INAUGURATION DE LA MAISON DE LA MINE DE RONCHAMP LE 26 SEPTEMBRE 1976

Les anciens de la mine

Le docteur Marcel Maulini est né le 28 janvier 1913 à la Bresse dans les Vosges. Fils d'immigrés italiens d'une famille de 10 enfants, il suit ses études à la faculté de médecine de Nancy et en 1933 il obtient un certificat d'études supérieures de sciences portant sur la physique, la chimie et l'histoire naturelle (en abrégé S.P.C.N). Il est docteur en médecine en 1939 à Nancy puis médecin à Raon-l'Étape. En 1946 il intègre comme médecin, les Houillères de Ronchamp jusqu'à la fermeture. Il décède en 1983. Il a été le témoin de tout ce que les mineurs de Ronchamp et ceux venus d'ailleurs, Polonais notamment, ont sacrifié à la mine. Près de vingt-ans après la fermeture des puits, ce praticien, défenseur passionné des mineurs, dispensait encore ses soins à plus de 300 familles qui vécurent autrefois de la mine et qui comptaient bien des « silicosés ».

C'est en 1950, qu'il eut l'idée de construire une maison à la gloire du mineur. Pendant près de 30 ans, il rassemble une impressionnante collection d'objets et de documents. En 1953, il entre au conseil municipal où il effectue 3 mandats consécutifs avec Alphonse Pheulpin comme maire depuis 1945. Homme aux multiples facettes, il crée un Syndicat d'Initiative ''ESSI'' en 1954 qui deviendra plus tard Office de Tourisme. Rappelons que l'Office de Tourisme et le Syndicat d'Initiative (S.I. ou ESSI) sont deux organisations qui ont pour but de promouvoir le tourisme et d'aider les touristes dans la découverte d'un pays, d'une région, d'une ville ou de plusieurs villes. L'Office de Tourisme est l'émanation d'une collectivité publique ou d'un État alors que le Syndicat d'Initiative est d'émanation associative. Le docteur est aussi l'auteur d'une chanson sur la mine et les mineurs: ''La complainte des femmes de la mine".

Le 5 Novembre 1966, le conseil municipal sans doute sous l'impulsion du bouillant Docteur, envisage de restaurer le puits Sainte Marie et d'y aménager un musée de la mine après acquisition du bâtiment à l'E.D.F. A l'automne 1972, le conseil municipal se penche à nouveau sur ce projet demeuré en suspens. Mais des élections ont eu lieu, Alphonse Pheulpin laisse sa place à son fils Jean et le docteur Maulini est battu dans une liste adverse. Après lecture du rapport donné par le maire, concernant l'expertise établie par M. Terrasse, Ingénieur à Belfort, en vue de son aménagement en musée, le devis des travaux à réaliser s'élève à 188.715 Frs hors taxes! Le conseil, considérant d'une part que le délai de 3 ans imparti par E.D.F., pour l'aménagement du puits est insuffisant, d'autre part que les finances communales ne permettent pas le financement d'une telle dépense et la prise en charge par la suite des frais de gestion du musée dont la rentabilité s'avère aléatoire, rejette par 11 voix contre 5 abstentions la proposition faite par EDF et émet le vœu que cette réalisation soit prise en charge par le département !

Le 7 novembre 1972, Yvan Rantic, correspondant à l'Est Républicain et ancien mineur se pose la question du devenir du puits : «Quel sera le sort réservé au puits Ste Marie ? Ne fait-il pas partie de l'environnement de Ronchamp, à l'origine du développement de l'industrialisation de la région de l'Est de la Haute Saône. Verrons-nous un jour, se créer à Ronchamp une société ou un groupement de défenseurs du puits Sainte Marie qui doit demeurer à Ronchamp et le conserver comme une relique...» Entre temps, le docteur Maulini exporte son musée en exposant sa collection dans les salles des villages environnants en particulier à Ronchamp (Salle des Fêtes), Champagney (École et Salle Jeanne d'Arc) et Magny d'Anigon.

Le 2 décembre 1972, Yvan Rantic, correspondant du Journal ''L'Est Républicain'', écrit un article pour rappeler la fête de Sainte Barbe : «La Sainte Barbe à Ronchamp, en ce temps-là....
Si l'exploration de notre sous-sol se poursuit intensément par les chercheurs de la C.E.A, dans le but de répertorier les richesses qui dorment encore, la fête de la Ste BARBE qui demeure inscrite dans le calendrier, sera célébrée aujourd'hui. Elle nous invite à nous pencher sur un passé tout proche où Ronchamp, vieille cité minière, la fêtait ce jour avec un faste peu commun. De cette époque, combien d'anciens mineurs se souviennent. Ce jour-là on oubliait..... On oubliait les drames, les difficultés, le dur labeur de ce monde à part, celui des "gueules noires"...

