LE BASSIN HOUILLER DE RONCHAMP-CHAMPAGNEY ET LES CONCESSIONS |
DESCRIPTION DU BASSIN HOUILLER |
Le bassin houiller de Ronchamp s'appuie sur le versant méridional du massif des Ballons des Vosges avec un pendage général de 20° environ vers le Sud-Ouest ; mais il est presque immédiatement recouvert partout par la formation du grès rouge, de sorte que le terrain houiller n'affleure que sur une bande assez mince, et dans cette partie couverte de forêts, il ne pouvait guère attirer l'attention que dans les ravins qui descendent du massif des Vosges Saônoises; cela explique la découverte assez tardive de la houille dans ces parages, découverte qui remonte vers 1740. «Depuis 1744, les exploitations de Valenciennes et d'Hardinghen ont pris un grand développement ; de nouvelles mines de houille ont été ouvertes dans les bassins de Littry, de Carmeaux et de Ronchamp.» (Compte rendu des travaux des Ingénieurs des mines pendant l'année 1840). En 1749, le Sieur de Gensanne, propriétaire de mines de Plancher les Mines et en Alsace, avait envoyé un morceau de houille dans un laboratoire de Besançon aux fins d'analyses. Jusqu'en 1810, l'exploitation de la houille se fera uniquement par galeries et petits puits intérieurs dans les ravins et cuvettes sur une bande de quelques centaines de mètres. La coupe montre également des protubérances du terrain de transition, sur lequel repose le terrain houiller, formant de véritables petits soulèvements qui ont amenés l'amincissement ou même la disparition passagère des couches. La présence du grand soulèvement méridional a même failli arrêter l'exploitation de la houille en 1840. Le gisement houiller se compose de deux couches, la couche supérieure dite première couche et la couche inférieure dite deuxième couche. Entre les deux, se trouve une veine de houille dite « couche intermédiaire », de faible puissance en général, mais qui a été exploitée dans certaines régions. La première et la deuxième couche sont séparées par un intervalle d'épaisseur variable qui est habituellement d'une trentaine de mètres. La première couche avait jusqu'à 3 mètres de puissance et la deuxième couche 4 m. 60 au puits Saint Charles. Aux affleurements, dans le bois du Chevanel et de l'Étançon, la première couche avait une puissance qui atteignait 6 mètres, mais son épaisseur a diminué rapidement avec la profondeur. Par contre la deuxième couche n'avait guère que 1 m. 25 de puissance et n'était séparée de la première que par 15 à 16 mètres. Les deux zones exploitables ne se superposent pas entièrement, elles sont décalées l'une par rapport à l'autre de sorte que d'un côté, on exploite la première couche et pas la deuxième, c'est le cas de l'Est. Et de l'autre, on exploite la deuxième et pas la première, c'est le cas de l'Ouest ; les deux zones ne se superposent que sur 1 km environ de largeur. Les zones exploitables diminuent de largeur au fur et à mesure de l'approfondissement. Les deux couches dans leurs zones exploitées en allant du Nord-Est au Sud-Ouest, de l'amont à l'aval, c'est à dire en suivant ce qu'on a appelé à Ronchamp la ligne de plus grande richesse, on a constaté, qu'en chaque point de cette ligne, non seulement l'étendue en direction exploitable de part et d'autre devenait peu à peu moins importante, mais encore que l'épaisseur utile des couches diminue au fur et à mesure que l'on s'enfonce suivant cette ligne. On a constaté que le maximum de puissance utile des couches se trouve dans les travaux des puits St Charles et St Joseph, et que ces couches sont encore belles dans les travaux du puits du Chanois et du Magny, mais beaucoup moins avantageuses dans la région du puits Arthur de Buyer. Carte des vestiges du bassin houiller de Ronchamp. |
LA CONCESSION DE RONCHAMP |
