30/09 au 1/10), au poste de secours installé au café Cordier » (René Simonin-Encore Martyre-Champagney 1944). Á 15 heures, au pied des plaques commémoratives, la cérémonie pouvait débuter avec le beau temps et suivant un cérémonial parfaitement réglé. Un chant, ‘’Les adieux du bataillon de choc’’, ouvrait la cérémonie qui fut suivi de mon allocution où j’ai rappelé les combats meurtriers pour conserver la maitrise de la colline. Trois gerbes ont été déposées ; la 1ère par la municipalité de Champagney (Mme le Maire et le président des AC) au pied de la plaque ‘’Rhin et Danube’’, la 2e par la municipalité de Ronchamp (M. le Maire et Mme Chatel) et la 3e par le député Émeric Salmon. Après la sonnerie ‘’Aux Morts’’ et l’Hymne National les autorités sont venues saluer et remercier la quinzaine de porte-drapeaux. Parmi le maigre public de quelques fidèles habitués une dame était présente, venue spécialement de Belfort où elle était en vacances. C’était la fille du lieutenant Yve Bothorel qui avait combattu à la chapelle avec les zouaves en 1944. Revenons en 1944 : « Le 30, la situation s'aggrave dangereusement pour les zouaves coupés des éléments amis et dès l'aube du 1er octobre, soumis à trois assauts successifs ; ils ont formé le hérisson autour de la chapelle, mais leur situation est désespérée. Le capitaine Lehuédé demande alors l'aide de l'artillerie « au ras des moustaches. Un tir du III/68e R.A. encadre les faces nord-est et sud de l'édifice. La brutale précision du matraquage bloque pile l'ennemi qui ne réagit plus et qui se retire. Notre Dame du Haut reste aux zouaves dont les pertes sont énormes. Au cours de ce bombardement, le fil du poste radio SCR 509 du commandant de compagnie était coupé tandis que, simultanément, le lieutenant Bothorel constatait qu'un éclat d'obus avait tranché l'anneau de son casque. Les artilleurs français ne pouvaient guère tirer plus près. En tout cas, durant ces trois journées vécues au cœur de la fournaise, Bothorel parlant à la radio n'avait jamais perdu son calme » Après cette cérémonie j’ai eu un entretien avec la fille du lieutenant Bothorel qui m’a transmis quelques documents sur la carrière de son papa décédé en 1974 des suites de sa blessure à la tête. Voici un large extrait de l’allocution prononcée par le colonel Miot, commandant les Transmissions de la 6e R.M., lors de ses obsèques le 10 mai 1974 à Nancy : « Le Colonel Yves BOTHOREL, Adjoint au Commandant des Transmissions de la 6° Région Militaire et qui vient d'être arraché soudainement à l'affection de sa famille et de ses amis, est né le 11 Juillet 1921 à ST PIERRE DE QUILBIGNON, dans la banlieue de BREST. Après ses études secondaires et une première orientation vers les disciplines scientifiques, il est incorporé en Novembre 1942 aux chantiers de Jeunesse d'Afrique du Nord et versé, dès le débarquement allié, dans une unité militaire. En Avril 1943, il effectue une période de formation à l'École de CHERCHELL d'où il sort aspirant d'infanterie et reçoit sa première affectation au 2° Régiment de Zouaves. Le 17 Août 1944, il débarque sur les côtes de Provence avec la 1° Division Blindée pour participer aux combats de libération du territoire national et obtient, cinq jours plus tard, sa première citation. Blessé le 26 Septembre à la Chapelle de RONCHAMP, il reprend aussitôt le combat. Noté comme un exemple constant de calme et de bravoure, d'une audace extrême, il termine la campagne avec 5 citations, dont une à l'ordre de l'Armée, et il est proposé pour le grade de chevalier de la Légion d'Honneur à titre exceptionnel. Le 12 Juin 1946, il est intégré dans l'armée active pour prendre rang du 25 Décembre 1944 et le 11 Octobre de la même année, il est muté dans l'Arme des Transmissions. Après un séjour au Centre de Détection Électromagnétique de PONTOISE, il est désigné pour servir en Extrême Orient, où il participe à différentes opérations dans la province de BENTRE et dans le sous-secteur de BAC-LIEU. Un témoignage de satisfaction du Général Commandant en chef vient récompenser son action auprès des autochtones tant civils que militaires. Rapatrié en 1951, il est affecté comme instructeur à l'École des Transmissions de BEN AKNOUN. Promu Capitaine en 1952, il se dirige immédiatement vers l'enseignement militaire supérieur scientifique et technique où il se spécialise dans les questions atomiques. Chef du Groupe des laboratoires de dosimétrie des rayonnements, le secteur dont il avait la charge ayant obtenu des succès dépassant les espérances, il y est noté comme l'un des principaux artisans de la réussite des expérimentations menées lors des premières explosions nucléaires françaises. Promu Chef de Bataillon en 1961, il continue ses services au Centre d'Études et de Recherches Atomiques Militaires, jusqu'en 1965, date à laquelle il prend le Commandement du 58° Bataillon de Transmissions, unité organique de la 8° Division, qu'il amène à un niveau jamais atteint précédemment. Lieutenant-Colonel en 1966 et nommé directeur des Études à l'École Supérieure Technique des Transmissions de PONTOISE, il y marque son passage par une amélioration générale de l'instruction, fruit de son aptitude à saisir les problèmes les plus complexes et à les résoudre méthodiquement, tandis que la rosette de la Légion d'Honneur vient récompenser une carrière déjà lourde de mérites. Affecté le 4 Mai 1972 comme adjoint au Général Commandant les Transmissions de la 6° Région Militaire et promu Colonel le 1er Octobre de la même année, il s'initie aux questions relatives aux Transmissions d'Infrastructure et devient rapidement le conseiller écouté de son supérieur direct, tout en se préparant à assumer, à son tour, des responsabilités de même niveau. Officier exemplaire, travailleur infatigable, combattant brillant, scientifique de haut niveau, d'une solidité exceptionnelle lui permettant de réussir aussi bien dans la troupe que dans la technique, tel fut le Colonel BOTHOREL. » |