Ce jour consacré à la Ste Barbe, aux dires des derniers témoins, était tout d'abord jour de repos, marqué par la grande procession qui partait du Château à l'église de Ronchamp. La statue enrubannée était portée par des mineurs, entourée des "trieuses" et le défilé emmené par l'Harmonie des Houillères, comprenait tout l'état major de la mine et la population. Au cours de l'office, l'église était bondée et devant, le ''troquet'' l'était également et devant le petit verre, les mineurs évoquaient leur avenir, les difficultés de leur métier. Á la sortie de la messe, des oboles étaient versées mais elles n'étaient, comme on a voulu le dire, destinées aux "fidèles" mais pour payer les porteurs qui avaient accepté de participer à la procession. Ensuite, l'apéritif était servi à tous dans une salle à Ronchamp et la grande kermesse des gueules noires se poursuivait au Casino.

Plus rien ne subsiste de cette fête de la Ste Barbe, si ce n'est les pompiers qui chaque année l'honorent. En attendant l'aménagement du musée de la mine, en cours de création, la Ste Barbe est entrée dans la légende. Seules, les vieilles épouses veuves de mineurs toutes habillées de noir évoquent ce temps-là. Certaines ne manqueront pas d'aller fleurir la tombe de leur compagnon victime d'un des nombreux accidents ou autres catastrophes minières, qui endeuillaient toute la, collectivité minière, où tout simplement de la silicose contractée dans le ventre de Ronchamp... »

Discours d'ouverture Les gens du Magny Mise en scène Quelques symboles miniers La barrette et la lampe Exposition à Champagney

«En 1972, il se crée à Ronchamp un « Comité pour l'Achat et l'aménagement du Puits Sainte-Marie » (CAP-SM). Son but ? Installer le musée de la mine dans le puits désaffecté, ce qui est une pure logique. Le président est Léon TADYSZAK, ancien mineur. Naturellement, le docteur Maulini en fait partie. C'est là que les choses se compliquent : le puits est la propriété de l'E.D.F. qui se montre disposée à la céder, pour une somme symbolique, à un interlocuteur valable, c'est-à-dire à la municipalité de Ronchamp, « car, explique M. Michon, conseil juridique régional de l'E.D.F., une association ne présente pas le même caractère de permanence qu'offre en revanche une commune ». Toutefois, dans le premier projet de vente, la commune devait s'engager à remettre le puits en état dans un délai de 3 ans. Les édiles renâclent devant la dépense : 20 millions anciens !...»

«L'E.D.F. accepte finalement de supprimer cette clause mais il restait entendu que la commune de Ronchamp devait mettre gratuitement le puits à la disposition du comité de la mine, lequel s'engagerait à y installer, à ses frais, le musée en question. Bref, il suffisait que le président du comité, M. Léon Tadyszak, ancien mineur et le maire de Ronchamp, M. Pheulpin, fils d'un ancien mineur, apposent côte à côte, leur signature au bas du contrat proposé par l'E.D.F. La chose ne se fit pas : pour parvenir à un accord, il eut fallu que chacune des parties n'y ait vu nulle malice. Or, il semble que, de part et d'autre, on ait poursuivi une obscure querelle politique, séquelle des dernières élections municipales. Et cela, ni le maire de Ronchamp, ni le docteur Maulini qui se reprochent l'un à l'autre de sombres desseins politiques, ne le démentiront. Car, en effet, derrière le comité de la mine, il y a la stature du docteur Maulini, ancien médecin des houillères. D'ailleurs, la mine, «c'est lui». Il le dit en ces termes : « Tous les objets du musée sont à moi. Le musée existe, avec ou sans puits Sainte-Marie. J'ai aménagé une maison à Ronchamp pour cela ». Le docteur Maulini, donc, semblait ne pas vouloir entendre parler d'une tutelle de Ronchamp sur « son » musée, accusant d'ailleurs la municipalité de s'être toujours désintéressée du musée : « Même du temps d'Alphonse Pheulpin », dit M. Maulini qui expliquait alors : « C'est pour des raisons politiques que le maire ne veut pas nous laisser la disposition du puits ». Évidemment, le maire de Ronchamp voit les choses tout autrement : « Il est vrai que M. Maulini détient actuellement la majeure partie des pièces, mais, dit M. J. Pheulpin, beaucoup de ces objets ne lui ont été remis que pour étoffer le patrimoine commun : le musée de la mine ».

«Quant aux desseins politiques que lui prête le bouillant toubib, le maire s'en défend avec véhémence, et renvoie la balle : selon lui, le docteur qui se présenta aux dernières municipales sur une liste d'opposition, n'a pas digéré la « veste » qu'il ramassa... Car, le « Tout-Ronchamp » politique vit un peu à l'heure des houillères abandonnées : parce qu'on y est fils de mineur, ou ancien mineur soi-même, et il n'est pas exclu que, pour revenir sur la scène politique locale, il faille encore montrer « patte noire ». Le maire actuel de Ronchamp lui, ne l'oublions pas, le fils d'Alphonse Pheulpin (décédé en août 1972), ancien mineur, syndicaliste acharné, porté par ses pairs du carreau de la mine sur un siège du conseil général. Mais demandez à l'un, demandez à l'autre : chacun se défend bien de poursuivre quelque obscure querelle politique...ce dont chacun accuse l'autre.»