Vers 1750, l'abbaye de Lure découvrait une mine de houille près du ravin séparant les deux communes de Ronchamp et de Champagney, dans le bois du Chevanel, sur le territoire de Champagney, qui dépendait de la seigneurie de Passavant, et elle obtint, par ordonnance de l'intendant de la Franche-Comté, rendue le 21 avril 1757, en exécution des ordres du roi, la permission d'exploiter cette mine. Le bois du Chevanel était la propriété de l'abbaye de Lure. D'un autre côté, les sieurs de Reinach et d'Andlau, barons de Ronchamp, avaient fait une pareille découverte dans le bois de l'Étançon, situé sur le territoire de la seigneurie de Ronchamp sur la droite du même ravin, et ils obtinrent, d'abord par une ordonnance de l'intendant de la province, et puis par un arrêt du Conseil du 11 septembre 1757, la concession pour vingt années des mines de charbon situées dans le lieu d'Autançon (Étançon de nos jours) et à 600 toises de rayon (soit environ 1100 mètres). Les frères Guy, de Nancy-sur-Cluses, marchands drapiers à Belfort, se lancent hardiment dans l'industrie métallurgique en Franche-Comté, à partir du milieu du XVIIP siècle. A 29 ans, Jean-François Guy acquiert les forges de Magny-Vernois, en 1749. Deux ans plus tard, il est le premier maître de forges de France, qui envisage d'utiliser le charbon de terre, à la place du charbon de bois, pour fabriquer ses produits sidérurgiques. Son frère, François, ne peut obtenir la concession des houillères de Ronchamp, en raison de l'obstruction du seigneur local, mais Jean-François Guy achète les houillères et les verreries de Granges (canton de Villersexel) et fait effectuer des fouilles pour trouver d'autres mines. Il devient aussi propriétaire des forges de Montagney, à l'ouest de Besançon. François Guy, quant à lui, s'intéresse, dans les années 1780, aux forges de Conflandrey et Passavant, grosses productrices de boulets de fonte pour la Marine à Toulon. Par un autre arrêt du Conseil, en date du 25 octobre 1766, le prince de Bauffremont avait obtenu, de son côté, la concession pour trente années des mines situées sur la terre de Faucogney et sur les territoires d'Aurière et de Mourière dépendant de la seigneurie de Ronchamp. A la Révolution de 1789, les biens de l'abbaye de Lure, et avec eux le territoire de la seigneurie de Passavant devinrent une propriété nationale; quelque temps après 1792 il en fut de même de la seigneurie de Ronchamp, en exécution de la loi sur l'émigration, les familles d'Andlau, de Reinach et Ferrette ayant émigré. En 1801, les sieurs d'Andlau, de Reinach et de Ferrette furent réintégrés dans les droits et propriétés qui n'avaient pas été aliénés, et ils redevinrent propriétaires de la moitié indivise des houillères de Ronchamp et de Champagney. Le 4 juin 1812, la moitié indivise de la mine échut à M. Daniel Dolfus Mieg. M. Dolfus présenta pour caution son associé M. d'Andlau, ministre de l'intérieur du grand-duc de Bade et propriétaire déjà du quart de la houillère de Ronchamp et Champagney, comme représentant des anciens seigneurs de Ronchamp. La Société d'Andlau, Dolfus Mieg et Cie devint ainsi propriétaire de la totalité de la concession. Les deux demandes de la Société des Houillères de Ronchamp et de la société d'Eboulet furent soumises aux affiches et publications en même temps, le 12 octobre 1859. Aussi la société de Ronchamp entra t'elle en pourparlers avec celle d'Éboulet, et le 23 juillet 1864, les sociétés propriétaires des deux concessions présentèrent collectivement une demande à l'effet d'obtenir l'autorisation de réunir les deux concessions. La fusion des deux Sociétés fut officiellement consacrée le 19 janvier 1867 par devant Maître Paul Frédéric Hickel, notaire à Mulhouse. Les comparants furent pour la Société de Ronchamp : La Société des Houillères de Ronchamp, créée en 1854, sous forme de Société Civile, fut prorogée pour une nouvelle période de cinquante ans, et se terminant au 1er mai 1954. En 1958 c'est la fin de la Mine. |
LA CONCESSION D'ÉBOULET |
