Depuis 1744, année de la première galerie officiellement foncée, les travaux étaient cantonnés dans la zone vallonnée qui s'étend de l'Étançon au bois du Chevanel. Ces travaux d'exploitation étaient proches de la surface et il arrivait une assez grande quantité d'eau dans les galeries qu'il fallait à tout prix relever au jour. Les exploitants ont solutionné ce problème en fonçant une longue galerie d'Est en Ouest, en aval de ces travaux. Elle mesurait environ 1300 mètres et c'est en 1783 qu'il en est fait mention. Elle partait de la butte du Chevanel, à 5 mètres sous le puits N°3 foncé en 1825 et se jetait dans l'étang Fourchie, dans la cuvette de l'Étançon. Cette galerie, appelée « grande rigole d'écoulement », aurait été maçonnée en briques et mesurerait 70 cm X 50 cm.
«Mais dès que les travaux, en s'approfondissant, descendirent au-dessous de la rigole, il fallut relever les eaux à ce niveau. On se servit de seaux en bois, puis de pompes d'une construction très primitive, composées d'un bois de sapin de 4, 6 ou 8 mètres de longueur, percé d'un trou central de 8 centimètres de diamètre, ouvert d'un bout et fermé de l'autre par un clapet en cuir, s'ouvrant de dehors en dedans. On introduisait à l'intérieur ce que l'on appelait un soulier de pompe formant piston. C'était une sorte de tronc de cône en cuir souple de 12 à 15 centimètres de longueur, fermé par le petit bout au moyen d'une soupape s'ouvrant du dehors en dedans et retenu par l'autre base au moyen de trois bandes de cuir à la barre en bois formant tige de piston. L'extrémité du corps de pompe qui porte le clapet est généralement appointée pour permettre de l'introduire dans un autre corps pour allonger la colonne. C'est au moyen de cet outil primitif, que l'on répétait tous les six ou sept mètres de hauteur verticale, que l'on parvenait à se débarrasser des eaux. » (François Mathet – Mémoire sur les mines de Ronchamp)
«Cependant, avant 1816, on avait établi dans les travaux de la galerie du Clocher une roue hydraulique destinée à faire mouvoir des pompes qui remontaient les eaux jusqu'au niveau de la grande galerie d'écoulement. L'eau motrice était prise dans le ruisseau de la vallée qui souvent était à sec ; mais on y suppléait au moyen d'un étang de retenue créé au sommet de la vallée. Ce moteur hydraulique a été supprimé vers la fin de 1816, par suite des inconvénients résultant de l'encombrement de la rigole par les boues entrainées par les eaux. A cette même époque et pour le remplacer, on établit à l'orifice du puits Henri IV, un manège qui mettait en mouvement des pompes aspirantes et foulantes dont le débit n'était que de 1 litre 1/2 par coup de piston, et donnaient de 12 à 15 impulsions par minute. Dix chevaux étaient occupés journellement à ce travail d'épuisement. Le puits Henri IV, situé un peu à l'aval de la galerie du Clocher parait avoir été foncé vers 1815. Il a atteint la 1re couche à 21 mètres de profondeur. Il on est fait mention la première fois dans un rapport du mois d'octobre 1810, époque à laquelle on l'utilisait déjà pour tirer les eaux des travaux inférieurs et les déverser au niveau de la rigole d'écoulement. » (François Mathet – Mémoire sur les mines de Ronchamp).
«Du reste, le roulage est toujours exécuté de bas en haut, comme par le passé. Un système aussi défectueux a dû inévitablement donner lieu à un mode d'épuisement plus mauvais encore. En effet, cette partie essentielle de l'exploitation qui se pratique à différents niveaux, au-dessous de la grande rigole d'écoulement dans laquelle les eaux sont élevées, s'exécute en deux fois au moyen de pompes à bras inclinées, que huit séries de pompiers distribués sur toute la longueur, tant des anciens que des nouveaux ouvrages, manœuvrent constamment. Les quatre premières séries tirent les eaux du fond des travaux actuels et les amènent au niveau du puits Henri IV à une hauteur de 53 mètres, d'où elles remontent jusqu'à la rigole d'écoulement, au moyen de pompes installées dans ce puits et mues par des bœufs. Les quatre autres séries de pompiers font parvenir les eaux immédiatement à la rigole d'écoulement depuis 7 jusqu'à 34 mètres de profondeur. »(François Mathet – Mémoire sur les mines de Ronchamp).
Les conclusion du rapport Parrot et Clerc stipulait qu'il fallait « supprimer le système d'épuisement qui se pratique encore au moyen de pompes à bras sur la pente de la veine et à lui substituer une grande rigole d'écoulement dans laquelle toutes les eaux des vieux travaux se rendraient pour être conduites au puits Saint-Louis d'où elles seront ensuite élevées par la machine à vapeur. » Fin 2012 et début 2013, des travaux de réhabilitation de la décharge municipale ont permis de retrouver cette grande rigole d'écoulement. Cependant les observations faites dans cette rigole n'ont pas permis de vérifier ses dimensions ni la présence de briques. Sa hauteur et largeur sont beaucoup plus importantes que celles annoncées.
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