«Pourtant, on fut presque sur le point d'aboutir à un accord voici quelques semaines dans le bureau du sous-préfet de Lure : le président du comité, M. Tadyszak, le conseil juridique de l'E.D.F., M. Michon, et le maire de Ronchamp, voulurent bien, sous l'œil de l'autorité de tutelle, mettre de l'huile dans les rouages. On sembla d'accord pour faire revivre le patrimoine « affectif » des houillères de Ronchamp. Las, aujourd'hui rien ne va plus, et le contrat est vierge de toute signature, les négociations sont bloquées, le musée itinérant continuera d'être présenté de salle en salle, et, pour mettre tout le monde d'accord, l'E.D.F. menace de livrer le puits Sainte-Marie aux enchères publiques. Question : — Dans cette dernière hypothèse, qui donc l'achèterait ? » (ER 11 mars 1973- Gérard la Moel)

Mais rien ne se fit ! Le docteur utilise ses propres deniers pour faire construire son musée au centre du village sur les plans de l'architecte Paul Combert. Le musée, qui porte le nom de ''Maison de la Mine '' est inauguré en grande pompe le dimanche 26 septembre 1976.

Maison de la mine La foule et les personalités Allocution Maulini L'auditoire Présentation des drapeaux Fanion Sainte marie aux Mines
Les mineurs de Cernay Présentation des portes-drapeaux Délégation Sainte Marie aux Mines Délégation en costume Joseph Gronka Ernest Parmentier
André Lamboley Joseph Gronka et Paul Fukas Départ de la clique des sapeurs Le cortège sur la N19 Le défilés dans la rue Gros plan sur les hommes
Devant le monument de 1870 Marcel Maulini Glûck Auf Arrivée au Musée Des anciens mineurs Devant le musée
L'arrivée du défilé Chariot de mine Pose pour la photo Des anciens mineurs Exposition au musée Maulini devant les lampes
Consul général de Pologne Discours en salle du conseil Le Maire jean Pheulpin Les personalités en salle de conseil Allocution du consul La Maison de la Mine

LA MISE AU POINT DE LA MUNICIPALITÉ RONCHAMPOISE

Par le maire de Ronchamp et son conseil municipal après le discours du Docteur MAULINI inaugurant la maison de la mine le 26 septembre.

«Á ceux qui reprochent à la municipalité de n'avoir pas permis au musée de la mine de devenir municipal, celle-ci apporte les précisions suivantes généralement méconnues du public.
Les services E.D.F. cédaient à la commune de Ronchamp le puits Sainte Marie pour le franc symbolique à condition qu'un musée de la mine soit aménagé dans le délai impératif de trois ans.
L'architecte consulté à cet effet en 1971 estimait à 18.871.5, 00 A.F. le montant des réparations à effectuer au chevalement du puits. De plus il fallait prévoir la construction de bâtiments annexes pour la présentation complète des collections, un logement pour le gardien et l'aménagement des abords. Le tout aurait coûté environ 60 millions d'A.F. dont la majeure partie aurait été mise à la charge des contribuables, s'ajoutant ainsi aux augmentations engendrées:
Par les travaux d'assainissement devenus obligatoires.
Par la réfection de réseau d'eau et tous travaux urgents et indispensables sans parler des charges déjà supportées par la commune. Aux dépenses d'investissement de ce musée, s'ajoutaient les dépenses de fonctionnement (salaire d'un gardien compétent, entretien, frais de chauffage et d'éclairage, etc..).
Et les services E.D.F. nous avaient fait obligation de ne poursuivre aucun but lucratif en raison du caractère éminemment social de l'œuvre. Pour aplanir les difficultés et sur l'initiative de Monsieur le Sous-préfet, une réunion eut lieu à la Sous-préfecture le 10 janvier 1973 en présence de M. le Sous-préfet, M. MICHON conseil juridique d'E.D.F., de deux membres du comité du musée de la mine et de deux membres du conseil municipal.
Un schéma fut proposé aux deux parties et reçut le même jour l'accord du conseil municipal. Mai M. ROLLIN au nom du comité réserve sa réponse qui ne nous est pas encore parvenue jusqu'à ce jour...
Peu importe puisque le musée est là, riche de souvenirs et d'enseignements. Il nous invite à la méditation et au respect ; respect de la pierre, mais surtout respect des hommes.»
«Dans la délicatesse, le cœur a de l'esprit»

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