Messieurs Patret et de Pruines et consorts, formant la société des recherches d'Éboulet, demandèrent, le 18 mars 1851, une concession s'étendant au sud de celle de Ronchamp et Champagney; ils avaient commencé, à l'appui de leur demande, dès 1847, un sondage au nord du hameau d'Eboulet et à 100 mètres environ au sud de la limite de la concession de Ronchamp mais cette reconnaissance a été jugée insuffisante, pour procéder aux affiches de la demande en concession. La société de recherches dite d'Éboulet n'hésita pas à faire de nouvelles recherches, en s'appuyant sur les résultats qu'elle avait obtenus au sondage d'Éboulet. La Compagnie renouvela sa demande en concession en modifiant toutefois le périmètre du 18 mars 1851. Le nouveau périmètre demandé comprenait 2243 hectares. Un décret du 4 juin 1862 instituait la concession d'Eboulet, s'étendant au sud de celle de Ronchamp, et d'une contenance de 1853 hectares. Les 2 Sociétés fusionnèrent le 30 mai 1866. En 1851 commence le fonçage du puits Notre Dame. |
LA CONCESSION DE MOURIÈRE |
Le 25 octobre 1766, le prince de Bauffremont avait obtenu la concession pour trente années des mines situées sur la terre de Faucogney et sur les territoires d'Aurière et de Mourière dépendant de la seigneurie de Ronchamp. Le chapitre de Lure et les barons de Ronchamp firent opposition mais l'arrêt du 24 septembre 1768 permit au prince de Bauffremont de continuer l'exploitation des mines de charbon situées dans sa terre de Faucogney, et même de celles qui pourront se trouver dans la partie du territoire de Mourière située sur la rive droite du ruisseau traversant le village de ce nom. Le prince de Bauffremont n'exploita pas à Mourière, mais en 1793 le sieur Célestin Grézely acheta les domaines de la princesse devenue veuve et installa la verrerie de La Saulnaire. Le 11 juin 1822, Mr Grézely demanda la concession de la mine de houille découverte par lui au territoire du village de Mourière, commune de Ronchamp mais les deux autres concessionnaires y firent opposition. Le 31 janvier 1839 Mr Grézely fils demanda qu'il fût donné suite à la demande de son père décédé; mais, dès le 7 mars de la même année, les sieurs Conrad et consorts demandèrent également une concession dans les mêmes terrains. Le sieur Grézely fils, s'étant associé avec les sieurs Conrad et consorts, de nouvelles demandes furent présentées les 16 août et 20 octobre 1839. La superficie demandée en concession comprenait cette fois, non seulement les terrains de Ronchamp laissés disponibles par l'ordonnance du 5 mai 1830, mais encore des terrains des communes de Malbouhans et Saint-Barthélemy; il fallut procéder à de nouvelles affiches et à une nouvelle enquête. En 1839, un plan fait un état de certains sondages et puits de recherche sur le territoire de la concession (une carte ign de 1958 précise la position des puits de recherche). Cette même année, l'ingénieur Barbier présente un plan des travaux en cours entre le puits de la Croix et la galerie du Culot. En 1842, l'ingénieur des mines ordinaire, Drouot, réalise une étude sur les travaux entrepris ou repris pour joindre au dossier de la demande d'extension de cette concession. L'ordonnance du 22 mai 1844 assigne à la concession de houille de Mourière une étendue superficielle de 625 hectares. Après des recherches nombreuses et peu satisfaisantes, une exploitation a été ouverte sur la rive droite du ruisseau des Gouttes, au nord-ouest et à 1 kilomètre du hameau de Mourière, à l'endroit dit le Culot de la Breuchotte, au moyen de deux galeries en direction, dont l'une débouchant au jour, et reliées par des montages. Dans ces travaux, on comptait jusqu'à trois à quatre couches de houille, mais dont une seule était exploitable; c'est la couche inférieure, dont l'épaisseur variait de 0m,50 à 0m,75, et même atteignait en certains points 1 mètre et son inclinaison était de 15 à 20 degrés vers le sud-ouest. En 1849, le puits de la Croix est foncé malgré des arrivées d'eau importantes et un montage est creusé en direction des galeries du Culot. Les travaux sont suspendus vers 1858, à la suite de la mort accidentelle de l'ingénieur M. Barbier, qui fut tué par une explosion dans son bureau en manipulant la poudre. Enfin, on ouvrit deux autres galeries, à partir des effleurements, supérieures à celle du Culot de 26 et 38 mètres, dites Renaissance inférieure et Renaissance supérieure, et des chantiers y furent ouverts ; mais dans ces travaux, d'ailleurs en communication avec ceux du Culot, les crains et dérangements étaient encore plus fréquents. L'exploitation resta concentrée dans ces travaux, avec des arrêts, des suspensions plus ou moins longs jusqu'en 1872, où une Société dite Société nouvelle des houillères de Mourière, fit l'acquisition de cette mine. Elle releva l'ancienne galerie du Culot et rouvrit le puits de la Croix pou en tirer au moins la houille nécessaire à ses travaux.En 1872, plus au sud, un puits de recherche est foncé (puits Saint Paul) mais il ne rencontrera que des veinules de houille .En 1881, les exploitants recherchent la houille à partir du fond du puits Saint Paul en creusant deux galeries ; une en direction du Nord et l'autre en direction du Sud. Les résultats sont très décevants et les recherches sont abandonnées. En 1873, la société nouvelle des mines de Mourière avait demandé une extension de concession de 3606 hectares, s'étendant à l'ouest et au sud-ouest de celle de Mourière. Pour établir la concessibilité de l'extension, la société creusa un sondage près du village de Malbouhans ; cette recherche entra dans le terrain de transition à la profondeur de 374 mètres, mais sans rencontrer de couche de houille.Á la suite de cette demande, l'ingénieur des mines Bertrand, présente un premier rapport pessimiste sur les possibilités d'extension de la concession sur la commune de Malbouhans. En juin 1875, il présente un nouveau rapport dans lequel il précise ''l'extension de concession demandée doit être rejetée''.Malgré tout, l'exploitation du charbon se poursuit dans les chantiers des galeries du Culot. Le 30 septembre 1879, le Garde des Mines Boimaymé établit un procès verbal des travaux en cours. La demande en extension fut ensuite abandonnée, et on renonça à toute recherche ultérieure. Par une pétition en date du 21 juin 1890, M. Huguenard Jules, expert-comptable, domicilié à Vesoul, agissant au nom et comme liquidateur de la Société nouvelle des Mines de Mourière, dont le siège est à Lure, sollicite l'autorisation de renoncer à la concession des mines de houille, dite Concession de Mourière, instituée par Ordonnance du roi du 22 mai 1844 et portant sur le territoire des communes de Ronchamp, Malbouhans et Saint-Barthélemy, arrondissement de Lure. Le dossier de la pétition qui, primitivement, était incomplet, a été régularisé par la production des plans et du mémoire descriptif, à la date du 14 septembre 1890. La Société est mise en liquidation en 1891 et en 1893, c'est la fin de tous les travaux dans cette concession et plus personne ne s'y aventurera. |
LA CONCESSION DE SAINT-GERMAIN |
Pétition Léon Poussigue de 1903Depuis longtemps on a cherché des prolongements du bassin houiller de Ronchamp en direction du Sud et de l'Ouest. Par une pétition en date du 1er mai 1903, régularisée à la date du 15 Juin 1903, M. Léon POUSSIGUE, directeur de la société des houillères de Ronchamp et Eboulet, agissant au nom de cette société, dont le siège social est à Ronchamp (Haute-Saône), sollicite : Pétition rejetéePar décret, a été rejetée la demande de la Société des Houillères de Ronchamp : Premiers sondages et création sociétéEn 1905, un industriel, alerté par ses études géologiques dans le secteur et par les ''ondits'' traditionnels de la région, fait un sondage à 5 km au N.O. de Luxeuil, en vue de rechercher de la houille au lieudit ''La Gabiotte''. Il n'aboutissait à aucun résultat (156m). Son idée est reprise par quelques-uns de ses amis qui forment, en 1906, la SOCIETE CIVILE DE RECHERCHE DE HOUILLE DE LUXEUIL, qui opère 3 sondages : Nouvelle société et concessionForte de ces données, la Sté Civile se transforme en S.A. des Houillères de Saint-Germain (1912), demande une concession minière. Par une pétition en date du 30 juin 1908, régularisée à la date du 22 juillet 1908, la société de recherches de houille dans la Haute-Saône, dont le siège social est à Luxeuil, agissant poursuites et diligences de M. Renaud (Théophile), son administrateur délégué, sollicite une concession de mines de houille s'étendant sur les territoires des communes de Lure, Saint-Germain, Malbouhans, la Neuvelle, Froideterre, Melisey, Lantenot, Rignovelle, Linexert, Franchevelle, Quers, Adelans, Bouhans-les-Lure, Amblans, Magny-Vernois, la Côte et Roye, arrondissement de Lure, département de la Haute-Saône. Les limites renfermant une étendue superficielle de 8328 hectares. Le pétitionnaire offre aux propriétaires des terrains compris dans la concession demandée une redevance tréfoncière annuelle de 10 centimes par hectare. (Le 25 août 1908.Le préfet de la Haute-Saône ; G. REBOUL) Le périmètre sera revu et le 25 mai 1914, elle obtient cette concession, qui lui donne le droit d'exploiter dans un périmètre de 5.308 hectares s'étendant de Lure aux villages de la Neuvelle - Rignovelle – Quers et Bouhans. La guerre survenant suspend les opérations ; elles sont reprises en 1924, par le sondage dit du "Grand Morveau'' à 3km500 au Nord de Lure, le longs de la route de Lure à Lantenot. Ce sondage trouve le houiller, mais avec des pendages atteignant la verticale et est abandonné à 460 mètres sans rencontrer la houille même. Avec l'aide d'un nouveau groupe, formé en une nouvelle SOCIÉTÉ DE RECHERCHES DE HOUILLE DE BELFORT, les travaux sont continués en 1926. Le sondage, dit de ''Marcoudan'' à 1 km 800 à l'Est du précédent et à 1 km 500 du sondage II de Saint-Germain, entre dans le houiller à 455 mètres et rencontre sa plus belle couche (0m80) à 600 mètres. Toutes précautions ont été prises par le nouveau Groupe pour que constats et analyses soient assurés de la façon la plus rigoureuse. Un sondage, le 7ème est entrepris en 1927 par quelques-uns des participants au précèdent : il cherche au S.E. de celui-ci à recouper l'hypothèse des bassins en cuvette. La vérification est entièrement concluante ; le sondage, effectué à la sortie S.E. de Froideterre, atteint le houiller à 545 mètres et montre des couches, plus épaisses puisque 4,50 mètres de houille sont traversés entre 733 et 766 mètres. Poursuivant leur effort, ces mêmes industriels, appuyés par un plus grand nombre d'actionnaires primitifs, décident un nouveau sondage pour chercher le fond de la cuvette houillère. En 1928-29, à 3 km à l'Est de Lure, à coté de la grande ligne de Chemin de fer, le sondage 8, dit de ''Roye-La Coulonge'' atteint le houiller plus profondément, et les couches étalées en éventail de 890 à 1130 mètres, forment un ensemble de 2,50 mètres d'épaisseur environ. La crise industrielle, particulièrement intense sur le Textile, auquel se rattachaient les principaux intéressés, a fait arrêter là le cours des opérations. Un tableau récapitule les observations faites aux sondages ayant effectivement reconnu la présence du charbon. Les sondages 1, 3 et 5 ont donné un résultat négatif en ce qui concerne la présence de la houille. Aspect géologiqueUne coupe longitudinale schématique du bassin suivant une direction N-15° Ouest passant par les sondages 4, 7 et 8 a été établie avec les résultats suivants : 1-) L'épaississement rapide des morts-terrains du Nord au Sud. Un sondage exécuté plus au Sud à Frotey-les-Lure (sondage à 4km environ au Sud du forage 8) a montré un épaississement considérable du Permien suivant cette direction. 2-) La puissance du houiller qui atteint 200 à 300 mètres vers le Sud (forage de Marcoudan (6) : 228 mètres - de Froideterre (7) 270 mètres – de Roye la Coulonge (8) : 263 mètres) est réduite à une centaine de mètres au forage Nord (98 mètres à Saint-Germain II (4) et 122 mètres à Saint Germain I (2)). Cette réduction d'épaisseur vers le Nord correspond, en toute vraisemblance, à une érosion de la partie supérieure du Houiller, sur lequel le Permien repose en discordance. Aux sondages 7 et 8 on observe, entre ce Houiller et le Permien proprement dit, un ensemble d'assises épais d'environ 70 mètres à Roye La Coulonge (8) et d'une quarantaine de mètres à Froideterre (7) qui semblent faire défaut aux sondages 6, 4 et 2. Nous considérons ces assises supérieures somme appartenant à une division supérieure du Houiller, également tranchée en biseau par l'érosion ayant précédé le dépôt du Permien. 3-) L'existante, dons ce Houiller, outre quelques filets et couche de charbon peu épais, d'un faisceau principal dans la partie inférieure. 4-)Il y a lieu de noter, en particulier, l'existence d'une part au toit du faisceau principal à la partie inférieure du Houiller : Sur la superficie de 2 km2 ainsi délimitée, il semble donc que l'on puisse compter, entre des profondeurs variant de 240 à 800 mètres, sur 2 millions de mètres cube de houille correspondant à plus de deux millions et demi de tonnes gisantes, soit environ deux millions de tonnes exploitables, compte tenu des irrégularités possible du gisement, serrées, interruptions par failles, etc.. Cette estimation est sans doute au-dessous de la réalité; en particulier, l'épaisseur de charbon reconnue au sondage 7 dépasse notablement un mètre: les relevés donnent une épaisseur totale de 5,66m dont 2.57m de houille barrée. Cependant, aucune carotte n'ayant pu être ramenée dans les couches et les analyses n'ayant porté que sur les débris recueillis dans l'eau de circulation, une certaine prudence s'impose quant à l'exploitabilité de la totalité de ces couches. ConclusionLa série des sondages qui ont trouvé la houille dans la concession de Saint-Germain ou à son voisinage immédiat (2, 4, 6, 7 et 8) est disposée presque sur une même ligne droite. Il en résulte que le tonnage probable que l'on peut déduire de leurs résultats est assez faible, de l'ordre de deux millions de tonnes exploitables au minimum. Si l'on estime que ces résultats sont néanmoins suffisants pour justifier la poursuite des travaux, la première chose à faire serait de rechercher l'extension du gisement tant vers l'Est que vers l'Ouest de la ligne reconnue. Pour cela, deux sondages devraient d'abord être entrepris, l'un près du Château de Saulcy, l'autre dans le bois du Tertre. Ces deux sondages apporteraient en même temps, à conditions que leurs travaux soient suivis par des géologues expérimentés, des précisions des plus souhaitables quant à la constitution du terrain houiller. La flore fossile de la concession de Saint-Germain est bien d'âge Stéphanien. Nous ne savons pas si les veines peu épaisses et écartées de La Coulonge sont les mêmes que celles du faisceau très serré de Froideterre. On peut supposer que, comme à Ronchamp, les veines dessinent la queue de cheval vers le Sud en se divisant dans le stérile. |
LA CONCESSION DE LOMONT |
En ce début de 20ème siècle on sait que depuis longtemps la houille est exploitée à Ronchamp et dans les environs. Mais on sait aussi que le gisement, à cet endroit, commence à s'épuiser. Plusieurs puits, comme celui de Saint-Joseph, celui d'Eboulet et Saint Charles sont aujourd'hui abandonnés. Ceux du Chanois (588 m) et du Magny (694 m) voient leur rendement se ralentir, et le puits Arthur de Buyer (1010 m) creusé en 1892 au sud de la Nannue, non loin des villages de Clairegoutte et du Magny, n'a pas réalisé toutes les espérances qu'on avait mises en lui. Ce puits était prévu pour produire 1000 tonnes par jour ! Les recherches de houille commencées en 1900 par M. Schwander de Montbéliard sur le territoire de la commune de Lomont, au sud du bassin de Ronchamp, ont été continuées en 1902. Le sondage exécuté, qui atteignait 860 mètres à la fin de 1901, est arrivé à la profondeur de 1.106 mètres, à la fin de 1902. Il a été exécuté au trépan ordinaire avec un diamètre de 0.66 m. au début et 0.11 m. à la fin. Trois autres sondages (Belverne, Frotey et Courmont) n'auraient pas rencontré la houille. Ce sondage qui est entré dans le terrain houiller à une profondeur mal définie, mais qui doit être voisine de 1.000 mètres-1.020 mètres, a rencontre la houille le 11 novembre à 1.089 m. 70; il a traversé alors de 1.069 m. 70 à 1.097 m. 30, puis de 1.098 m. 50 à 1.099 m. 50 une région composée d'une alternance de schistes et de charbon. À 1.106 mètres, il est entré dans des terrains gonflants, qui n'ont pu être traversés et qui ont déterminé son arrêt. Le 7 février 1903 une demande de concession est présentée par M. Auguste Schwander pour le compte de sa société. La Société de Ronchamp, qui n'avait exécuté aucun sondage en dehors du périmètre de ses concessions, a, de son côté, présenté le 1er mai 1903, une demande en extension de concession, partiellement concurrente à celle de la Schwander. Le 26 juillet 1904 un décret rejettera la demande de la Société des Houillères de Ronchamp. Vers le 14 septembre 1903, Auguste Schwander décède tragiquement dans un accident. Ses obsèques se sont déroulées le 16 septembre à Montbéliard. Au sein de la société, il est remplacé par Jules Japy, Ingénieur de Beaucourt. Le 26 juillet 1904 un décret est publié, instituant la concession de Lomont. La pétition avait été présentée par M. Jules Japy, le 4 février 1904, au nom de la Société de recherches de houille, substituée à la Société d'Auguste Schwander. Le Journal ''L'ÉCHO DES MINES ET DE LA MÉTALLURGIE'' publié par un Comité d'Ingénieurs rapporte un article sur ce sujet le 22 novembre 1909 : «On connait l'histoire de cette société constituée à la suite de le demande en concession de M. Schwander, demande basée sur le sondage de Lomont, qui avait bien ramené des morceaux de houille de la profondeur de 1.100 mètres, mais n'avait pas pu présenter des carottes attestant l'épaisseur de la couche. Le service des mines n'ayant pas jugé suffisamment concluants ces résultats n'avait accordé la concession que conditionnellement, et sous le bénéfice soit du fonçage d'un puits, soit de l'exécution de sondages de contrôle. C'est à ce dernier parti, le plus sage, que l'on s'est arrêté fort heureusement. » « Trois sondages furent exécutés : Le sondage de Courmont qui, poussé jusqu'à 1.072 mètres, n'a rencontré aucune trace de terrain houiller. Le sondage de Belverne où une veinule de charbon de 2 centimètres et demi fut rencontrée à 687 mètres mais on entrait de suite dans des couches d'une dureté inouïe et le sondage était abandonné à 899 mètres, sans autre résultat. Le sondage de la Pissotte, où l'on ne trouvait rien de concluant jusqu'à 1086 mètres. Le conseil des mines de Lomont a réuni les actionnaires le 4 octobre dernier (1909) pour leur rendre compte de ces résultats. Son rapport concluait : Les sondages de Lomont, Courmont, Belverne et de la Pissotte prouvent, d'une façon indiscutable, que dans toute la région où la Société a la concession, c'est-à-dire dans le périmètre d'Etobon au moulin du Faux, Faymont et les Valettes, la houille se trouve à des profondeurs considérables, ne pouvant pas être exploitée et que les terrains ont été tellement bouleversés par les soulèvements qui s'y sont produits, que pour exploiter, même si la houille avait été trouvée à une profondeur convenable, on y rencontrerait des difficultés telles qu'une société n'ayant pas un personnel ingénieurs, employés et ouvriers expérimentés et ne possédant pas des réserves considérables, ne pourrait pas subsister longtemps .» «Il donnait aussi l'opinion des géologues consultés. Nous reproduisons ici, à titre documentaire, celle de M. Bergeron : Ces sondages n'ont ajouté à nos connaissances sur le bassin de Ronchamp rien qui nous permette d'établir la véritable allure des couches houillères ; nous ne pouvons faire que des hypothèses un peu différentes de celles déjà émises, mais qui, d'ailleurs, ne peuvent servir dans la recherche de la houille. Cependant, ces sondages, conduits très méthodiquement, ont mis en évidence un fait qui a son importance... c'est que, à mesure que l'on avance suivant la direction Nord-Est, le terrain houiller se rencontre près de la surface... » « … Donc, si la Société des mines de Lomont a l'intention de continuer ses recherches en dehors de sa concession, de manière à pouvoir demander une modification de périmètre, ce serait suivant cette même direction Nord-Est que l'on devrait les orienter et la région du Chenebier parait tout indiquée pour y placer un nouveau sondage. Nous ne voulons pas dire que l'on y trouvera à coup sûr de la houille, ce qu'aucun géologue compétent ne peut affirmer d'avance sans outrepasser ce que la science permet de conclure ; mais si elle existe, il est extrêmement vraisemblable qu'en cette région on la rencontrera moins profondément que dans les sondages précédemment exécutés. |
LA PRODUCTION DE CHARBON ET L'EFFECTIF DES MINES |
La production totale de charbon du bassin houiller de Ronchamp-Champagney se situe entre 16 et 17.000 .000 de tonnes depuis 1763 jusqu'en 1958. Pendant plus de 50 ans (de 1763 à 1810) cette production est très méconnue où les seules traces figurent dans un procès verbal d'expertise du 6 août 1811 dressé pour la mise en vente de la houillère. La production estimée des débuts de l'exploitation est la suivante : Á partir de 1811, les chiffres de la production sont ceux enregistrés par les Ingénieurs des mines dans les ''Compte Rendu des Travaux des Ingénieurs des Mines'' dont la première édition paraît en 1833 et la dernière en 1977. C'est également à partir de cette date que l'effectif des mines y sera également mentionné. L'âge d'or des mines de Ronchamp (et des actionnaires) se situe entre 1864 et 1909 où la production annuelle dépassait très souvent les 200.000 tonnes. Le maximum a été atteint en 1904 avec 246.797,64 tonnes extraites et ce chiffre ne sera plus jamais atteint. C'est également durant cette période que l'effectif des mines atteint ou dépasse les 1500 personnes. Après la Première Guerre Mondiale la production va lentement décroitre (100 000 tonnes en 1933, 69 000 tonnes en 1950) jusqu'à la fermeture en 1958. |
LES RÉSERVES DU BASSIN HOUILLER EN 1936Les concessions:
Quatre concessions occupent une surface de 12 147 hectares dont deux sont exploitées sur une surface de 4 503 hectares. L'exploitation en résumé: Grisou, longues tailles, abattage au M.P., remblaiyage à la main, profondeur d'exploitation : 300-900 mètres. |
Ce tableau est issu des ''Statistiques de l'Industrie Minérale'' et publié en 1937. Il dresse un état des ressources de charbon dans les deux concessions exploitées. Les réserves totales du sous-sol seraient de 2.834.000 tonnes. La production moyenne de 1912 à 1937 est de 128.000 tonnes. Les réserves permettraient donc une exploitation possible pendant 22 ans, soit jusqu'en ....1959. Cependant à partir de 1937 la production allait régulièrement chuter, de 92.000 tonnes en 1937 elle passe à 69.000 tonnes en 1950. Ces prévisions étaient donc assez réalistes puisque l'exploitation s'est arrêtée en ...1958. |
LISTE DES HOMMES DE LA MINEUn fichier contenant une liste non exhaustive de plus de 750 noms d'hommes employés dans les mines de Ronchamp entre 1844 et 1901 est disponible. Il comprend 62 pages au format pdf et vous pouvez le télécharger ici, HOMMES |
LE LIVRE JAUNEAprès la nationalisation des Charbonnages de France en 1946, l'E.D.F. devient le gestionnaire du site de Ronchamp avec l'exploitation du charbon et la centrale électrique thermique où la direction est assurée par un Comité de gestion. Rapidement on commence à parler de licenciements et de fermeture de la mine. Dès 1948, un Comité de Défense va se mettre en place sous la présidence d'Alphonse PHEULPIN, alors Maire, Conseiller Général et délégué mineur depuis 1929. En mai 1954, ce Comité de Défense publie le « Livre Jaune » pour le maintien en activité de la mine et de la centrale thermique. C'est un document sans concession où tout le monde en prend pour son grade. Ce document est disponible ici au format pdf : LIVRE JAUNE |
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